Dernière trouvaille d’Arnaud Montebourg : Après la Marinière, la mine de rien, sacré Arnaud !

Devant la chute de popularité du président Hollande et des membres du gouvernement, certains commentateurs estimaient que les ministres finiraient par creuser et trouveraient certainement du pétrole. Il y en a au moins un que la boutade a inspiré et qui semble l’avoir pris au mot, comme un défi. C’est Arnaud Montebourg, le ministre du redressement productif, et donc de la réindustrialisation du pays, qui vient d’annoncer la création d’une compagnie minière publique qui verra le jour dans les prochains mois. Son but serait de reprendre des prospections abandonnées jusqu’à présent et d’en découvrir de nouvelles en vue d’assurer l’indépendance de l’approvisionnement de la France, en matières premières. Une déclaration pour le moins volontariste et originale mais qui ne parvient pas à escamoter la totale dépendance du pays dans le domaine, du fait de l’abandon justement dans les années 90, Union Européenne oblige, des structures d’exploitation.

Mais la France se réserve uniquement les travaux d’exploration et de prospection. L’exploitation minière, proprement dite, ne se fera que par l’intermédiaire de joint-venture, réalisée avec des entreprises du secteur, voir avec d’autres gouvernements de pays étrangers. On assiste donc à une prospection publique qui cèdera l’exploitation des sites à des entreprises privées qui dicteront leurs lois, comme elles le font déjà dans d’autres domaines, sans tenir compte des nécessités des Etats concernés. Série de coïncidences humanitaires heureuses, la nouvelle société devra se développer hors de France dans les prochains mois, via des filiales, notamment pour répondre aux requêtes d’États africains que l’actualité a justement rapproché de Paris, comme la Côte d’ivoire, le Mali, le Niger ou la République Centrafricaine. Bien évidemment ce sont leurs nouveaux dirigeants qui ont demandé avec insistance à la France de se porter candidat à l’exploitation d’un certain nombre de ressources minières locales. Plus c’est gros plus cela passe.

Le pillage des ressources du continent africain continue donc, au nom de l’opposition à la politique chinoise, pourtant en tout point identique mais peut-être moins hypocrite. Notamment dans la guerre économique autour des terres rares dont les minerais comme le coltan ou le lithium rentrent dans la composition des éléments des nouvelles technologies de pointe, à l’origine de nombreux conflits actuels et à venir et responsables du massacre et des déplacements de populations civiles. L’interrogation qui subsiste est de savoir au final à qui profitera ce pillage. Certainement pas aux Etats qui voient leurs pouvoirs de décisions se réduire comme peau de chagrin. Mais bien plutôt aux firmes internationales qui dominent le commerce international et imposent leurs diktats par le biais des organisations internationales.  Ainsi, l’exploitation des sols français et des territoires d’outre-mer ne sera pas assurée comme auparavant par des entreprises stratégiques françaises mais peut-être par des multinationales anglo-saxonnes. Une autre manière de voir disparaître les richesses nationales dans des fonds de pension étrangers et des obligations volatiles. Ces mêmes obligations seront ensuite revendues à des actionnaires français au profit d’une même oligarchie ploutocratique. C’est exactement ce que l’époque du chaos libérale russe a tenté d’imposer à la Russie et à son peuple.

Arnaud Montebourg n’a pas rechigné à accepter la comparaison de cette entreprises publique avec les grandes compagnies françaises ou les manufactures royales qui ont été mises en place au 17ème siècle par Colbert, le responsable des finances sous le règne de Louis XIV. Promoteur du mercantilisme, il n’avait pour but que de remplir les caisses du royaume et professait l’intervention sans complexe de l’État dans l’économie mais de manière temporaire. L’État devant impulser, stimuler, prévoir, organiser pour favoriser le développement économique du pays. Pour ce grand personnage, le commerce est une guerre de l’argent. On pourrait penser qu’Arnaud Montebourg a eu au moins le mérite de la clairvoyance en s’inspirant des grands hommes, mais la comparaison s’arrête là. Car si le pouvoir est bien centralisé, il ne réside plus à Versailles mais à Bruxelles et à Washington. Quant à la marge de manoeuvre de l’Etat, elle est quasi nulle, comme le ministre du redressement productif en a fait l’amère expérience, dans les divers dossiers qu’il a eu à gérer jusqu’à présent.

Dans un échange avec Mazarin, Colbert s’interrogeait sur la façon de trouver de l’argent quand on est déjà endetté jusqu’au cou. Le cardinal lui a alors répondu, je cite :  » Quand on est un simple mortel, bien sûr, et qu’on est couvert de dettes, on va en prison. Mais l’État…, lui, c’est différent. On ne peut pas jeter l’État en prison. Alors, il continue, il creuse la dette ! Tous les États font ça ». Le problème ne date donc pas d’hier, il n’est pas nouveau. Alors, peut-être serait-il plus judicieux aujourd’hui, de revoir et d’étudier l’histoire que de s’appuyer exclusivement sur les ouvrages d’économie. Quoi qu’il en soit, l’Etat demeure encore et toujours, la meilleure protection des peuples.