Journée du Drapeau : ne soyez pas jaloux c’est en Russie.

Le 22 août dernier, la Russie a célébré la « Journée du drapeau  russe ». Décidé par décret présidentiel de 1994, l’actuel drapeau tricolore a été officialisé le 22 août 1991 par Boris Eltsine président de la République socialiste fédérative soviétique de Russie (RSFSR), à la suite du putsch de Moscou qui avait menacé les acquis de la Perestroïka et fait craindre un retour à la dictature. « Le patriotisme, ce n’est pas seulement un beau mot, a dit le Président Poutine. C’est le respect de son pays et de ses traditions, des valeurs spirituelles de nos peuples. »

La résurrection de ce drapeau « tiercé en faces » comme il se dit en héraldique, ou à trois bandes horizontales blanche, bleue et rouge, marquait une avancée dans le sens de la renaissance de la Russie millénaire et moderne à la fois, qui allait se développer sous sa présidence et celles de ses successeurs Vladimir Poutine et Dimitri Medvedev. Citons dans le domaine de la symbolique  d’Etat national, le retour de l’aigle impériale, la restauration du Kremlin et d’ordres de chevalerie antérieurs à la révolution communiste.
Le nouveau drapeau était en fait celui que Pierre le Grand avait donné à la Russie. Avant lui, la Russie n’avait jamais eu de drapeau. Elle utilisait une représentation du Saint-Georges sur fond rouge, des armes des princes de Moscovie qui avaient dominé le pays jusqu’alors. Elle utilisait également des étendards médiévaux d’inspiration religieuse où voisinaient personnages sacrés, inscriptions en slavon et étoiles aux multiples branches. En témoigne la bannière d’Ivan IV conservée encore de nos jours au Kremlin. De très grande taille, elle symbolise le pouvoir religieux du monarque en représentant l’archange Saint Michel entouré de saints.

Mais un étendard n’est pas un drapeau, et Pierre le Grand décide en 1699, d’en adopter un pour sa flotte, à la manière des nations occidentales. Conçu par un ingénieur nautique Hollandais, David Butter, il s’inspire du drapeau néerlandais dont il inverse les couleurs (orange,-blanc-bleu). En fait, c‘est son père, Alexeï Michaïlovitch  qui aurait eu l’idée en 1668 de distinguer son pays d’un premier drapeau qui aurait été un pavillon à croix bleue cantonnée aux 1er et 4e quartiers de blanc et aux 2e et 3e quartiers de rouge. A son exemple, en 1693, Pierre le Grand hisse sur son yacht personnel, un « drapeau du tsar de Moscou », à bandes horizontales blanche, bleu, rouge, surchargé d’une aigle héraldique d’or. Celui du chef de l’Etat, depuis Boris Eltsine, est à son image.
Primitivement destiné à être l’enseigne de la marine marchande russe en 1705, il fut remplacé en 1710 par un drapeau blanc à croix de Saint-André d’azur (bleue), comme enseigne de la marine impériale. Parfois cette croix de Saint-André a été représentée bleue, et associée à la croix de Saint-Georges blanche, sur fond rouge. Dix ans plus tard, le drapeau tricolore fut institué pavillon marchand de la Russie.
En 1858, Alexandre II ordonna qu’il fut représenté par un drapeau à trois bandes horizontales noir-jaune-blanc, déclarant en 1865 ces couleurs « couleurs d’état de la Russie ». C’est ce drapeau qui flotte sur le Palais Catherine de Tsarskoïé Sélo.  Pourtant le 7 mai 1883, Alexandre III ordonne d’utiliser le pavillon marchand blanc-bleu-rouge comme drapeau dans toutes les cérémonies officielles à terre. Ce que confirma Nicolas à l’occasion de son couronnement en 1896. En 1914, apparut un nouveau drapeau à usage privé, inspiré de celui de Pierre, avec , près de la hampe, un carré d’or chargé de l’aigle impériale recouvrant une partie des deux premières bandes horizontales.
En 1918, la République socialiste voulant « faire du passé table rase », avec l’assassinat de la famille impériale, supprimera également leur drapeau pour le remplacer par un drapeau rouge qui subsista jusqu’en 1991

Symboliquement les trois bandes sont interprétées ainsi le blanc pour le tsar, le bleu pour le ciel et le rouge pour le peuple.
Plusieurs interprétations ont été faites des couleurs du drapeau tricolore. Par exemple, naguère on considérait le rouge comme signifiant « la souveraineté, la puissance », le bleu couleur de la Vierge Mère, protégeant la Russie, le blanc, la liberté et l’indépendance. Ces couleurs signifiaient aussi la communauté de la Russie blanche, petite et glorieuse. Aujourd’hui, une interprétation non officielle désigne la bande blanche comme symbole de la paix, de la pureté, de l’innocence et de la perfection ; la couleur bleue comme la couleur de la foi, de la fidélité et de la permanence, la couleur rouge  symbolisant l’énergie, la force, le sang versé pour la Patrie.