Israël : Tsahal dénoncée pour sa violence illégitime et disproportionnée

Jeudi 27 février, l’ONG Amnesty International a publié un communiqué de presse, ainsi qu’un rapport intitulé «La gâchette facile : le recours disproportionné à la force par Israël en Cisjordanie ». Grâce au recueil de nombreux témoignages et d’une recension des morts et des blessés dus à l’armée israélienne en Cisjordanie, ce rapport pointe du doigt la violence et le mépris pour les vies humaines, des soldats israéliens. En effet, durant une période de 3 ans, de 2011 à 2014, l’armée israélienne, en hébreux Tsahal, a causé la mort de 45 personnes, ainsi que 261 blessés graves et 8 000 blessés légers. Amnesty International a souligné le fait que dans certains cas, les impacts de balles étaient dans les dos des victimes. Autrement dit, c’est alors que des individus prenaient la fuite qu’ils ont été abattus. Au regard du droit international, de telles exactions peuvent être qualifiées de « crime de guerre ». L’armée israélienne a répondu à la parution de ce rapport, que l’année 2013 avait vu une « très nette augmentation des attaques au jet de pierres ». Elle a aussi affirmé que toute bavure ferait l’objet d’une enquête approfondie. Or, on constate que durant l’intervalle 2011-2014, un seul soldat a été condamné pour abus de violence. C’est donc en toute impunité, qu’Israël peut asseoir sa domination et instaurer la terreur dans les territoires occupés.
A noter que ce rapport d’Amnesty International ne traite que les exactions de l’armée israélienne en Cisjordanie. Une enquête similaire dans la bande de Gaza permettrait sans aucun doute de révéler au grand jour, la façon dont les habitants de ce territoire sont traités. Cette utilisation abusive de la violence semble être devenue une constante de l’armée israélienne depuis les « intifada » de 1987 et de 2000. Entre 2000 et 2008, on dénombrait déjà plus de 5000 Palestiniens tués lors d’affrontements ou de manifestations. Ce rapport, pourtant accablant pour Israël, n’a fait que très peu de bruit et n’a peu ou pas été repris par les grands médias. A titre de comparaison, malgré une situation beaucoup plus floue et plus chaotique, l’une des premières décisions du nouveau parlement ukrainien a été de déclarer vouloir juger Viktor Ianoukovitch pour « crimes contre l’humanité ». Dans le cas d’Israël pas un homme politique ne s’est exprimé publiquement sur les accusations de « crimes de guerre » contre l’état hebreux.

Le silence qui entoure la parution de ce rapport n’est pas sans rappeler, l’absence d’information concernant la visite de Manuel Valls au ministre des affaires étrangères israélien et leader de l’extrême droite, Avidgor Liebermann. En effet, le ministre du désordre intérieur, si prompt en France à traiter de fascistes et de fauteurs de troubles, tout ceux se situant à droite de sa ligne politique, a beaucoup moins de scrupules à s’entretenir avec le dirigeant du parti « Israël Notre Maison ». Parti dont les militants n’hésitent pas à défiler dans les rues en arborant le drapeau israélien et en scandant « Mort aux arabes ! ». Contre toutes attentes ce parti possède une véritable légitimité depuis qu’il s’est allié à la formation de l’actuel premier ministre Benjamin Netanyahou, le Likoud. Avec un tel parti au pouvoir, il n’est pas étonnant de voir l’armée israélienne s’en prendre de manière gratuite aux populations arabes de la région. Il n’est pas surprenant non plus, de voir le pouvoir consacrer 6,9% de son PIB à sa défense nationale, soit 14 milliards en 2012. C’est proportionnellement plus que le budget de la défense américaine, qui lui représente 4,5% du PIB étatsunien. Le budget militaire israélien devrait, selon les déclarations d’officielles encore s’accroître durant l’année 2014.

Pas plus que le rapport d’Amnesty International ou que la rencontre de Valls avec Liebermann, la politique anti-migratoire israélienne ne fait de bruit. Car Israël est un des seuls pays au monde, à pouvoir fermer ses frontières et refuser l’immigration, sans déclencher un flot de critiques et de reproches, comme ce fut le cas avec les résultats du vote suisse contre l’immigration. Cette politique anti-migratoire a pour but de garantir une majorité juive au sein de l’état d’Israël, une majorité mise en péril par la démographie actuelle, le taux de natalité étant plus fort chez les Arabes israéliens que chez les Juifs israéliens. En 2013, malgré les manifestations d’immigrés africains, provenant majoritairement d’Erythrée et du Soudan, le Premier ministre a réaffirmé vouloir augmenter le nombre d’expulsions. Ce nombre ayant déjà été multiplié par 6 entre 2012 et 2013.

Curieusement et contrairement aux pseudo-élites européennes, l’immigration ne semble pas être ici, considérée comme une chance. Ces particularités de l’Etat israélien, que dans d’autre pays certains n’hésiteraient pas à qualifier de « violation des droits de l’homme », n’empêche pas celui-ci de recevoir le soutien des puissances occidentales. Le 14 février, Manuel Valls avait créé une polémique en se déclarant, je cite : « lié de manière éternelle à la communauté juive, quand même ! ». fin de citation. Il y a une semaine encore, la chancelière allemande se déplaçait pour rencontrer le premier ministre israélien, et, malgré une faible critique contre le processus de colonisation mené par l’état hébreux, pour affirmer une nouvelle fois l’amitié unissant l’Allemagne et Israël. Un peu plus tard, le président israélien, Shimon Peres, remettait à Angela Merkel, la médaille de la distinction pour la lutte contre l’antisémitisme et pour la sécurité d’Israël. Une médaille pas forcément honorifique quand on sait que la sécurité d’Israël passe par la répression sanglante de populations civiles, au mépris du droit international et dans une indifférence quasi-totale.