Nouvelle victoire diplomatique pour la Russie avec l’accord sur le nucléaire iranien

Enfin ça y est ! Au cours d’intenses négociations qui auront duré cinq jours, un accord historique vient d’être conclu à Genève entre les six grandes puissances et l’Iran. Une nouvelle victoire diplomatique à mettre au crédit de la Russie, seule nation parmi les négociateurs internationaux à avoir entretenu des relations suffisamment proches avec l’Iran pour permettre, comme l’a toujours souhaité le Président Vladimir Poutine, de dégager une solution acceptable pour les deux parties. Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères, a déclaré qu’il était tout à fait clair que le problème du nucléaire iranien ne pouvait pas être résolu sous la pression des sanctions mises en place par la troïka tant européenne qu’américaine, ou la menace d’une intervention militaire israélienne.

Une position visiblement partagée depuis peu par l’administration américaine et le secrétaire d’Etat John Kerry, sans qui cet accord n’aurait pu aboutir, ni contribuer à la normalisation des relations avec Téhéran. Au point, que Tel-Aviv se déclare trahi et convaincu que le président Barack Obama s’éloigne d’Israël en procédant à une réorientation de la politique américaine au Proche-Orient. Tel-Aviv, qui en raison de la crise économique, dispose en outre de moins de largesses américaines et se cherche donc de nouveaux alliés en se rapprochant comme par le passé de la Russie quand les relations avec l’administration américaine s’étaient déjà tendues. Mais si les deux nations sont amies et partenaires économiques, leurs intérêts géostratégiques sont bien différents. En ce qui concerne le Moyen-Orient en général, Moscou indique que le renversement des régimes politiques par une intervention extérieure ne permettra pas à lui seul, d’éradiquer la violence et le chaos, citant en exemple la Libye, le Yémen, l’Egypte et la Syrie. Israël qui est impliqué dans le conflit syrien, notamment en bombardant des sites militaires affaiblissant le gouvernement de Damas, contribue ainsi au renforcement des groupuscules radicaux en liaison avec Al-Qaïda, ce qui ne fait qu’accroître la menace pour l’Etat juif lui-même et les intérêts occidentaux dans la région.

Dans le cadre de l’accord obtenu à Genève, la Russie se porte garante de veiller à la nature pacifique du programme nucléaire iranien, comme l’a rappelé le président Poutine. Mais l’Etat hébreu se sent de plus en plus isolé sur la scène internationale. Toute politique différant des seuls intérêts israéliens et donc qui ne serait pas « inconditionnelle » à sa politique est immédiatement considérée comme un signe de trahison. Israël recherche le soutien d’autres tiers. Et quels tiers ! D’une part la France dont la politique extérieure soulève une vague de désapprobation internationale en raison de son interventionnisme. La France dont la diplomatie naguère recherchée pour trouver une issue à des situations difficiles, est devenue inefficace, va d’échec en échec, et semble mise à la merci d’intérêts étrangers. Notamment sous l’influence de l’actuel Ministre Laurent Fabius qui brille par son incapacité, tentant de faire capoter tant l’accord avec la Syrie qu’avec l’Iran. Il est vrai que Paris peut avoir quelques griefs communs avec Tel-Aviv contre Washington : comme l’annulation au dernier moment de l’invasion militaire de la Syrie alors que les avions Français avaient selon certaines sources déjà décollés, et surtout l’abandon du marché économique iranien sur injonction de Washington, au bénéfice des seules entreprises américaines.

L’autre soutien « inconditionnel » d’Israël n’est autre que l’Arabie Saoudite que l’on retrouve dans le conflit syrien, et dont Paris bénéficie justement de juteux contrats d’armements et d’investissements. Elle s’est déclarée prête à coopérer dans une attaque directe contre la République Islamique d’Iran. Au motif d’avoir financé les programmes militaires et nucléaires Pakistanais, Ryad a déjà menacé de se doter d’un armement nucléaire prêt à l’emploi. Islamabad mettant à plusieurs reprises ses troupes à disposition de la pétromonarchie pour assurer sa sécurité, appuyant les raids au Yémen et la pacification des provinces chiites, notamment au Barheïn occupé. Mais aujourd’hui les nouvelles orientations géopolitiques en Asie contraignent Islamabad à se rapprocher de la Chine qui voit d’un mauvais œil le financement par l’Arabie Saoudite des séparatistes ouïghours et des salafistes dans le Xinjiang. Bien qu’opposés en Afghanistan, le Pakistan et l’Iran se sont alors rapprochés. Dans ce pays multiconfessionnel et polyethnique, l’élite politique et industrielle pakistanaise est essentiellement composée de chiites. De nouveaux accords de sécurité permettent à Téhéran de poursuivre les extrémistes sunnites baloutches iraniens au Pakistan. Une menace donc jugée peu sérieuse par les experts internationaux qui estiment au contraire que les prophéties apocalyptiques israéliennes et les positions confuses de Riyad, ne peuvent dissimuler très longtemps une vaste tentative de bluff et de chantage à l’heure où les Etats-Unis semblent revenus à des positions moins belliqueuses. Ryad et le lobby saoudien à Washington font tout leur possible pour convaincre les faucons américains, disposant de l’appui du puissant pro-israélien de l’A.I.P.A.C., de perturber par tous les moyens la normalisation des relations entre l’Amérique et l’Iran. Les mêmes au passage à avoir applaudis l’obstructionnisme français au cours des pourparlers de Genève II.

La Russie a adressé un message clair à destination de Riyad : les garanties de veiller à la nature pacifique du programme nucléaire iranien – et d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient – seront oubliées en cas de tentative visant à accroître les tensions régionales, y compris celles visant à empêcher le programme nucléaire civil de Téhéran. Le même genre de message clair et concis a été transmis au responsable des services secrets saoudiens, le prince Bindar, dont John Kerry a récemment demandé la tête au Roi d’Arabie, en ayant la certitude qu’il avait fournis de fausses informations aux services de renseignements et saboté les efforts diplomatiques américains. Un proche du clan Bush, qui à l’époque des attentats du 11 septembre 2001 ayant servi de prétexte à l’invasion de l’Afghanistan puis de l’Irak, était ambassadeur à Washington. Se comportant comme un véritable chef mafieux, il a tenté dans un premier temps de marchander l’abandon du soutien de la Russie à la Syrie comme à l’Iran en échange de contrats d’armement et de concessions pétrolières. Devant le refus poli mais ferme du président Poutine et du chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, il a alors menacé de laisser se développer le terrorisme dans le Caucase, jusqu’au cœur de la Russie. Avouant par là-même l’implication directe des services saoudiens. Selon certains bruits de couloir, la réponse quoique sibylline fut clairement formulée par le président Poutine et parfaitement reçue par l’intéressé : la redirection des armes nucléaires vers Ryad et l’éradication de la dynastie Saoudite. Un avertissement qu’il vaut mieux ne pas prendre à la légère. Difficile en effet de bluffer avec la Russie.