Jean Marc Ayrault en visite à Moscou : l’économie qu’il ne contrôle pas sauve les apparences

Lors d’une visite officielle de deux jours en Russie, jeudi et vendredi dernier, Jean-Marc Ayrault, a rencontré son homologue Dmitri Medvedev mais aussi le Président Poutine. Mission délicate pour le premier ministre français, que de représenter un pays en pleine déliquescence morale et politique, dans un état dont le chef a été sacré « l’homme le plus influent de la planète », par le fameux classement Forbes. Surtout quand on vient lui donner des leçons de morale… A noter que la France n’a pas eu le culot d’envoyer Laurent Fabius exiger la libération des militants de GreenPeace, lui qui en son temps avait causé la mort du photographe Fernando Perreira, en coulant le navire de l’association écologiste, le Raimbow Warrior, dans les eaux territoriales de la Nouvelle Zélande.

A la demande de Jean-Marc Ayraud « d’un geste humanitaire » – comme si la trentaine d’activistes arrêtés risquaient la peine de mort -, un « niet » catégorique a été rétorqué par Dmitri Medvedev, qui a profité ce cette occasion pour rappeler, que dans un état de droit, la justice était indépendante de l’exécutif et que l’enquête se poursuivrait sans entrave. Évoquant la dangerosité des sites pétroliers et gaziers et affirmant que « personne ne doit pouvoir violer l’exploitation de ce type de site », le chef du gouvernement russe a assuré que la Russie « ne pouvait soutenir les activités qui portent atteinte à l’environnement » et que « Toute personne soucieuse de l’environnement doit le comprendre». Au terme de ces longues explications, Dmitri Medvedev a donc balayé le «geste humanitaire» que lui réclamait Ayrault en concluant, je cite : « La République française peut être sûre que l’examen du dossier va être regardé dans le strict respect du droit russe ». Irrité par cette réponse ferme, Jean-Marc Ayrault a cru malin alors qu’il était interrogé sur les manifestations de Quimper, de déclarer que la France est « un pays démocratique » et que « si des hommes ont envie de manifester, ils en ont parfaitement le droit ». Un message explicite à l’adresse du pouvoir russe, sous-entendant que ce n’était pas le cas en Russie… Les arrestations arbitraires de la Manif pour tous, les enfants gazés sur les champs Élysées ou l’arrestation de simples piétons arborant un tee-shirt rose ou bleu ou même un drapeau français, lui sont donc tout naturellement revenus en pleine figure comme un boomerang… Parfois, quand on est énervé, on ferait mieux de se taire…

Sur le plan économique, la Russie et la France ont signé vendredi plusieurs accords sur la coopération d’investissement et la collaboration dans le secteur énergétique y compris le nucléaire civil, mais également dans les technologies de développement de télévision numérique terrestre (TNT),  ou encore dans l’aéronautique avec un mémorandum signé entre le Bureau d’études de Ramenskoïe (RPKB), qui développe des systèmes de navigation pour aéronefs et des logiciels pour les équipements de bord, avec le groupe français Safran, pour la création d’un parc technologique Ramenskoïe dans la région de Moscou.

Un important accord a également été signé entre la holding public russe Uralvagonzavod, producteur de blindés, et le groupe français Sagem Défense Sécurité : “L’accord prévoit l’utilisation d’équipements électroniques et optiques et d’autres produits hautement technologiques de Sagem sur les blindés et systèmes d’artillerie d’Uralvagonzavod”, a indiqué un représentant de la société de Nijni Taguil. Selon le directeur général de Sagem Défense Sécurité, Philippe Petitcolin, les deux sociétés envisagent de créer une coentreprise capable de fabriquer des produits compétitifs sur le marché mondial.

Le président russe Vladimir Poutine a qualifié de « particulières, très affectueuses » les relations entre la Russie et la France, en recevant vendredi le premier ministre français Jean-Marc Ayrault. Le chef de l’Etat a déclaré que je cite « La France est l’un de nos partenaires privilégiés dans le monde, en général, et en Europe, en particulier », ajoutant qu’il était, somme toute, satisfait du partenariat avec la France bien que les échanges économiques franco-russes connaissent à présent un palier, après cinq ans de forte croissance.
Et de rappeler que l’an dernier, le chiffre d’affaires du commerce entre les deux pays a diminué de 13% par rapport à l’année précédente, et qu’au cours du premier semestre de l’année en cours, il s’est encore réduit de 1,5%.

En même temps, le président russe s’est félicité des échanges diversifiés entre la Russie et la France, en retenant tout particulièrement la coopération bilatérale dans le secteur énergétique, y compris dans le développement du nucléaire civil. Vladimir Poutine a souligné, que cite que « La Russie et la France sont en train de mettre conjointement au point la technologie la plus moderne de nouvelle génération dans le nucléaire civil », Il a aussi évoqué les avancées spectaculaires des deux pays dans les hautes technologies, dans la coopération dans l’Espace et les constructions aéronautiques, dont le projet Sukhoi Superjet-100. Notons que si la Russie permet aux investisseurs français d’engager prêt de 15 milliards d’euros dans les entreprises, la Russie elle n’a pu engager qu’un milliard en France… dont l’économie aurait pourtant grand besoin des capitaux russes. Résultat d’une administration inadaptée, des vétos idéologiques irraisonnés, du maintien des visas, et d’une éducation nationale qui snobe l’apprentissage du russe, pourtant demandé… Beaucoup d’efforts sont à faire en Hollandie pour que les échanges soient à la fois fructueux et réciproques.

À quelques jours de l’ouverture des négociations de Genève II sur la Syrie, la Hollandie est aussi venue redorer son blason auprès d’une Russie bien conciliante à son égard. Alors que, par son soutien inconditionnel aux franges les plus extrémistes des terroristes opérants en Syrie contre le gouvernement légal, la Hollandie s’est rendue responsable de la mort de dizaines de milliers de Syriens, de la destruction de milliers de maisons et de centaines de sites historiques, elle se trouve aujourd’hui complètement isolée dans le mécanisme de paix instauré par la Russie et acceptée par les USA et le Royaume Uni. La Hollandie a beau vouloir croire que c’est son aveuglement qui aurait amené les factions à discuter de la paix, la réalité est toute autre : autour de la table des négociations à Genève, la Hollandie sera seule, sans les factions terroristes qui ont refusé d’y participer… Alors que la Russie laisse la Hollandie y siéger, finalement n’est-ce pas là « le geste humanitaire » que demandait Jean-Marc Ayrault…