Il y a 5 ans, la Russie sauvait l’Ossétie du Sud du massacre otano-géorgien et mettait fin au monde unipolaire

Le 7 août 2008, la Géorgie lance une attaque violente sur l’Ossétie du Sud, bombardant la capitale Tskhinvalli. 18 soldats russes, membre de la force de paix d’interposition, sont tués ainsi que 1 600 civiles ossètes, avant que les forces russes, venues en renfort, ne stoppent l’invasion géorgienne, reconquièrent la ville et portent les combats sur le territoire géorgien, en moins d’une semaine. L’armée géorgienne, équipée à neuf et entraînée par les Américains, les Israéliens, les Français et les Anglais, n’a pas fait le poids face aux 10 000 hommes de la 58 armée russe, renforcée par la 76 division d’assaut aéroportée de la Garde et la 98 division aéroportée. Sur ordre du président Medvedev, les forces russes s’arrêtent le 15 août, alors qu’elles pourraient prendre Tbilissi, la capitale géorgienne. La population d’Ossétie du Sud est en sécurité, comme la population géorgienne, sous contrôle russe. Le 26 août, la Russie reconnaît l’indépendance de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie et impose aux États Unis, qui voulaient déstabiliser tout le Caucase, un revers cinglant.

Cinq ans après, beaucoup de choses ont changé, y compris en Géorgie.
Dans le premier pays parmi les anciennes républiques soviétiques à être entré en conflit armé direct avec la Russie, la guerre de cinq jours d’août 2008, n’a pas entraîné la démission de Mikhaïl Saakachvili, malgré les espoirs de Moscou. Cependant, il a subi un grave préjudice moral et politique et son régime s’est mué en une machine répressive, visant uniquement à conserver le pouvoir. Lorsque trois ans plus tard, Saakachvili se retrouve face à son adversaire, Bidzina Ivanichvili, le président du parti Rêve Géorgien, il s’avère que son appui populaire était bien plus fragile qu’on ne le pensait. Depuis, les affaires de corruption, de sadisme et de meurtre ont éclaboussé les plus hautes sphères de l’Etat. Le parti Rêve géorgien, actuellement au pouvoir, a promis d’enquêter sur les causes du conflit armé et de déterminer le rôle de Tbilissi, et les représentants du gouvernement reconnaissent de graves erreurs commises à l’époque. Mais il ne faut pas s’attendre à ce que la Géorgie revoit complètement son point de vue sur cette guerre, car son désir d’intégrer l’OTAN demeure très vivace.

L’Occident a également tiré des conclusions de cette opération illégale et aventureuse. La guerre d’août 2008 a en effet, mis fin à l’expansion de l’Otan vers l’est. Cette extension active de l’Otan, qui masquait pendant les années 2000 l’absence de compréhension de ce que l’alliance devait faire, cède aujourd’hui la place aux tentatives de l’adapter aux tâches réelles. Or elles n’ont pas grand-chose à voir avec le Caucase, et l’espace postsoviétique en général, ne semble pas susciter beaucoup d’enthousiasme. Pour la Russie, la victoire face à la Géorgie a été interprétée comme une étape importante, comme une revanche psychologique sur plus de deux décennies de retraite géopolitique.

A la même époque, il s’est avéré qu’il n’y aurait aucune expansion au nom de la récupération de ce qui a été perdu après l’effondrement de l’URSS. Les relations avec les anciens pays satellites, comme la Pologne ou la Hongrie, s’en sont trouvées facilité. Moscou passe lentement d’une conscience post-impériale, déterminée auparavant par la chute de l’Union soviétique et associée aux sentiments que cela provoquait, à une nouvelle perception de soi et de ses propres intérêts vis-à-vis de ses voisins. Le projet d’Union douanière suggéré quelques mois après la guerre d’août 2008, est très différent des annonces faites antérieurement. L’utilité économique et la logique de l’intégration mutuellement bénéfique, prennent le pas sur l’idée de la réunification pour la réunification, qui était déterminante auparavant.
La Russie n’est donc plus un potentiel agresseur, mais apparaît comme un partenaire fiable, solide et capable d’offrir une alternative à l’hégémonisme américain.

On peut dire que la guerre du Caucase, qui tire ses racines de l’effondrement de l’URSS, a marqué la fin de tout un chapitre. La crise financière mondiale, qui a éclaté un mois après le conflit russo-géorgien, a également remis en question, les réussites commencées dans les années 1990, l’époque du triomphe de l’Occident et du capitalisme de marché. La Russie, qui a été l’un des acteurs principaux de l’histoire durant le XXème siècle, en payant le prix fort pour cela, a subi cette dernière décennie sans pouvoir réagir. Depuis le mois d’août 2008 et grâce aux extraordinaires avancées des années 2000, elle est redevenue maitre de son destin.