Même scénario au Vénézuela : désinformation, manipulations et exactions contre le pouvoir légal

Les seules choses qui semblent sûres dans ce monde, ce sont les coïncidences. Et elles auraient mêmes tendance à se multiplier ces dernières semaines. Après l’Ukraine, c’est le Venezuela qui se retrouve victime d’une tentative de déstabilisation. Une fois encore, des manifestations de l’opposition dégénèrent et attaquent les représentants et les symboles de l’Etat. Comparaison n’est certes pas raison, mais avec ce qui se passe actuellement à Kiev, l’étude des faits révèle une méthodologie en tout point identique, aux fameuses révolutions de couleur. Les Etats-Unis qui agissent en coulisse, en ont fait une doctrine, du nom de son concepteur Gene Sharp, théorisant les coups d’états en douceur. C’est-à-dire avec un minimum de morts, mais des morts bien utiles tout de même, pour décrédibiliser toutes les réponses du gouvernement en place, devenu un régime contre la « libération » ou contre la « révolution ». Tout ou presque tout, sera ainsi surexploité médiatiquement en faveur de la révolte et donc en faveur d’un changement d’autorités, plus compatibles aux intérêts de la puissance atlantiste.

Le Venezuela, comme l’Ukraine d’ailleurs, n’est nullement la proie d’une “guerre civile généralisée”, donc issue d’une majorité. Le Venezuela est la proie de troubles violents, localisés et parfaitement organisés, dont le but est uniquement de renverser le pouvoir légitime. Rappelons que le Président Nicolas Maduro a été élu démocratiquement en 2013, pour remplacer le défunt Hugo Chavez et que le parti Bolivarien a remporté, à une majorité écrasante les élections municipales dont le scrutin a été étroitement surveillés par des observateurs occidentaux. Ce qui cadre mal, vous en conviendrez, avec l’image d’un gouvernement impopulaire, et donc minoritaire, comme le serinent, à longueur de reportages, les médias d’opposition comme les médias occidentaux.

Ces médias vénézueliens soi-disant contrôlés, appartiennent à 90 % à des groupes privés, opposés au gouvernement, et n’ont jamais fait l’objet de la moindre censure, malgré leur participation au putsch de 2002. La seule censure au Venezuela provient des journalistes eux-mêmes, qui passent sous silence les manifestations massives de soutien au président Maduro ou les agressions sur ses partisans. Autre bobard médiatique de taille : la pénurie d’aliments qui serait la cause des violences. Alors comment expliquer que les secteurs populaires ne participent pas aux incendies et aux destructions et que l’épicentre des manifestations contre la “pénurie” soit la Plaza Altamira, coeur des résidences huppées ? Comment comprendre les chiffres de la FAO et de l’OMS qui confirment que le Venezuela a pratiquement éradiqué le problème de la faim ? Pas un mot dans les médias.

En revanche, on ne compte plus les reportages et les articles bidonnés qui reprennent des images détournées, provenant de manifestations en Egypte, en Espagne, au Brésil, en Syrie, en Bulgarie, au Chili, en Grèce et même de films pornographiques américains… pour soi-disant illustrer l’actualité Vénézuelienne et les atrocités commises par les forces de l’ordre. Une information frelatée, tirée des deux mamelles médiatiques occidentales que sont, l’inversion accusatoire et la manipulation des faits. Il n’y a de même aucune chance que ces journalistes, grassement rémunérés pour ne pas faire leur travail, ne relaient les déclarations des chefs d’Etat sud-américains qui condamnent unilatéralement, l’intervention extérieure américaine dans les affaires intérieures du Venezuela et la déstabilisation de la démocratie.

Alors, interrogeons-nous plutôt sur les raisons des troubles et leurs commanditaires. On sait que les Etats-Unis, fidèles à la doctrine Monroe (les américains sont très doctrinaires) ne tolèrent pas les élections de dirigeants échappant à leur hégémonie. En 2002 le Venezuela avait déjà été victime d’une tentative de coup d’état, pour tenter de renverser Hugo Chavez, rétabli dans ses fonctions par l’armée et la population, après 48 heures. Un reportage, intitulé “La révolution ne sera pas télévisée”, que nous vous invitons à visionner, relate très bien cet épisode. Que reprochait donc la puissante caste américanisée, au Commandante ? Principalement d’avoir mis fin à une époque de chaos libéral et d’avoir replacé l’Etat au centre du pouvoir. Mais aussi d’avoir réduit ainsi l’influence des multinationales, en nationalisant les ressources naturelles, comme le pétrole, et en redistribuant les avoirs en priorité pour les plus démunis.

En digne successeur, Nicola Maduro poursuit la politique engagée par Hugo Chavez et s’oppose aux propriétaires des principaux groupes économiques et médiatiques qui participent à cette déstabilisation du pays, politiquement exploitée par l’opposition. Le Venezuela est actuellement en butte à une guerre économique, livrée par des spéculateurs contre lesquels le Gouvernement Bolivarien a pris récemment des mesures fermes, pour que les produits soient enfin vendus à la population, à leur juste prix. Et ces mesures commencent à porter leurs fruits. Autres données occultées, un chômage qui est tombé à 5,6 % et une augmentation de 10 % du salaire minimum.

Mais le Venezuela est surtout la première réserve de pétrole mondiale et le onzième pays exportateur. De quoi attirer biens des convoitises. Surtout dans la stratégie d’accaparement des ressources des continents sud-américain et africain, notamment depuis que le Venezuela est devenu l’un des principaux partenaires et fournisseur de pétrole de la Chine. Pékin lui a d’ailleurs alloué un crédit de 5 milliards de dollars, que Caracas destine au développement d’infrastructures, de constructions de logements et industriels, en échange de pétrole. Des informations que vous ne trouverez pas non plus dans les principaux médias. Malraux reconnaissait mentir mais se justifiait en affirmant que ses mensonges devenaient des vérités. Tchekov lui, estimait que nulle raison ne pourrait justifier le mensonge. Il faut croire que les journalistes qui lisent encore, préfèrent Malraux à Tchekov. Mais il ne faut pas oublier que les révolutions de couleur trouvent d’abord leurs sources dans le noir des encriers, le vert du dollar et le rouge du sang des innocents.