Jean Doucet associe une fois de plus les ballets russes et la mode parisienne à l’Opéra Garnier

La danse et la mode se sont à nouveau réunies à Paris, comme autrefois où les Ballets Russes de Diaghilev avaient inspiré les grands couturiers. Notamment en 1910, où pour la toute première fois, le triomphe de Shéhérazade, de Léon Bakst créa un véritable séisme. Cette réalisation faisait concorder chorégraphie, musique et décoration sur un sujet très exotique et fit sensation. Selon Boris Kochno, Bakst avait bouleversé ce jour-là les conceptions théâtrales en général et créé le « Style Ballets Russes ». De fait l’influence de ce ballet a été énorme, et bien au-delà de la scène, en renouvelant la mode parisienne, vestimentaire et décorative. Plus tard, c’est Gabriel Chanel qui réalise en 1924, les costumes pour  Le Train bleu à Monte-Carlo et  au Théâtre des Champs-Elysées et en profite pour lancer les costumes de plage de 1925.  Aujourd’hui, c’est à Jean Doucet que nous devons une nouvelle collection inspirée du ballet russe, sous le signe de la danse classique. En réinterprétant les grands ballets du répertoire grâce à son égérie, la ballerine Irina Kolesnikova, et pour que la féérie soit complète, il a présenté sa collection 2014 à l’opéra Garnier, le temple de la danse classique à Paris. Là même où Diaghilev avait présenté ses premières créations lors de ses débuts parisiens. L’an passé, le premier « pas de deux » entre le couturier et la danseuse, avait été présenté au Théâtre du Châtelet, où en 1909, le public parisien assistait aux premiers Ballets Russes.

L’idée de cette collection lui a été inspirée par sa rencontre avec la Première Ballerine, Irina Kolesnikova. Née à Saint-Pétersbourg, elle s’est formée à l’Académie de ballet Vaganova, héritière de l’école impériale de théâtre d’où sont sorties toutes les grandes vedettes de la danse, du 18e siècle à nos jours. A dix-huit ans, diplôme en mains, elle est engagée comme soliste par le Konstantin Tatchkin Saint-Pétersbourg Ballet Théâtre. Parcourant le monde avec la compagnie, elle connaît une ascension fulgurante et devient très rapidement « Première ballerine » de la troupe, où elle s’illustre à travers les rôles d’Odette-Odile, dans les ballets du marseillais Maurice Petipa, le Lac des Cygnes, Clara dans Casse-Noisette, Aurora dans La Belle au Bois dormant , Giselle et Myrta dans Giselle, Kitri dans Don Quichotte ou encore, Nikita dans La Bayadère.

Jean Doucet a travaillé avec les plus grands noms de la « Haute couture ». Grâce à son art original et raffiné, il est devenu l’un des leurs en obtenant la reconnaissance d’une clientèle internationale qui apprécie son style emprunt de magie, de charme et de beauté, à l’image des ballets classiques qu’il adore. Inspiré également par l’exotisme oriental, comme ce fut le cas pour Bakst, il aime surprendre ses clientes par le choix de ses matières naturelles, souvent rehaussées de broderies.

Le Centre de Russie pour la Science et la Culture (CRSC) a soutenu ces manifestations franco-russes de prestige. Il accueille du reste dans ses locaux les bureaux de Stella Kalinina, directrice de Stella Art International, qui s’est illustrée à Paris par de nombreuses expositions d’art plastique, au Centre culturel où ailleurs, en France et en Russie, et également par l’ « Hommage à Diaghilev », une soirée de gala présentée au Théâtre Pierre Cardin dans le cadre du centenaire des Ballets Russes. Par ses productions, Stella Kalinina réunit des artistes de toutes disciplines, couturiers, peintres, danseurs, comédiens et écrivains, français ou russes, comme Andreï Makine, symbole de la rencontre culturelle entre la France et la Russie, qui a dit à son sujet qu’elle était je cite : « un trait d’union irremplaçable entre les artistes et le public […] par la « vivifiante synergie que fait naître son activité […], seule ou en partenariat.

La collection Jean Doucet 2014 a présenté pas moins de 20 créations en quatre tableaux déclinés en quatre couleurs : le rouge, le bleu ciel, le jaune et le blanc, le tout ponctué de quelques imprimés bucoliques. Ces créations présentaient autant de tailleurs que de robes de cocktail, pour soir et grand soir. On retiendra l’utilisation originale de matières naturelles végétales à base de fibres de banane ou d’ananas, de raphia, subtilement associée à des étoffes précieuses, agrémentées de broderies, de cristal, de guipure et de dentelle et enrichies de perles du Japon.