Discours de Vladimir Poutine à la Fédération sur la Crimée et Sébastopol

Bonjour, chers membres du Conseil de la Fédération, députés de la Douma !
Chers représentants de la République de Crimée et de Sébastopol, ils sont ici même parmi nous.
Cher citoyens russes et habitants de la Crimée et de Sébastopol !

Chers amis, nous nous sommes réunis aujourd’hui autour d’un sujet qui a une importance vitale et historique pour nous tous. Un référendum a eu lieu en Crimée le 16 mars, il s’était déroulé en pleine conformité avec les procédures démocratiques et les normes juridiques internationales. Plus de 82 pour cent des électeurs ont participé au vote. Plus de 96 pour cent ont voté en faveur de la réunification avec la Russie. Les chiffres sont extrêmement convaincants.
Pour comprendre pourquoi la population a fait ce choix, il suffit de connaître l’histoire de la Crimée. De savoir ce que signifiait et signifie la Russie pour la Crimée et la Crimée pour la Russie.

Toute la Crimée est littéralement imprégnée par notre histoire et fierté commune. Ici repose l’ancienne Chersonèse, où Saint-Vladimir fut baptisé. Son exploit spirituel – son baptême orthodoxe – a prédéterminé les notions de base de la culture, des valeurs et de la civilisation des peuples Russes, Ukrainiens et Biélorusses. En Crimée reposent les soldats russes, grâce au courage desquels la Crimée a été incorporé à l’État Russe en 1783. La Crimée, c’est Sébastopol, une ville légende, une ville d’un grand destin, une ville forteresse et la patrie de la flotte russe de la mer Noire. La Crimée c’est Balaklava et Kertch, le kourgane de Malakoff et le Mont-Sapun. Chacun de ces lieux est saint pour nous, ce sont des symboles de la gloire militaire russe et de vaillance sans précédent.

La Crimée est un alliage unique de cultures et de traditions de différentes nations. Et en cela il ressemble à la grande Russie, où des siècles durant, n’a pas disparu et ne s’est pas dissout un seul groupe ethnique. Les Russes, ukrainiens, tatars et les représentants d’autres peuples vivaient et travaillaient proches les uns des autres sur les terres de la Crimée, tout en conservant leur identité, leurs traditions, leur langue et leur religion.
Par ailleurs aujourd’hui, des 2,2 millions d’habitants de la presqu’île de Crimée, un demi-million sont russes, 350 mille sont ukrainiens qui, pour la plupart, considèrent leur langue maternelle comme étant le russe et environ 290-300 mille sont tatars, dont une part importante, comme en témoigne le référendum, sont orientés sur la Russie.
Oui, il y a eu une période durant laquelle avait été commise une cruelle injustice envers les tatars de Crimée, ainsi qu’envers certains autres peuples de l’UNION soviétique. Je vais vous dire une chose : la répression a affecté des millions de personnes de nationalités différentes et avant tout, bien sûr, le peuple russe. Les tatars de Crimée ont regagné leurs terres. Je crois toutes les décisions politiques et législatives nécessaires devraient être prises, pour que le processus de réhabilitation du peuple Tatar de Crimée restaure leurs droits et leur bonne réputation dans leur intégralité.

Nous respectons les gens de toutes les nationalités qui vivent en Crimée. C’est leur maison commune, leur patrie et ce serait correct si en Crimée – je sais que les habitants de Crimée seraient d’accord là-dessus – il y aura trois langues officielles : le russe, l’ukrainien et le tatar.

Chers collègues ! Dans le cœur et la conscience du peuple, la Crimée a toujours été et reste une partie intégrante de la Russie. Cette conviction, fondée sur la vérité et la justice était inébranlable, elle se transmettait de génération en génération, devant elle furent impuissants le temps, les circonstances et tous les bouleversements dramatiques que nous avons vécus, qu’a vécu notre pays tout au long du XXe siècle. Après la révolution, les bolcheviks ont pour diverses raisons inclut à la république d’Ukraine d’importants territoires historiques du sud de la Russie, que Dieu leur soit le juge. Cela a été fait sans prise en compte de la composition ethnique de la population, et aujourd’hui ce sont les terres du sud-est de l’Ukraine. En 1954 a suivie la décision de transférer dans son état la région de la Crimée, ainsi que Sébastopol, alors qu’il était sous le gouvernement fédéral. L’initiateur de cette décision a été le chef du parti communiste de l’Union soviétique Nikita Khrouchtchev. Qu’est ce qui le guidait – le désir d’obtenir le soutien de l’Ukraine ou faire amende honorable pour avoir organisé des répressions massives en Ukraine dans les années 30 – c’est aux historiens d’en décider.

