Elections municipales en Hollandie : la république a remplacé la démocratie.

Il n’y a plus de démocratie en France. Elle a été remplacée par la « République ». Vous n’entendrez pas un ministre, pas un leader de parti de politique, défendre la démocratie et le respect de la volonté du peuple. En revanche, il aura plein la bouche et les poches, des « valeurs de la république ». On ne sait plus trop si elles sont fiduciaires ou philosophiques, mais elles sont très pratiques, pour écarter du débat tout dissident un peu plus déterminé, qu’une pâle opposition empêtrée dans une guerre des chefs. Les élections municipales de ce dimanche n’échappent pas à cette règle bien française qui veut que tout soit politisé, sauf les affaires politiques qui sont confisquées elles, par les lobbies et les loges. Alors que les élections municipales n’ont d’enjeux que locaux, la conduite quotidienne des 35 000 petites communes de France va être polluée par des contingences nationales.

Le bilan du Gouvernement est tellement catastrophique que le seul suspens réside dans l’abstention pour ces premières élections depuis celle de François Hollande. Depuis les années 80, l’abstention aux élections municipales est passée de 21% à 36%. Et les instituts de sondage prédisent une abstention record pour cette année, puisqu’elle devrait atteindre 40%. La défaite du PS est assurée, l’enjeu n’est que d’en minimiser l’ampleur. La gauche,qui fanfaronnait en 2008, après la vague rose qui avait emportée une quarantaine de ville de plus de 20 000 habitants, risque fort de déchanter au retour des flots…
Avant le scrutin de dimanche, la gauche détenait 61 villes de 50 000 habitants et plus, l’UMP 35. Sur les 50 plus grandes villes de la métropole, le PS en détient 31 contre 13 à l’UMP. Une UMP qui a modéré toutefois ses prétentions. La « vague bleue » annoncée par Jean-François Coppé en novembre 2013 sera sans doute moins flagrante qu’espérée.

Car le FN est en embuscade, et le PS en a fait un allié objectif en favorisant les conditions de son maintien au secours tour. En effet, la barre des 12% des inscrits pour se maintenir au second tour a été baissée à 10%. Les triangulaires devraient être ainsi encore plus nombreuses qu’en 1995, année record. Est-ce un mal ? Pour la république, oui diront les lobbies et les loges ; pour la démocratie, en aucun cas. Le parti de Marine Le Pen présente aujourd’hui plus de liste qu’en 2008. Ce parti à 17% ne compte à ce jour que 80 conseillers municipaux, et les sondages lui en accordent plus de 1000 à l’issue de ce scrutin. Peut-être même des mairies. À moins que le front républicain ne vienne encore tuer la démocratie. Paris restera à gauche. C’est une ville décadente. Marseille devrait vieillir avec Jean-Claude Gaudin, mais qui sait si le frontiste Stéphane Ravier ne se posera pas en héritier en remportant un arrondissement. On regardera avec attention Lille, Bordeaux, Montreuil, Forbach, Caen, Béziers, Hénin-Beaumont, Nice, Strasbourg Toulouse ou encore Amiens, mais c’est bien plus pour l’avenir des politiciens qui briguent ces fauteuils de maires pour mieux asseoir leurs ambitions nationales. Pas de grands changements, en fait. Et s’il y en a pour quoi faire ? Car, le plus curieux est de voir ce pays, la France, dont la majorité des électeurs votent à droite, être gouverné à gauche et se suicider à petit feu. Elle se vend à Washington, remplace son peuple, oublie son histoire et entache son avenir. C’est la France qui vote, et c’est la Hollandie qui sort des urnes. Et ce, grâce à un front républicain qui prive la démocratie d’une alliance nécessaire. L’UMP en est le dupe, le FN s’y vautre et le PS s’en régale. Triste France.