1914 année tragique pour la Russie des Tsars : tout commence dans les Balkans

En 2014, on commémorera officiellement en France et en Russie, le centième anniversaire de la Grande guerre qui a mis le feu à l’Europe et au reste du Monde, pendant quatre années. Cette guerre fratricide qui allait conduire le continent à sa ruine est déclarée le 1er août, mais très vite elle s’étend au monde entier entraînant un changement de civilisation à plus ou moins brève échéance. Comme ce fut le cas en Russie où cette catastrophe allait faire disparaître la Sainte Russie pendant sept décennies. En France aussi, comme dans le reste de l’Europe, rien ne sera plus comme avant. Tout allait commencer, le 28 juin 1914, au centre de l’Europe, lorsque l’archiduc François-Ferdinand d’Autriche, héritier de la couronne austro-Hongroise, se trouve à Sarajevo, en Bosnie-Herzégovine, pour participer à des manœuvres.

La Bosnie-Herzegovine, possession turque, dont l’administration avait été confiée en 1878 par le traité de Berlin à l’empire austro-hongrois, avait été annexé par celui-ci en 1908, contre les stipulations du traité de Berlin, provoquant ainsi la colère des Serbes, et le mécontentement de l’Empire russe qui se considérait comme le protecteur des Slaves d’Europe. Cependant cette crise était resté sans suite, la Russie n’ayant pas les moyens d’une riposte militaire après sa défaite face au japon et ne bénéficiant pas non plus du soutien de la République française, ni de celui du Royaume uni.

Avant de rentrer à Vienne, l’Archiduc et son épouse vont être assassinés par Gavrillo Prinzip, un jeune terroriste, slavophile de 19 ans, se réclamant nationaliste yougoslave. En 1911, il avait adhéré à un club de jeunesse d’union des peuples, anti-national et anti-clérical, puis rejoint la société « Jeune Bosnie » (Mlada Bosna), une société, manipulée et armée par l’organisation « L’Union ou la Mort », plus connue sous le nom que lui ont donné ses adversaires : « La Main Noire ». Tout de suite, les autorités autrichiennes vont soupçonner la Serbie d’être à l’origine de l’attentat. Mais le procès du jeune terroriste démontrera pourtant qu’il n’en était rien. En effet, le jeune assassin et ses complices avaient été manipulés par des nationalistes extrémistes panslaves. Il s’avéra aussi que le mobile du crime ait été l’élimination de l’héritier du trône autrichien, dont les sentiments slavophiles et les projets fédéralistes, risquaient de contrecarrer leurs ambitions. L’Archiduc était en effet, trop favorable à une collaboration pacifique entre les diverses races d’Europe centrale et du Nord des Balkans. Ce que voulaient absolument éviter ces extrémistes slavophiles. Comme l’ont fait en leur temps, les révolutionnaires socialistes qui avaient assassiné Alexandre II, un autre réformiste qui avait eu le culot de vouloir donner une constitution à la Russie. Ou ceux qui assassinèrent Piotr Stolypine, le ministre de Nicolas II, dont les réformes autoritaires auraient certainement évité le naufrage de 1917.

En assassinant l’archiduc réformateur, dans le dos de la couronne serbe, les apprentis sorciers slavophiles n’avaient certainement pas envisagé les conséquences de leur geste criminel. Mais il est trop tard, le feu commence à prendre en Europe et les évènements se précipitent à la faveur de la lâcheté de Nicolas Pachtich, Premier ministre serbe particulièrement dénué de scrupules, dont la politique, à travers ses ruses et ses trahisons, n’aura été que d’assurer sa propre pérennité à la tête du gouvernement serbe. Ce personnage s’est allié aux pires extrémistes panslaves, au détriment de ses compatriotes, pour construire une Yougoslavie sur les décombres de l’empire autrichien. Prévenu des projets d’attentat, il n’a pas informé le régent Alexandre, ni tenté de faire avorter le complot, de peur d’être lui-même victime de « La Main noire ». Il s’est contenté d’en informer la cour autrichienne, par l’intermédiaire de son ambassadeur à Vienne, Bilinski, ennemi personnel de l’archiduc François-Ferdinand, qui se garda bien de divulguer l’information.

La réaction autrichienne tarde à se manifester, bien que les autorités aient tout de suite pensé à donner une bonne leçon à la Serbie pour calmer ses ardeurs expansionnistes. Le jeudi 23 juillet, après concertation avec l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie lance un ultimatum en dix points à la Serbie, dans lequel elle exige que les autorités autrichiennes puissent aller enquêter en Serbie, requérant une acceptation dans les quarante-huit heures. Soucieux de paix, le régent accepte tous les points, sauf celui de recevoir des enquêteurs autrichiens. Devant son refus, le mardi 28 juillet, l’Autriche déclare la guerre à la Serbie. Le 30 la Russie, alliée de la Serbie, décrète la mobilisation générale alors que les hostilités ont déjà commencé entre l’Autriche et la Serbie. Devant la provocation de la Russie, le gouvernement allemand décrète à son tour la mobilisation. Le vendredi 31, l’Allemagne adresse un ultimatum à la Russie. Le 6, c’est l’Autriche qui déclare la guerre à la Russie et le 7, les hostilités deviennent générales.