Pour nous l’important est ailleurs : cette décision avait été prise avec des violations manifestes des normes constitutionnelles alors en vigueur. Elle avait été décidée dans les couloirs. Il est évident que dans L’Etat totalitaire personne n’a demandé quoi que ce soit aux habitants de la Crimée et de Sébastopol. Ils ont juste été mis devant le fait. Les gens de l’époque se sont bien sûr posé la question, pourquoi la Crimée est-elle soudainement devenue une partie de l’Ukraine. Mais en gros, il faut le dire et nous le comprenons tous, cette décision était considérée comme étant une formalité. Les répartitions des territoires changeaient simplement au sein d’un seul grand pays. C’était tout simplement impossible, d’imaginer à cette époque, que l’Ukraine et la Russie puissent ne pas être ensemble, qu’ils puissent être des États différents. Mais c’est arrivé. Ce qui semblait inconcevable, malheureusement, est devenu une réalité. L’Union soviétique s’est effondrée. Les événements ont évolué tellement vite que peu de gens comprirent le drame qui s’était produit, ainsi que les conséquences. Beaucoup de gens en Russie, en Ukraine et autres républiques avaient espéré que la Communauté des Etats indépendants deviendra une nouvelle forme d’Etat. Après tout, il leur avait été promis une monnaie commune, un espace économique commun et une force armée commune, mais ce furent que des promesses. Et quand la Crimée s’est soudain retrouvée dans un autre État, la Russie a senti qu’elle n’a pas juste été volé, mais dépossédée.

Cependant, nous devons franchement admettre que la Russie elle-même a contribué à l’effondrement de l’Union soviétique en exécutant le défilé des souverainetés. Lors de la dissolution de l’Union soviétique, ont été oubliés et la Crimée, et la principale base de la flotte de la mer Noire – Sébastopol. Des millions de russes se sont couché dans un pays et se sont réveillé à l’étranger, où ils sont devenus des minorités dans les anciennes républiques soviétiques. Le peuple russe est devenu l’un des plus grands, sinon le plus grand peuple divisé dans le monde.

Aujourd’hui, après toutes ces années, j’entends les habitants de Crimée dire qu’en 1991, ils ont été passés de main en main comme un vulgaire sac de pommes de terre. Il est difficile d’être en désaccord avec cela. La Russie, qu’a-t-elle fait ? Elle a baissé sa tête et a accepté, elle a avalé cette offense. Notre pays était alors dans un état si grave, qu’il ne pouvait simplement pas protéger efficacement ses intérêts. Mais le peuple ne pouvait accepter cette injustice flagrante de l’histoire. Toutes ces années les citoyens et les figures publiques soulevaient à plusieurs reprises le sujet, en affirmant que la Crimée est une terre russe et que la ville de Sébastopol l’est également. Oui, tout cela nous le savions, nous le sentions avec le cœur et l’âme, mais il était nécessaire désormais d’établir des relations de bon voisinage avec l’Ukraine indépendante. Nos relations avec l’Ukraine, ainsi qu’avec le peuple fraternel d’Ukraine ont été, le sont toujours et le seront toujours pour nous, sans exagération, essentiels et principaux.

Aujourd’hui nous pouvons parler ouvertement, je veux partager avec vous les détails des négociations qui ont eu lieu au début des années 2000. A ce moment, le Président ukrainien Koutchma m’a demandé d’accélérer le processus de délimitation de la frontière russo-ukrainienne. Jusqu’alors ce processus ne bougeait presque pas. La Russie semblait avoir reconnu la Crimée comme partie intégrante de l’Ukraine, mais les négociations sur la délimitation de la frontière n’avaient pas eu lieu. Comprenant toute la complexité de ce processus, j’avais quand même immédiatement donné l’ordre aux organes compétents d’intensifier ce travail, le travail sur l’établissement des frontières, pour que ce soit clair pour tout le monde : en acceptant la délimitation, nous acceptions juridiquement et de par le fait que la Crimée est une partie de l’Ukraine, ainsi fermant définitivement la question.

