Algérie : et de 4 pour Bouteflika, réélu par les Algériens qui lui font confiance pour ne pas être les prochains sur la liste, après l’Irak, la Libye et la Syrie…

Les Algériens étaient appelés à élire un nouveau président parmi six candidats, dans un climat de tension palpable. En effet, plusieurs incidents ont été constatés durant la journée, dans plusieurs villes du pays, lorsque des groupes de jeunes Algériens ont saccagé des bureaux de vote, notamment au sud‑est d’Alger. Des affrontements violents, faisant quelques blessés, ont même eu lieu avec les forces de l’ordre. Ces troubles, liés aux élections, se sont également exportés en France, où vivent plus de cinq millions d’Algériens, selon l’Association internationale de la diaspora algérienne. Des heurts ont éclaté la semaine dernière à Barbès entre partisans de Bouteflika et musulmans intégristes.

A 77 ans, le chef de l’Etat algérien sortant, Abdelaziz Bouteflika, a donc remporté son quatrième mandat présidentiel avec près de 81,53%. Soit 8 332 598 voix, pour un taux de participation relativement faible de 51,7%. Un résultat presque comparable à celui de Jacques Chirac en 2002, qui avait obtenu 82,21%. Le challenger de Bouteflika, Ali Benflis, favori des chaînes de télévision française, a cependant refusé de reconnaître cette victoire, parlant même de fraude massive sans en apporter toutefois la moindre preuve. Malheureusement pour lui, les observateurs occidentaux, dépêchés sur place, ont validé et reconnu une tenue des élections impeccables, ne souffrant d’aucune contestation possible. Visiblement en Algérie, avoir le soutient de l’étranger ne suffit donc pas comme en France, à remporter les élections. Et cela malgré que l’image du vieil homme allant voter en fauteuil roulant, ait fait le tour des télévisions occidentales.
Certains Algériens interrogés par la presse française ont déclaré que s’ils reconnaissaient, que comme dans la plupart des pays, la situation était loin d’être parfaite, la réalité était cependant aux antipodes des images véhiculées en Europe. Face aux critiques et aux suspicions de corruptions, d’autres Algériens reconnaissent qu’à choisir entre les intégristes musulmans et l’actuel président, il vaut mieux que ce soit ce dernier, même à moitié impotent. Mais contrairement aux mythes largement répandus, à dessein, dans les médias occidentaux, la majorité d’entre eux déclarent se sentir libres. Libre de critiquer, de travailler (enfin quand il y a du travail), d’entreprendre ou d’aller où ils veulent. D’autres enfin ont choisi l’abstention qui, comme en France, devient d’ailleurs le principal moyen d’opposition lors des élections.

Pour la Russie, la récente élection présidentielle en Algérie a démontré la stabilité du système politique du pays. Cette victoire du chef d’état sortant garantit la continuation des relations mutuellement avantageuses entre les deux pays. Dans une grande mesure, l’Algérie a réussi à éviter les conséquences néfastes du pseudo «printemps arabe», qui comme on le sait maintenant, a été orchestré par l’Occident et a surtout contribué à déstabiliser ses voisins arabes, la région au sud du Sahara et le Moyen-Orient. Les enseignements de la guerre civile de 1992-1999 ont visiblement été retenus par les dirigeants de l’Algérie qui ont su s’appuyer sur des forces d’autodéfenses et sur une société civile responsable afin d’éviter que ne se répètent, des crises politiques meurtrières ne menant qu’au chaos. A la différence de ses voisins, pendant la guerre civile en Algérie, les pertes des islamistes étaient colossales et n’ont pas permis à ces derniers d’agir pendant la période du «printemps arabe».

Le pouvoir algérien a compris qu’il avait échappé de peu, au jeu de dupes occidental. Mais il n’a obtenu qu’un répit inespéré car selon les plans de reconfiguration régionale, mis en branle par Washington et ses alliés, l’Algérie n’a pas vocation à demeurer le seul îlot de stabilité dans la région. Le changement de régime devait s’opérer de la même manière et permettre une transition rapide sous le giron occidental ou la partition du pays.
L’opération française au Mali et l’établissement d’une base militaire américaine en Tunisie, à proximité de la frontière, rappellent au pouvoir algérien que la souveraineté nationale, dépend plus de l’équilibre des rapports de force, que du respect du Droit international ou des règles diplomatiques. Surtout avec des nations qui ne s’en servent que pour tenter de légitimer leurs politiques néo-colonialistes.
Alors si la France en a assez de payer son gaz trop cher, pourquoi ne se cherche-t-elle pas d’autres partenaires ? Et pourquoi pas un partenaire russe ?

La reconduction du pouvoir sortant, en Algérie, garantit donc la stabilité du pays dans un environnement chaotique.
Elle a aussi consolidé la poursuite des relations interétatiques, qui existent entre l’Algérie et la Russie, notamment du point de vue économique et commercial.
Ce rapprochement avec la Russie, dont la politique indépendante remporte de plus en plus de respect en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, est sans doute l’une des principales raisons pour laquelle les autorités algériennes sont depuis quelques années, de plus en plus mal considérées, par les capitales occidentales.