France2 n’a plus aucune déontologie : sa russophobie assumée est une véritable profession de foi.

C’est à un fabuleux numéro de désinformation auquel vient de se livrer le service public français, en diffusant dans le magazine « Envoyé spécial » sur France 2, un reportage justement « très spécial » intitulé « au cœur de ces prisons censées rééduquer les prisonniers ». Ce reportage est supposé nous plonger dans l’enfer du système carcéral russe. Le pire du monde à en croire les barbouzes pigistes, vingt ans après la chute de l’URSS. 700.000 prisonniers sont enfermés dans des goulags, qui n’en portent plus le nom, mais qui perpétuent les traitements inhumains. Battus, humiliés, rackettés par une administration maffieuse, qui, à l’image bien évidemment du système politique russe, exploite cette misère humaine. Des images, choisies en raison de leur extrême violence, sont censées illustrer les témoignages d’anciens détenus, membres d’associations droitsdelhommistes, et d’un ancien directeur de centre pénitencier.

Seulement voilà, comme à leur habitude, les journalistes de France 2 les ont toutes sorties de leurs contextes et de leur époque. On y voit certes des gardiens rouer de coups des prisonniers, ce qui est intolérable, mais on en ignore évidemment les raisons. Et bien sûr, de quand datent les images officielles, pourtant mises à disposition par l’administration sensées les dissimuler. De même ont ignore si ces actes ont mené à des poursuites et des sanctions sur le personnel incriminé. Ou si, comme le suggère lourdement ce montage, ces bourreaux dignes des pires gardiens de camps de la seconde guerre mondiale, perpétuent leur sadisme, voire ont été promus par leur hiérarchie. Ce qui modifierait radicalement l’orientation du pseudo-reportage et donc la conclusion du public. Mais, on en est plus à cela près, sur le service public français, après le reportage bidonné que nous avions démontré, sensé transformer Vladimir Poutine en un chasseur du bouchonnois sanguinaire, alors qu’il participait au contraire, à une campagne de sauvegarde des tigres sibériens. Du reste aucune excuse n’a été présentée à ce jour par la chaine, ses dirigeants ou ses journalistes.

A force de vouloir démontrer à tout prix que la Russie et ses dirigeants sont à clouer au pilori des nations modernes, on en oublie de balayer devant sa porte. Les conditions du système pénitentiaire russe sont stigmatisées, sans même chercher à montrer comment cela fonctionne dans d’autres pays. Nul besoin de montage pour dénoncer l’état des prisons et des conditions carcérales françaises, notamment à la Santé ou aux Baumettes. Rappelons qu’en France, le taux de surpopulation carcérale est de 113% et que ce beau pays si moralisateur, tient le record européen du taux de suicide en prison. Quant à l’activité professionnelle en prison, moins d’une personne sur 11 bénéficie, selon l’Observatoire International des Prisons, d’une formation professionnelle et «moins d’un quart des détenus» exerce un emploi, dans «des conditions de travail dignes du XIXe siècle au regard du droit ». L’hygiène dans certains établissements pourrait même être comparée à des cachots du moyen-âge, exposant tant les gardiens que les prisonniers, à des maladies ressurgies comme la tuberculose. Le Ministre de la Justice, Christiane Taubira, a d’ailleurs pu mesurer sa popularité et le ras-le-bol du personnel pénitentiaire de Marseille, en inaugurant la pose de la première pierre des futurs bâtiments. De là, à en faire une généralité sur le niveau des prisons françaises… Nous n’oserions pas.

La situation aux Etats Unis est encore pire. Au point que le pays détient le record du nombre de détenus et voit se développer des prisons privées, dans lesquelles les normes fédérales sur les conditions de détention font défaut. Mais la prison est un juteux business. Amnesty International a épinglé les conditions de détention, assimilées à des traitements cruels, parfois inhumains et dégradants. Et selon Human Rights Watch, le taux de violences, d’agressions et de viol est très important dans les prisons américaines (officiellement 4,5% de viols).

Evidemment, on ne tient pas compte des prisons clandestines, contrôlées par la CIA, les « black sites », ou sites noirs, qui sont ouvertes dans différents pays et qui ont été mises en place par l’administration Bush, dans sa fameuse « guerre mondiale contre le terrorisme ». Dans cette véritable « archipel du goulag» mondialisé, pour reprendre le titre de Soljenitsyne, c’est environ 70 000 personnes qui auraient été détenues au secret, par les autorités des Etats-Unis, hors du territoire américain et donc hors de tout cadre juridique. Le Conseiller aux États, suisse, Dick Marty, chargé par le Conseil de l’Europe, d’une enquête sur le sujet, a mis en lumière l’implication d’États européens, précisément la Suède, la Bosnie, le Royaume-Uni, l’Italie, la Macédoine, l’Allemagne et la Turquie, sur la base de photos-satellites et autres documents confidentiels. Tous sont jugés responsables de « violations des droits des personnes » dans le cadre de la « guerre contre le terrorisme ».

Le rapport pointe encore la Pologne, la Roumanie, la Bulgarie, l’Ukraine, la Lituanie, le Kossovo et la Macédoine, soupçonnés fortement par la Suisse d’accueillir des centres de détention secrets. L’Espagne, Chypre, l’Irlande et le Portugal sont également dans le collimateur, pour avoir permis les transferts illégaux de prisonniers par la CIA. Depuis sur demande du président Obama, ces sites auraient été abandonnés, à l’exception de Guantanamo. Cependant, des centaines de prisonniers seraient enfermés dans les bases militaires et sur les navires de la flotte américaine. De là, à en faire une généralité sur la possible participation des autorités françaises, voire du recours à la torture… Nous n’oserions toujours pas.

C’est étrange quand même, ces campagnes antirusses qui sont régulièrement alimentées dans ces mêmes pays et menées depuis de nombreuses années. Et ce reportage qui tombe pile au moment, où la Pologne dépose à la Cour Européenne des droits de l’Homme, sur l’affaire des prisons secrètes de la CIA. Non, ils n’oseraient quand même pas ?