Nous sommes allés à la rencontre de l’Ukraine pas seulement en ce qui concerne la Crimée, mais aussi sur un sujet aussi complexe qu’est la délimitation de la mer d’Azov et du détroit de Kertch. Sur quoi nous nous basions alors ? Nous supposions alors que les bonnes relations avec l’Ukraine étaient ce qui puisse être de plus important pour nous, nous ne voulions pas que les interminables questions des frontières mettent nos relations en otage. Mais alors, nous espérions que l’Ukraine soit notre bon voisin, que les russes et les citoyens russophones de l’Ukraine, notamment dans le sud-est et en Crimée, vivront dans un État amical, démocratique et civilisé, que leurs intérêts légitimes seront garantis conformément aux règles du droit international.

Toutefois, la situation a évolué de façon différente. A plusieurs reprises ont été menés des actions pour déposséder les russes de leur mémoire historique, et même leur langue maternelle, pour les forcer de s’assimiler. Et bien sûr, les russes tout comme les autres citoyens de l’Ukraine souffraient de façon continue à cause des crises politiques et gouvernementales permanentes, qui secouent l’Ukraine déjà plus de 20 ans.

Je comprends pourquoi les citoyens d’Ukraine voulaient des changements. Après toutes les années d’indépendance, ils en ont eu marre des politiciens au pouvoir. Plusieurs présidents se sont succédés, plusieurs premiers ministres, députés de la Rada, mais l’attitude à l’égard de leur pays et de leur peuple n’a pas changé. Ils faisaient que « traire » l’Ukraine, se battaient entre eux pour le pouvoir, les actifs et les flux financiers. Ceux qui furent au pouvoir étaient peu intéressés avec quoi et comment les gens ordinaires vivent, ainsi que pourquoi des millions de citoyens ukrainiens ne voient pas de perspectives à rester dans le pays et sont alors forcés de partir à l’étranger pour du travail mal payé. Je tiens à souligner, pas dans une sorte de Silicon Valley, mais pour du travail mal payé. Rien qu’en Russie l’an dernier, ils étaient près de 3 millions. Selon certaines estimations, le montant de leurs gains au cours de l’année 2013 en Russie s’élevait à plus de 20 milliards de dollars, c’est environ 12 % du PIB de l’Ukraine.

Je me répète, je comprends parfaitement ceux qui sont sortis sur la place Maïdan avec des slogans qui demandaient la paix, qui dénonçaient la corruption, la mauvaise gouvernance, la pauvreté. Le droit de manifester pacifiquement, les procédures démocratiques et les élections existent justement pour changer le pouvoir qui ne convient pas à la population. Mais ceux qui étaient derrière les récents événements en Ukraine avaient d’autres buts : ils préparaient un coup d’État, prévu pour s’emparer du pouvoir, sans s’arrêter devant rien. Ont été mis en exécution la terreur, les meurtres et les pogroms. Les organisateurs principaux du coup d’État furent des nationalistes, des néo-nazis, des russophobes et des antisémites. C’est eux qui déterminent en grande partie, encore aujourd’hui, la vie en Ukraine.
La première chose que le soi-disant nouveau « pouvoir » a fait, fut un projet de loi sur la révision de la politique linguistique qui atteint directement les droits des minorités nationales. Il est vrai que les sponsors étrangers des « politiciens » d’aujourd’hui, les parrains du « pouvoir » actuel, ont réprimé cette initiative. Ces gens sont intelligents, nous devons leur rendre hommage, ils savent ce à quoi mèneront les tentatives de construction d’un État ukrainien ethniquement pur. Le projet de loi a été mis de côté, mais reste en réserve. Le fait de son existence est actuellement maintenu sous silence dans espoir que la mémoire humaine est courte. Mais ce que comptent faire les héritiers idéologiques de Bandera, sbire d’Hitler durant la Seconde guerre mondiale est déjà parfaitement clair.

Il est également clair que le pouvoir exécutif légitime en Ukraine n’existe toujours pas, il n’y a personne avec qui il est possible de parler. De nombreux organes de l’Etat sont usurpés par des imposteurs qui ne contrôlent rien et je tiens à souligner, sont souvent eux-mêmes sous le contrôle des radicaux. La réception de certains ministres du gouvernement actuel est possible qu’avec la permission des combattants du Maïdan. Ce n’est pas une blague, c’est une réalité de la vie d’aujourd’hui.

