L’Europe digérée, la Russie trop résistante, c’est désormais vers l’Asie que se tournent les appétits américains.

Tandis que les médias occidentaux s’évertuent à obnubiler l’opinion publique avec le dossier ukrainien, Washington avance ses pions, et surtout ses armées, à travers le monde. L’adhésion forcée de l’Ukraine à l’Union Européenne grâce au coup d’état qui a renversé le gouvernement légitime, n’est en définitif que la dernière étape du projet de neutralisation de l’Europe et de sa transformation définitive, en un glacis stratégique, face à la Russie. Le fameux traité transatlantique, dit de « libre échange » (on appréciera l’humour anglo-saxon), que s’évertuent à mettre en place depuis des décennies, les castes dirigeantes atlantistes, à l’insu des populations et avec la complicité des principaux médias, portera pour ainsi dire l’estocade et l’acte de soumission finale aux intérêts américains. En effet, les soi-disant « tractations » en cours ne sont que de simples réunions techniques visant à parachever l’oeuvre d’asservissement de l’Europe, avant son intégration définitive dans un empire économico-militaire.

L’Europe est digérée et la Russie refoulée. L’ogre américain, dévoreur de peuples, concentre ses forces en fonction de son nouvel axe géostratégique : l’Asie. S’étirant du Caucase à la Mer de Chine, le pivot asiatique va donc voir se concentrer les efforts atlantistes, dans le but principal de contenir, tout en tentant de les isoler, la Chine et la Russie. La Russie représente, selon les déclarations du président Obama, le principal adversaire des Etats-Unis, qui voient d’un très mauvais oeil l’établissement de l’Union Douanière Eurasiatique, un véritable pont entre l’Asie et le continent européen qui échappe aux intérêts économiques américains. En effet, l’Inde et l’Afghanistan comprennent les intérêts russes et les soutiennent, l’Iran restera également sous influence russe. Par conséquent, les États-Unis sont confrontés au danger de la création d’un bloc eurasien, en supposant que ses membres ont des intérêts communs. C’est pour cette raison qu’ils cherchent à prendre pied dans les territoires tampon, y compris turcophones, situés entre ces centres de pouvoir. Il s’agit de l’Ouzbékistan, de la Kirghizie et du Kazakhstan.
Après avoir subi un échec en Crimée, Washington essaiera de jouer « son jeu » en Asie Centrale et de faire échouer l’intégration eurasienne. L’objectif principal consiste à empêcher toute alliance, entre la Chine et la Russie.

Pour arriver à ses objectifs, Washington cherchera à soumettre les gouvernements locaux, quitte à les changer à coup de révolutions de couleur. Et surtout à contrôler les sources d’approvisionnement, comme commerciales, vitales en particulier pour la Chine. La doctrine anglo-saxonne du « containment » vise à enserrer les pays ciblés, pour réduire leurs marges de manœuvre et au final les étouffer progressivement, en les obligeant à se retrancher. Il suffit d’observer la disposition géographique des innombrables bases militaires américaines de par le monde, et aujourd’hui celles de l’OTAN, pour identifier leurs objectifs en cours.
Les situations de tensions permanentes entretenues, à travers les revendications territoriales en Mer de Chine ou entre les deux Corées, servent surtout de prétextes au redéploiement officiel des forces militaires américaines, déjà très importantes dans la région, et à l’extension du système anti-missiles américain. Une source au ministère des Affaires étrangères russe a indiqué que, je cite : « l’escalade périodique des tensions dans la région coïncide avec les exercices militaires annuels conjoints entre Washington et Séoul » fin de citation. Estimant que la Corée du Nord constituait une menace contre les Etats-Unis, la stabilité régionale et bien sûr la sécurité mondiale, Washington invite pour ne pas dire exhorte, les pays membres de l’OTAN à se joindre aux efforts à mener en Asie.

Pour tenter de contraindre la Chine, qui est en passe de devenir la première puissance économique mondiale, mais qui demeure subordonnée à ses importations et à son interdépendance économique, les Etats-Unis brandissent la menace des mêmes sanctions qu’ils utilisent aujourd’hui contre la Russie. Toujours au nom des principes démocratiques, à définition variable, la nomenklatura atlantiste entend ainsi faire d’une pierre deux coups et calmer les prétentions territoriales de Pékin, tout en cherchant à faire fléchir leur soutien apporté à la Russie au sujet de la Crimée. Bien qu’il soit difficile d’évaluer la réponse des responsables chinois à ce stade, l’opinion mondiale partage le triste constat que la diplomatie américaine a définitivement abandonné la légalité internationale, pour adopter une posture de cow-boy, favorisant l’intimidation et la coercition. Ce qui, contrairement aux objectifs recherchés, isole chaque jour un peu plus, Washington et ses alliés-vassaux.

S’attaquer de front à la Chine, qui détient plus de la moitié de la dette du Trésor américain, et à la Russie, puissance militaire de premier rang, laisse à penser que les responsables américains, dont l’économie est en faillite, ont perdu toute emprise sur la réalité. Dans leur volonté de conquête du monde entier et de diviser pour mieux régner, l’empire atlantiste semble au contraire s’isoler progressivement et oeuvrer bien malgré lui, au rapprochement entre la Russie et la Chine, créant ainsi une nouvelle super-puissance eurasiatique capable de faire disparaître, le tigre de papier occidental qui court après son ombre.