Prestation affligeante des sénateurs français lors de leur visite en Suisse

Il est vrai que vu de Russie, nous avons du mal à comprendre la Hollandie. Autant nous sommes assez admiratifs des savoir-faire français, de l’ingéniosité et de la résistance des Français, de leurs réussites individuelles ou en corps constitués, dès que l’État n’y met pas son nez, autant nous ne comprenons pas la hargne que met la Hollandie à détruire son identité, sa souveraineté, son patrimoine culturel, économique et humain, en se vendant au plus offrant, dans les maisons closes de la mondialisation que sont l’Otan, l’OMC ou l’Union Européenne.
Mais si cette vision russe peut paraître excessive, c’est justement parce que ses relations historiques avec la France ne sont pas seulement économiques.

Cependant la vision suisse de la Hollandie est aussi remarquable pour ne pas dire inquiétante. Elle est d’autant plus intéressante qu’elle est donnée par Fathi Derder, journaliste professionnel, 12 ans de radio d’état suisse notamment au poste de rédacteur en chef et créateur d’une télévision privée régionale. Il est élu au Parlement fédéral dans les rangs du PLR, qui correspondrait à la fusion de l’UMP et du Modem. Sa rencontre avec ses homologues du Sénat français, venus en délégation à Bern, lui a inspiré un texte édifiant que nous avons souhaité vous livrer tel quel.

Voici ce qu’il a écrit :

Ouvrez les guillements :

« D’accord, d’accord…
Nos amis français sont venus lundi à Berne. Une délégation du Sénat en visite. On s’attendait à du lourd: on a été servis. La totale. Ce ton, ce style inimitable: ne jamais parler, toujours expliquer.
Au repas déjà, chez l’ambassadeur, une sénatrice «explique» à ma table que la France est un pays ultralibéral. Oui, Madame. Elle nous raconte les us et coutumes des habitants de cette terre lointaine. Inconnue. Je lui fais remarquer que, si la France est un pays «ultralibéral», la Suisse est un club échangiste. Sous ecstasy.
Quelques minutes plus tard, en séance, un sénateur nous «explique» que nous ne comprenons pas la France. Et sa fiscalité. Il faut savoir que, pour un élu français en tournée en province, si on n’est pas d’accord, c’est qu’on ne l’a pas compris. Alors il réexplique, plus lentement. Il articule. C’est inintéressant, mais joli à entendre.
Puis, devant notre lenteur – toute helvétique –, une sénatrice admet alors que, dans le fond, nous «ne pouvons pas» comprendre la question fiscale française. Car la Suisse est, je cite, «en retard en matière de dépenses publiques». La preuve: les crèches. Je n’invente rien.
Désarmante France. Quarante ans de déficit, une dette abyssale, mais elle fait la leçon. Elle donne un cours de gestion de faillite au pays le plus riche du monde. Le cancre fait la nique au premier de classe: le panache laisse coi. Admirable. Encore!
Moralité: la crise française est plus grave que prévu. On se trompe, notamment, sur sa cause. La France ne souffre ni de son chômage ni de sa dette: elle est malade de son aveuglement. Incapable de se remettre en question. Le fameux «déni»: l’Allemagne a tort, la Suisse a tort, tout le monde a tort.
Et la France? Elle a raison. D’accord? D’accord. Et pendant ce temps, elle coule. Encore et encore. C’est que le début. D’accord, d’accord… »

Fin de citation.
Comme quoi, vue de Moscou ou vue de Bern, la Hollandie c’est toujours la Hollandie.