Ceux qui résistaient au putsch ont immédiatement commencé à affronter des répressions et des opérations punitives. Et en première ligne a été bien évidemment la Crimée, une Crimée russophone. C’est pourquoi les habitants de la Crimée et de Sébastopol ont fait appel à la Russie, pour défendre leurs droits et leur vie, pour qu’on leur aide à éviter ce qui se déroule à Kiev, Donetsk, Kharkov et d’autres villes d’Ukraine.
Evidemment, nous ne pouvions pas renier leur demande, en laissant les habitants de la Crimée en grande difficulté, ça aurait été un simple acte de trahison.

Il fallait avant tout leur aider à créer les conditions nécessaires pour que les habitants de la Crimée puissent exprimer leur volonté de façon pacifique quant à leur sort et ce pour la première fois de leur vie. Cependant, qu’est ce que nous entendons aujourd’hui de nos collègues d’Europe occidentale et de l’Amérique du Nord ? On nous dit que nous avons enfreint le droit international. Tout d’abord, il est bon de savoir qu’ils se souviennent encore de l’existence du droit international et pour cela nous leur sommes reconnaissants, mieux vaut tard que jamais.

Et, d’autre part, la chose la plus importante : qu’avons-nous enfreint ? Oui, le Président de la Fédération de Russie a reçu de la chambre haute du Parlement, le droit d’utiliser les forces militaires en l’Ukraine. Mais ce droit, strictement parlant, n’a pas encore été utilisé. Les forces militaires russes ne sont pas rentrés en Crimée, ils étaient déjà là, conformément au traité international. Oui, nous avons renforcé nos troupes, mais -je tiens à le souligner pour que tout le monde le sache et l’entende- nous n’avons même pas dépassé le nombre de postes autorisés à nos forces militaires en Crimée, à savoir 25 000 personnes, ce n’était tout simplement pas nécessaire.

Ensuite. En annonçant son indépendance et en préparant un référendum, le Conseil suprême de Crimée s’était basé sur la Charte de l’ONU, qui mentionne le droit du peuple à l’autodétermination. D’ailleurs l’Ukraine, je voudrais le rappeler, a fait exactement pareil quand elle a annoncé sa rupture avec l’URSS. L’Ukraine a profité de ce droit mais les habitants de la Crimée ne le peuvent pas. Pourquoi ?

En outre, les autorités de Crimée ont compté sur le précédent du Kosovo Un précédent que nos partenaires occidentaux ont créé eux-mêmes, comme on dit, avec leurs propres mains. Dans une situation absolument analogique à la Crimée, ils ont reconnu la séparation du Kosovo de la Serbie légitime, prouvant à tous qu’il faut aucune autorisation des autorités du pays pour une déclaration unilatérale d’indépendance. La Cour internationale de justice sur la base du paragraphe 2 de l’article premier de la Charte des Nations Unies a accepté cela et dans sa décision datée du 22 juillet 2010 a noté la chose suivante, je cite : «qu’aucune interdiction générale des déclarations unilatérales d’indépendance ne saurait être déduite de la pratique du Conseil de sécurité, » et plus loin : «La Cour estime que le droit international général ne comporte aucune interdiction applicable des déclarations d’indépendance ». Tout est clair, comme on dit.

Je n’aime pas me référer aux citations, mais je ne peux pas ne pas citer encore un extrait d’un document officiel, il s’agit cette fois d’un mémorandum des États-Unis du 17 avril 2009, présenté à la Cour internationale de justice dans le cadre des auditions sur le Kosovo. Voilà ce qu’y est dit: “les déclarations d’indépendance peuvent, et cela arrive souvent, enfreindre la législation interne. Toutefois, cela ne signifie pas qu’il y a une violation du droit international.” Fin de citation. Ils l’ont eux-mêmes écrit, l’ont déclaré au monde entier, ont eu tout le monde, et maintenant ils s’indignent. Mais de quoi ? Après tout, les actions des habitants de Crimée respectent bien cette instruction. Pour une certaine raison, ce qu’est autorisé aux albanais du Kosovo (et nous les traitons avec respect), est interdit aux russes, ukrainiens et aux tatars en Crimée. Encore une fois, la question du « Pourquoi ? » se pose.

