Saint-Pétersbourg : des fouilles archéologiques nous font remonter aux origines antiques de la ville.

Depuis au moins deux mois, Saint-Pétersbourg grouille de touristes de tous les horizons, attirés par sa réputation, permettant à ses visiteurs de profiter de ses célèbres « Nuits Blanches ». La splendeur exceptionnelle de cette cité hors du commun, l’une des plus belles du monde, a fait d’elle l’une des 10 destinations des touristes et des vacanciers. Elle est également considérée comme la capitale culturelle du nord.

S’il est indiscutable que Saint-Pétersbourg est née de la volonté farouche du tsar Pierre le Grand, une légende tenace rappelle que cette ville serait sortie ex-nihilo des marécages et des forêts. Le tsar visionnaire l’aurait choisi du premier coup d’oeil pour implanter sa future capitale, dans cette zone inhabitée, de part et d’autre de la Néva – en finnois, Néva veut d’ailleurs dire « marais ». En 1834, Alexandre Sergueïevitch Pouchkine, semble d’ailleurs accréditer le fait dans son poème Le Cavalier de bronze, en déclarant Saint-Pétersbourg, « capitale sortie du néant »

En réalité, l’Ingrie, c’est le nom donné à la région qui borde le cours inférieur de la Néva, est habité depuis la plus haute antiquité. Des fouilles en cours depuis plusieurs années, sur le site où Gazprom devait construire sa tour babylonienne, ont permis au professeur Piotr Sorokin, de découvrir un site néolithique incroyablement riche. La tradition, confirmée par l’archéologie, atteste que le site était très peuplé au X siècle par des finno-ougriens vivant essentiellement du travail de la terre. Au XII siècle se sont succédé un village dépendant de Novgorod puis la forteresse de Landskrona édifiée par les Suédois en 1299. Cependant, au début du XIV siècle, alors que la Suède et la république de Novgorod se disputaient le contrôle de cette région, une colonie suédoise, sans doute située sur l’emplacement de la ville, est détruite. Les deux puissances se mettent finalement d’accord pour faire de la région une zone tampon dans laquelle aucune fortification ne pourrait être construite.

Au cours des siècles suivants, la région sert de lieu de débarquement pour les navires empruntant la Néva et vraisemblablement de place commerciale. La Suède envisage même d’y construire une ville importante et en 1611, profitant de leur suprématie du moment sur la région, les Suédois construisent sur la rive, la forteresse de Nyenschantz, littéralement « Fort de la Néva » (appelé Kantsy en russe). Elle est située à proximité d’une petite colonie de la petite ville de Nyen, sur le cap du confluent de la rivière Okhta et de la rivière Neva. En 1632, Nyenschantz est devenue une ville et en 1638, elle reçoit le « Stock Right » : le droit pour le commerce maritime avec l’étranger. C’est en 1656 que Pierre le Grand envahira la ville et que la Couronne de Suède déplacera le centre administratif d’Ingrie à Narva.

A la fin du XVII, entre 2000 à 2500 personnes vivent dans Nyenschantz. Elles sont à majorité finnoises, avec également des apports suédois et prussiens. Se développant rapidement, la colonie bénéficie de privilèges urbains et devient en 1642, le chef-lieu de l’Ingrie suédoise. Au début du XVIII, la ville est devenue une forteresse avec cinq bastions et deux demi-lunes à l’Est, gardée par une fortification de terre et sa garnison d’environ 800 personnes et 49 canons. Cependant, le comptoir suédois stratégique de Nyen va être entièrement incendiée en 1702, par les autorités suédoises elles-mêmes, pour éviter qu’elle puisse servir de plate-forme de tir, contre la forteresse en cas d’invasion russe.
En effet, attaquée et assiégée par les troupes de Cherémétiev, pour le compte de Pierre le Grand, le 26 avril 1703, elle cède le 1er mai suivant. Elle est rebaptisée immédiatement : Schlotburg (Ville-Château) ou goulot, en référence au long rétrécissement de la Neva qu’elle surplombait, à l’opposé de Chlisselbourg, appelée Nöteborg en suédois, située elle à l’autre extrémité de la Neva. Le conseil militaire russe décide pourtant que « la terre n’est pas assez ferme » et qu’une nouvelle forteresse devra être construite.

Selon des données cartographiques, les ruines des fortifications de  Nyenschantz survécurent jusqu’au début du XIX, une usine étant  même construite sur son emplacement. Dans les années 90, des fouilles archéologiques commencèrent, un monument commémoratif sera érigé en 1998, sur les lieux, et le territoire Nyenschantz recevra le statut de monument archéologique et verra, le 15 juin 2000, l’édification d’un monument à l’emplacement de l’ancien fort, à l’embouchure de l’Okhta, d’après le projet de Reppo. En mai 2003, pour le tricentenaire de Saint-Pétersbourg, un musée local organise dans la forteresse, une exposition intitulée : « Nyenschantz  700 ans  à l’embouchure de la Néva ». Les fouilles archéologiques de l’hiver 2007, ont permis de mettre au jour les vestiges des bastions de la forteresse suédoise.

Des associations et des architectes réclament la création d’un musée archéologique avec à sa tête Anatoly Kirpichnikov, déjà à la tête du département archéologique finno-slave de l’Académie russe des sciences. À l’instar de ce qui se fait dans les villes européennes, on pourrait exposer les ruines à ciel ouvert, en recouvrant les vestiges de plaques en verre. Une vidéo intitulée « 5000 ans avant Saint-Petersbourg, sur le site de la tour Gazprom », a été diffusée à la télévision et sur Internet et fait le point sur la question. Elle sera bientôt diffusée sur notre site ProRussia.tv, sous-titrée en français.