Fukushima : pour une nécessaire entente Russo-japonnaise.

Une importante fuite d’eau hautement radioactive a été constatée par l’Autorité de régulation nucléaire mercredi. Cette fois-ci, ce sont 300 tonnes d’eau radioactive, au niveau 3 sur l’échelle internationale des événements nucléaires (Ines), qui s’échappent chaque jour d’un conteneur de stockage et se déversent dans l’Océan Pacifique. Le niveau 3, sur l’échelle allant de 0 à 7, correspond au « rejet d’une grande quantité de matière radioactive à l’intérieur de l’installation ». En effet, déjà le 8 août dernier, avait eu lieu un important écoulement d’eau contaminée vers l’Océan Pacifique. La compagnie gérante du site, Tokyo Electric Power (Tepco), a localisé mardi matin, le réservoir défectueux et a commencé à pomper les 670 tonnes d’eau restantes dans cette citerne, pour les transvaser dans un autre réservoir, plus sûr d’après eux. La contamination de l’eau est jugée 136 fois supérieure à la norme. A croire que n’importe où dans le monde, le grand capital prend les forces de la nature à la légère !
L’entreprise Tepco a en effet été mise en cause par la justice à propos de la gestion du site d’abord, de la catastrophe ensuite. On se souvient des rapports minimalisant la catastrophe mais s’aggravant toutes les demi-heures ! Rappelons que l’accident nucléaire de Fukushima Daiichi a été provoqué par un séisme suivit d’un tsunami, le 11 mars 2011, et est classé au niveau 7, le plus élevé sur l’échelle internationale des événements nucléaires, correspondant à « des effets considérables sur la santé et l’environnement ». La population fut évacuée dans un rayon de 30km autour de la centrale. Cette catastrophe, plus grave encore que celle de Tchernobyl en Ukraine en 1986, a eu, a et aura de graves effets néfastes sur la santé des Japonais vivant aux alentours de la centrale, ainsi que sur tous les écosystèmes terrestres et marins de la région. En effet, 1973 employés auraient déjà déclarés un cancer suite à l’inhalation de substances radioactives : on est bien loin des 178 cas déclarés par l’employeur Tepco. De plus, de nombreux produits japonais ont été interdits à l’exportation.
Du fait de l’étroitesse de son territoire, le Japon a toujours été à la recherche de sources d’énergies peu gourmandes en place et en matériaux. La solution semblait avoir été trouvée avec le nucléaire, mais la catastrophe de Fukushima en a montré les dangers, sans parler du problème du stockage des déchets. Or la Russie, avec ses immenses réserves énergétiques, semble toute désignée pour remplir le rôle de fournisseur d’énergie au Japon. Les deux pays y trouvant leur compte : la Russie en diversifiant son marché, et le Japon assurerait ainsi son avenir énergétique à un coût raisonnable. Le problème vient de l’état des relations diplomatiques russo-japonaises. Les deux pays sont officiellement en guerre puisqu’aucun traité n’a été signé depuis la seconde guerre mondiale. Le principal conflit les opposant étant celui des îles Kouriles, revendiquées par le Japon. Périodiquement des incidents entre navires de pêche et garde-côtes raniment la querelle, alors que les deux pays auraient tout intérêt à coopérer, au moins dans les domaines énergétique et économique. Il faut espérer qu’après les multiples rebondissements catastrophiques de la centrale nucléaire de Fukushima, manifestement mal gérés, le Japon sorte de sa persistance dans le nucléaire, et se tourne vers la Russie, où il reste encore d’immenses réserves d’hydrocarbures à découvrir. Mais pour cela, encore faudrait-il que le Japon s’affranchisse de la tutelle américaine et accepte la remise en cause d’un système économique libéral qui a montré ses limites.