Nous entendons dire les États-Unis d’Amérique et l’Europe, que le Kosovo est un cas particulier. En quoi donc, d’après nos collègues, est son unicité ? Il s’avère que c’est dû au fait que durant le conflit de Kosovo il y a eu de nombreuses victimes. Est-ce un argument juridique ou bien ? Dans la décision de la Cour internationale de Justice, rien n’est dit à ce propos. Et puis, vous savez, ce ne sont même plus des doubles standards. C’est un cynisme incroyablement primitif et linéaire. Il ne faut pas tout adapter à ses centres d’intérêt aussi brutalement, appeler le même sujet aujourd’hui blanc et demain noir. Il s’avère, que l’on doit laisser tous les conflits arriver au stade de pertes de vies humaines ? ou bien ?
Je vous le dit franchement : si les forces d’autodéfense locales en Crimée n’auraient pas pris le contrôle de la situation, il aurait pu y avoir des victimes. Dieu merci, cela n’est pas arrivé ! En Crimée, il n’y a eu aucun affrontement armé et aucune victime. Qu’en pensez-vous, pourquoi ? La réponse est simple : parce guerroyer contre le peuple et sa volonté est difficile, voire presque impossible. Et, à cet égard, je tiens à remercier les militaires ukrainiens, ce qui fait un contingent considérable de 22 000 personnes avec armement complet. Je tiens à remercier les militaires qui ne sont pas allé jusqu’à l’effusion de sang et ne se sont pas taché de sang.

À cet égard, évidemment, surgissent d’autres pensées. On nous parle à propos d’une intervention russe en Crimée, à propos d’une agression. C’est étrange d’entendre cela. Je ne me souviens d’aucun cas d’intervention dans l’histoire qui se serait passé sans un seul coup de feu et sans aucune perte de vie humaine.

Chers collègues ! La situation autour de l’Ukraine reflète comme dans un miroir ce qui se passe maintenant, ainsi que ce qui se passait durant ces dernières décennies dans le monde. Après la disparition du système bipolaire la stabilité a disparue. Les principales institutions internationales ne se renforcent plus et malheureusement se dégradent. Nos partenaires occidentaux, avec les États-Unis d’Amérique en tête, préfèrent dans leur pratique politique être guidés non pas par le droit international mais la loi du plus fort. Ils croient en leur exclusivité et exceptionnalité, qu’ils peuvent seuls décider des destinés du monde, qu’eux seuls peuvent avoir raison. Ils agissent comme ils l’entendent : ils emploient ici et là des forces contre des États souverains, établissent des coalitions sur le principe « celui qui n’est pas avec nous est contre nous ». Pour donner l’apparence de légitimité à leurs agressions, ils forcent les organisations internationales à émettre des résolutions qui leur sont favorables, et si pour une raison quelconque, cela ne fonctionne pas, ils ignorent le Conseil de sécurité de l’ONU et l’Organisation des Nations Unies dans leur ensemble.

C’est ce qui s’était passé en Yougoslavie, nous nous en souvenons très bien de l’année 1999. C’était difficile à croire, je n’arrivais pas à croire mes yeux, mais à la fin du XXe siècle, l’une des capitales européennes – Belgrade – pendant plusieurs semaines a été frappée à coup de missiles et de bombes, et ensuite s’en est suivie une vraie intervention. Est-ce qu’il y a eu une résolution du Conseil de sécurité à ce propos, qui aurait autorisé ce genre d’actions ? Rien de tel. Et puis il y a eu l’Afghanistan, l’Iraq et les violations pures et simples des résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies sur la Libye, où, au lieu de la création d’une zone d’exclusion de vol ont débuté les bombardements.
Il y a eu toute une série de « révolutions de couleur » contrôlées. Il est clair que les gens de ces pays, où ces événements ont eu lieu, étaient fatigués de la tyrannie, de la pauvreté et du manque de perspectives, mais ces sentiments ont juste été cyniquement utilisés. Ces pays se sont fait imposer des normes qui ne furent pas conformes à leur mode de vie, leurs traditions et leur culture. Ainsi, au lieu de la démocratie et de la liberté on voit que le chaos, des explosions de violence et une succession de coups d’État. Le « printemps arabe » s’est changé en « hiver arabe ». Un scénario similaire a été mis en place en Ukraine. En 2004, pour faire gagner le bon candidat à l’élection présidentielle, un troisième tour a été inventé, qui n’était pas prévu par la loi. C’est une absurdité et une moquerie absolue de la Constitution. Et maintenant c’est une bande d’hommes armés, soigneusement préparés et équipés qui sont lancés dans l’action.

