Marseille : un pacte national pour cacher un pacte républicain, contre le FN

Marseille. Depuis le film Borsalino, depuis Coluche, tout le monde sait que Marseille est à la fois, le Chicago des années 30 et la première ville maghrébine traversée par le Paris-Dakar.
C’est une ville curieuse que Marseille. On ne sait plus trop si elle est française, de droite ou de gauche, ou si elle appartient au Milieu. En effet, la French Connexion a plus fait pour la célébrité de Marseille, que les deux seuls maires qui ont présidé aux destinées de la citée phocéennes depuis la Libération : Gaston Deferre et Jean-Claude Gaudin. Le tableau ne serait pas complet, si on n’y rajoutait pas, le foot des années Tapie, véritable maire-consort… sorti du jeu justement, parce qu’il voulait l’être en titre.

À vrai dire, en France, on ne comprend pas Marseille. Et l’on n’a rien à faire de Marseille tant que l’on n’est pas Marseillais…
Pourtant, 15 cadavres encore fumants plus tard, et la voilà sujette d’un « pacte national » qui voudrait que la France toute entière se mobilise, alors que tout français doit déjà éviter les coups de couteau, pour une cigarette non-donnée ou une tête non baissée, quel que soit son patelin, ou sa banlieue. C’est un peu facile et Marseille a une tendance naturelle à l’exagération. Des chauffeurs criblés de balle au volant de leur voiture, il y en a eu aussi à Rouen, à Asnière-sur-Seine, à Fabrègues, à Caen, à Bayeux, à Metz… et j’en passe. Il y a plus de morts par agression à Nice qu’à Marseille. La Seine-Saint-Denis reste le département le plus criminogène de métropole. Sans oublier, la palme d’or : la Guyane, avec 37 exécutions réussies, depuis le mois de janvier. Ce n’est pas parce que c’est la terre d’élection de la ministre de la Justice, Mme Taubira, qu’il faut lui contester la première place.

Vous êtes donc, malgré ces quelques réserves, invité à adhérer au « pacte national », lancé depuis le G20 de Saint-Petersbourg, par un François Hollande, qui, il faut bien le reconnaître, n’avait rien d’autre à faire et s’ennuyait ferme, d’être totalement à la ramasse et isolé lors de ce sommet. Même son, de la cloche de Matignon, le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, je cite : « J’ai dit l’autre jour qu’on avait secoué le cocotier, (…) ce n’est pas le moment de flancher, ce n’est pas le moment de reculer ». Fin d’une brillante citation.
Ce « pacte national » ressemble étrangement au « pacte républicain », qui veut que tous les discrédités de la vie politique, s’allient contre le mouton noir, celui qui n’a jamais eu les commandes entre les mains. On est tous pourris, on vous a menti, on est tous incompétents, on a échoué en tout, c’est vrai, mais vous n’avez pas le droit, moralement, de voter pour quelqu’un d’autre… C’est ça le pacte républicain. François Hollande ne s’en cache même pas, je cite : « C’est bien qu’il y ait ce pacte, y compris parce que nous sommes à la veille d’électionsmunicipales, qu’il y a des concurrences multiples, y compris à l’intérieur d’un parti et qu’il vaut mieux que toutes les personnalités aillent dans le même sens. ». Fin de citation.

Stéphane Ravier, la jeune tête de liste du Front National à Marseille, peut appréhender sereinement les élections municipales de mars prochain. Il est certain, que ce jeune conseiller régional frontiste, inquiète plus les dinosaures phocéens, que les rafales de Kalachnikovs qui résonnent ici où là, de la Cannebière au Quartier Nord. La preuve ? Il n’a pas été invité à la table ronde, organisée par Emmanuel Valls au nom du fameux « pacte national ». Un tri sélectif qui en dit encore plus long, que la présence à cette réunion, de « mis en examen », comme le patron du Conseil Général, le PS Jean-Noël Guérini.
Plus les cadavres tombent, plus les bulletins FN s’empilent.
Ce n’est pas un hasard si le Front National tiendra son Université d’été à Marseille, le week-end prochain. En effet, le parti de Marine Le Pen espère bien remporter la troisième ville de France, en mars 2014.
Et les bonnes consciences ne peuvent même pas lui reprocher un calcul macabre, car les victimes ne sont pas des oies blanches. Tous sont des dealers ou des maffieux, « bien connus des services de police » selon la formule utilisée. On pourrait presque féliciter les tueurs. En effet : pas de victimes collatérales, pas de civils massacrés : plus efficace que l’OTAN.
Alors, puisqu’ils se massacrent entre eux, pourquoi ne pas les laisser faire ? Le contribuable y gagnerait au moins : les frais de police, de justice, d’incarcération et de réinsertion…

Très médiatiques, ces règlements de compte illustrent par trop, l’incompétence du Gouvernement dans le domaine de la sécurité publique. Et l’incompétence tartinée à ce point, cela colle des indigestions à l’électorat. Une solution possible, pourrait être, de faire comme pour le chômage : trafiquer les chiffres pour qu’ils baissent. C’est ce qu’a fait L’INSEE, cet été, en modifiant ses questions pour faire baisser les chiffres. La Police n’aurait qu’à faire de même… Par exemple, avec moins de trois balles dans le corps, ce ne serait plus un meurtre, mais un accident. Voir plus, car c’est plutôt, à chargeur complet de 30 coups, que la cité phocéenne règle ces questions. Et dire qu’il y a des esprits chagrins, pour parler de crise…