Le Patriarche Kyrill visite son peuple en Transnistrie et en Moldavie, sans se soucier des critiques des médias pro-occidentaux.

Les croyants de l’Eglise orthodoxe de Moldavie se préparent à accueillir le patriarche Kirill. Le premier hiérarque se rendra à Chisinau et Tiraspol du 7 au 9 septembre. Même si l’accent a été mis sur le caractère pastoral de cette visite, les sceptiques n’en soulignent que la dimension politique. Il s’agit de la deuxième visite en Moldavie du patriarche Kirill, depuis qu’il a pris ses fonctions en 2009. Ce voyage vise à célébrer le bicentenaire du rattachement de l’Eglise métropolitaine de Moldavie à l’Église orthodoxe russe, tel que l’a expliqué le Père Igor Yakymchuk du Département des relations ecclésiastiques extérieures, du Patriarcat de Moscou.

A Chisinau, la Divine Liturgie sera célébrée dans la cathédrale de la Nativité, et des rencontres sont prévues entre les dirigeants de la république et la communauté des croyants. Comme cette visite coïncide avec le deux-centième anniversaire du diocèse de Chisinau-Hotinsky, elle sera accompagnée d’un acte solennel. Le patriarche va également visiter le tombeau du Métropolite Gavril Bănulescu-Bodoni grâce auquel ce diocèse a été formé.

Encore aujourd’hui, certains médias laïcs de la république de Moldavie, sont enclins à voir dans la venue du patriarche Kirill, une tentative de Moscou pour influencer Chisinau. Et parmi les motifs de cette visite, on mentionne par exemple, le prochain sommet du Partenariat Oriental qui se tiendra en novembre à Vilnius, et durant lequel il est prévu de signer un accord avec l’Union Européenne pour inclure le territoire de la Moldavie, dans la zone de libre-échange. Cela va à l’encontre d’une éventuelle adhésion de la République à l’union douanière déjà conclue entre la Russie, la Biélorussie et le Kazakhstan.
Si les analystes pro-occidentaux sont persuadés que le chef de l’Eglise orthodoxe russe, va tenter de convaincre les autorités de ne pas signer d’accord avec l’UE, le politologue moldave, Viktor Zhosou, estime que les auteurs de telles déclarations ne font que prendre leurs rêves pour des réalités.

Les médias en langues moldave et roumaine sont en général très hostiles à l’Eglise, et pas seulement au patriarche Kirill. Très liés aux représentants des milieux libéraux et des ONG pro-américaines, ces médias jugent que la visite du patriarche vise à contrecarrer les aspirations européennes de la Moldavie.
La visite du patriarche ne peut en aucun cas, imposer à la Moldavie de choisir entre l’Est et l’Ouest. Cela fait déjà vingt ans que la Moldavie est face à ce choix. Et ce choix se posera encore pendant plusieurs années. Ce n’est ni la venue du patriarche, ni celle de Dmitri Rogozine –  certains observateurs ont cherché à lier les deux événements – qui permettront au pays de faire ce choix. Durant toutes ces années d’indépendance, il n’y a pas eu un seul référendum au cours duquel la population de ce pays a pu exprimer sa volonté ou ses préférences.

La venue du patriarche Kirill en Moldavie se déroule dans un contexte de tension dans les relations entre l’Eglise et l’Etat. Il y a quelques mois, le clergé de l’Eglise de Moldavie a même menacé d’excommunier les hommes politiques, s’ils adoptaient la loi anti-discrimination visant à légaliser le mariage entre personnes de même sexe dans la République.
Ce texte controversé n’a toutefois pas été adopté et le conflit s’est temporairement apaisé. Les croyants moldaves espèrent que la visite du chef de l’Eglise orthodoxe russe permettra de renforcer davantage les relations entre l’Etat et l’Eglise.

Tout déplacement du patriarche Kirill à l’étranger est commenté par les forces politiques généralement hostiles au renouveau politique et spirituel de la Russie. Les hommes politiques ne peuvent comprendre que le patriarche rend simplement visite à la communauté des croyants. Il ne va pas chez quelqu’un en particulier, mais il va prier avec son peuple sur les territoires canoniques de l’Eglise russe. Et il n’y a d’ailleurs rien d’étonnant dans le fait que durant ces visites, le patriarche rencontre également les dirigeants du pays. Ce sont eux aussi des chrétiens orthodoxes qui soutiennent leur population. Ne pas rencontrer les hommes politiques, serait manquer de respect à leur peuple.

Le patriarche Kirill sera à Tiraspol les 8 et 9 septembre. Le président de Transnistrie, Evgueni Chevtchouk, a déjà signé un décret faisant du 9 septembre un jour chômé, je cite « en lien avec les événements sociaux importants organisés pour la visite de Sa Sainteté Kirill, le Patriarche de Moscou et de Toutes les Russies ».  Le voyage du chef de l’Eglise russe dans cette république moldave autoproclamée de Transnistrie, a inquiété les autorités de Chisinau qui ne reconnaissent pas l’indépendance de la Transnistrie. Le Patriarcat de Moscou a réagit avec calme aux commentaires négatifs émis à ce sujet. Et le Père Igor Yakymchuk l’a affirmé : C’est une visite pastorale du patriarche à ses fidèles.