Nous comprenons ce qui se passe, nous comprenons que ces actions étaient dirigées contre l’Ukraine, la Russie et l’intégration de l’espace Eurasiatique. Et ce, à un moment où la Russie cherchait sincèrement à engager un dialogue avec ses collègues de l’Ouest. Nous proposions la coopération sur toutes les questions clés, nous voulions renforcer le niveau de confiance, nous voulions que nos relations soient égales, ouvertes et honnêtes. Mais nous ne voyions pas de volonté réciproque.

Au lieu de cela, on nous ment de façon répété, on prend des décisions derrière notre dos, on nous met devant des faits accomplis. C’est ce qui est arrivé avec l’élargissement de l’OTAN à l’est, avec la mise en place d’une infrastructure militaire à nos frontières. On nous affirmait à chaque reprise : « Eh bien, cela ne vous concerne pas ». C’est facile de dire, que ça ne nous concerne pas.

Ce fut pareil avec le déploiement des systèmes de défense antimissile balistique. Malgré nos craintes, la machine est en marche. Ce fut pareil avec négociations interminables sur les problèmes de visa, avec les promesses d’une concurrence loyale et l’accès libre aux marchés mondiaux.

Aujourd’hui on nous menace par des sanctions, mais nous vivons déjà sous une variété de restrictions qui sont très notables pour nous, pour notre économie, pour notre pays. Par exemple, pendant la guerre froide les États-Unis et par la suite d’autres pays ont interdit d’exporter en URSS un grand éventail de technologies et d’équipements. Aujourd’hui ces interdictions sont officiellement annulées, mais en réalité, un bon nombre de restrictions sont encore en vigueur.

En bref, nous avons toutes les raisons de croire que la politique d’endiguement envers la Russie, qui a été réalisée dans les XVIIIe, XIXe et XXe siècles se poursuit encore aujourd’hui. On essaye constamment de nous mettre dans un coin reclus, parce que nous avons une position indépendante que l’on défend, parce qu’on appelle les choses par leur nom et parce que nous ne faisons pas les hypocrites. Mais tout a des limites. Dans le cas de l’Ukraine nos partenaires occidentaux ont franchi la ligne rouge, ils se sont conduits grossièrement, de façon irresponsable et non professionnelle.

Ils savaient pertinemment qu’en Ukraine et en Crimée vivent des millions de russes. A quel point faut-il perdre l’instinct politique et le sens des proportions, pour ne pas être capable d’anticiper toutes les conséquences de leurs actions. La Russie s’est retrouvée dans une situation où elle ne pouvait plus reculer. Si un ressort est serré jusqu’à ses limites, un jour il se desserra avec force. Nous devons toujours nous souvenir cela.
Aujourd’hui, il est nécessaire d’arrêter l’hystérie, d’abandonner la rhétorique de guerre froide et de reconnaître la chose la plus évidente : la Russie est un membre actif et indépendant dans la vie internationale, elle possède tout comme d’autres pays, des intérêts nationaux qui doivent être pris en compte et respectés.
Cela dit, nous sommes reconnaissants envers ceux qui ont agi avec compréhension envers nos actions en Crimée. Nous sommes reconnaissants envers le peuple chinois, la direction du quel avait examiné la situation autour de l’Ukraine et de la Crimée dans sa globalité historique et politique. Nous apprécions fortement la retenue et l’objectivité de l’Inde.

Aujourd’hui je veux m’adresser aux habitants des États-Unis d’Amérique. Au peuple qui, depuis la Fondation de leur État et l’adoption de la déclaration d’indépendance est fier de jouir de la liberté qui prédomine pour eux avant tout autre chose. Est-ce que la détermination du peuple de la Crimée à choisir librement leur propre destin ne fait pas partie des mêmes valeurs ? Comprenez nous.
J’ai confiance du fait que je serais compris par les européens et en particulier par les allemands. Je vous rappelle que dans le cadre des consultations politiques menées afin de réunir l’Allemagne de l’est avec l’Allemagne de l’ouest, peu d’alliés actuels et de l’époque de l’Allemagne étaient favorable à la réunification. Mais notre pays a au contraire soutenu sincèrement le désir irrépressible des allemands à l’unité nationale. Je suis sûr que vous ne l’avez pas oublié, et je compte sur les citoyens de l’Allemagne pour soutenir le désir du monde russe, la Russie historique, à restaurer l’unité nationale.

Je fais aussi appel à la population de l’Ukraine. Je veux sincèrement que vous compreniez : nous ne voulons en aucun cas vous causer du tort ou insulter votre sentiment national. Nous avons toujours respecté l’intégrité territoriale de l’Etat ukrainien, à la différence, soit dit en passant, de ceux qui ont sacrifié l’unité de l’Ukraine pour répondre à leurs ambitions politiques. Ils affichent des slogans à propos de la grande Ukraine, mais c’est justement eux qui font tout pour diviser le pays. Toute la confrontation civile d’aujourd’hui repose sur leur conscience. Je tiens à vous faire entendre, chers amis. Ne croyez pas ceux qui vous effraient par la Russie, ceux qui crient qu’après la Crimée suivront d’autres régions. Nous ne voulons pas de partitionnement de l’Ukraine. En ce qui concerne la Crimée, elle a été et restera russe ukrainienne et tatare.
Je le répète, elle sera, comme elle l’a été pendant des siècles, la maison de tous les représentants de tous les peuples qui y vivent. Mais elle n’appartiendra jamais aux successeurs de Bandera !

La Crimée est notre patrimoine commun et un facteur important de la stabilité dans la région. Ce territoire stratégique doit être sous une forte et stable souveraineté, qui de par le fait ne peut être aujourd’hui autre que Russe. Sinon, chers amis (j’en appel à l’Ukraine et à la Russie), la Crimée pourrait être perdue et ce dans une perspective historique très proche. Réfléchissez s’il vous plaît sur ces mots.

Je rappelle également qu’à Kiev paraissent déjà des déclarations à propos de l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN. Qu’est-ce que cela aurait eu comme perspective pour la Crimée et Sébastopol ? La perspective aurait été que dans la ville de la gloire militaire russe serait apparue la flotte de l’OTAN, qu’il y aurait eu une menace pour l’ensemble du sud de la Russie et pas juste lunatique, mais tout à fait concrète. Tout ce qui aurait vraiment pu arriver, n’est pas arrivé grâce au choix des habitants de la Crimée. Je les remercie pour cela.

Par ailleurs, nous ne sommes pas du tout contre la coopération avec l’OTAN. Nous sommes contre le fait que l’alliance militaire, car l’OTAN c’est avant toute autre chose une organisation militaire, se conduise comme chez elle près de notre clôture, notre maison ou sur nos territoires historiques. Vous savez, je ne peux pas nous imaginer aller à Sébastopol pour visiter les marins de l’OTAN. Qui sont pour la plupart des gars formidables, mais ce serait mieux de les laisser venir nous rendre visite à Sébastopol, que l’inverse. Je vous le dis franchement, nous avons mal pour tout ce qui se passe maintenant en Ukraine, pour le peuple qui souffre, qui ne sait pas comment vivre aujourd’hui et ce qu’il en adviendra de demain. Et notre inquiétude est compréhensible, car nous ne sommes pas juste des voisins, nous sommes effectivement, comme je l’ai dit à plusieurs reprises, un seul peuple. Kiev est la mère des villes russes. L’ancienne Rus ‘- est notre source commune, nous ne pourrons pas vivre l’un sans l’autre.
Et je dirai encore une chose. En Ukraine vivent et vivront des millions de personnes de nationalité russe, de citoyens russophones, et la Russie protégera toujours leurs intérêts par des moyens politiques, diplomatiques et juridiques. Mais c’est avant tout l’Ukraine qui devrait se préoccuper des garanties des droits et des intérêts de ces personnes. Car c’est ce qui garantit la stabilité de l’Etat ukrainien et l’intégrité territoriale du pays.

Nous voulons l’amitié de l’Ukraine, nous voulons qu’elle soit forte, souveraine et financièrement autonome. Parce que pour nous, l’Ukraine est l’un des partenaires principaux, nous avons de nombreux projets en commun et malgré tout ce qui se passe, je crois en leur succès. Et surtout, nous voulons que la paix et l’harmonie viennent sur les terres de l’Ukraine.  Nous sommes prêts avec d’autres pays à fournir notre coopération et notre soutien. Mais je le répète : seuls les citoyens ukrainiens sont capables de faire le ménage dans leur propre maison.

Chers habitants de Crimée et Sébastopol ! Toute la Russie a admiré votre courage, votre dignité et votre bravoure. C’est vous qui avez décidé du sort de la Crimée. En ces jours nous étions proches l’un de l’autre comme jamais auparavant, nous nous sommes soutenus. C’était des sentiments sincères de solidarité. C’est dans de tels moments décisifs de l’histoire que la maturité et la force de l’esprit de la nation sont soumis à l’épreuve. Et le peuple russe a démontré cette maturité et cette force, grâce à son unité le peuple a soutenu ses compatriotes.
La dureté de la politique étrangère de la Russie reposait sur la volonté de millions de personnes, sur l’unité nationale, sur le soutien des principales forces politiques et sociales. Je tiens à remercier tout le monde pour cet état d’esprit patriotique. Tous, sans exceptions. Mais il est important pour nous de continuer à maintenir la même consolidation, pour relever les défis qui se présentent devant la Russie.
Nous allons évidemment être confrontés à une opposition externe. Mais nous devons décider pour nous-mêmes, sommes-nous prêts à protéger nos intérêts nationaux ou devons-nous les abandonner, en battant en retraite vers l’inconnu. Certains hommes politiques occidentaux nous menacent déjà non seulement avec des sanctions, mais aussi par la perspective d’une aggravation des problèmes internes. J’aimerais savoir ce qu’ils sous-entendent : parlent-ils d’une certaine cinquième colonne composée de « nationaux-traîtres », ou bien ils comptent aggraver la situation socio-économique de la Russie pour ainsi provoquer le mécontentement de la population ? Nous considérons ce genre de déclarations comme irresponsables et clairement agressives et nous réagirons à cela convenablement. Mais malgré cela nous n’aspirons pas à la confrontation ni avec nos partenaires à l’ouest, ni à l’est. Au contraire, nous ferons tout pour établir des relations civilisés et de bon voisinage, comme cela doit être fait dans le monde moderne.

Chers collègues !
Je comprends le peuple de Crimée, qui lors du référendum a posé la question de façon très claire et directe : la Crimée dois-elle être avec l’Ukraine ou la Russie. Nous pouvons dire avec certitude que l’administration de la Crimée et de Sébastopol et les députés des organes législatifs, ont mis les intérêts fondamentaux du peuple en avant de leurs propres intérêts politiques lors de la formulation de la question du referendum. N’importe quel autre variante de plébiscite, aussi attractif qu’il aurait pu être à première vue, compte tenu des spécificités historiques, démographiques et politiques de cette région aurait été intermédiaire, temporaire et vacillant. Ce qui aurait inévitablement provoqué l’aggravation de la situation de la Crimée et un impact dévastateur sur la vie des gens. Le référendum s’est déroulé ouvertement et en respectant les normes, les habitants de la Crimée ont exprimé leur volonté de façon convaincante : ils veulent être avec la Russie.

La Russie devra également prendre une décision difficile, compte tenu de la totalité des facteurs tant internes qu’externes. Quelle est l’opinion des russes sur cette situation ? Ici, comme dans toute société démocratique, il y a différents points de vue, mais la majorité absolue de la population – je tiens à le souligner, est absolument évidente.
Vous savez, les résultats des récents sondages qui ont eu lieu en Russie démontrent qu’environ 95 pour cent des citoyens croient que la Russie devrait protéger les intérêts des russes et des représentants d’autres nationalités vivant en Crimée. 95 pour cent ! Plus de 83 pour cent croient que la Russie doit le faire malgré la possibilité des complications de nos relations avec certains pays. 86 % des russes sont convaincus que la Crimée est un territoire russe, une terre russe. Et encore un chiffre important, qui est en parfaite corrélation avec le referendum en Crimée, presque 92 pour cent des sondés sont en faveur de l’adjonction de la Crimée à la Russie.

Ainsi, l’écrasante majorité des habitants de Crimée et la majorité absolue des citoyens de la Fédération de Russie ont soutenu la réunification de la République de Crimée et de la ville de Sébastopol avec la Fédération de Russie.
Le fin mot dépend de la décision politique de la Russie elle-même. Et cette décision peut se baser que sur la volonté du peuple, parce que le peuple est la source de n’importe quel gouvernement.

Chers membres du Conseil de la Fédération !
Chers députés de la Douma.
Chers citoyens russes, habitants de la Crimée et Sébastopol !
Aujourd’hui, en m’appuyant sur les résultats du référendum qui a eu lieu en Crimée et sur la volonté du peuple russe, je propose à l’Assemblée fédérale d’adopter une loi pour inclure dans la Fédération de Russie deux nouveaux sujets, la république de Crimée et la ville de Sébastopol. Ainsi que de ratifier le traité sur l’adhésion de la République de Crimée et de la ville de Sébastopol à la Russie. Je ne doute pas de votre soutien !

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