Sanctions européennes contre la Russie : attention au retour de manivelle !

L’Union européenne et les Etats-Unis, furieux de voir la Russie éteindre le feu, allumé par leurs soins en Ukraine et en Crimée, ont décidé de prendre des sanctions contre la Russie et certains de ses dirigeants, mais aussi contre des journalistes ou des hommes d’affaires.
On passera rapidement sur l’option militaire qui n’a été envisagée que par Laurent Fabius et qui a fait rire la terre entière, jusqu’aux éleveurs de Rennes de la Yakoutie. C’est désormais la bonne blague qu’on se raconte au coin du feu, après une journée de chasse.
Ces sanctions prises contre les ressortissants russes visent à geler les avoirs de ces derniers hors-Russie et à les interdire de déplacement dans la zone européenne. Cela concerne des personnalités comme le Président de la Douma, des ministres, des vices-premiers ministres ou des journalistes. C’est idiot à deux titres. Premièrement, conformément à une loi russe de l’année dernière, les fonctionnaires, diplomates et élus russes… n’ont pas le droit d’avoir des avoirs à l’étranger, pour ne pas être corrompus. Effet donc nul. Deuxièmement prétendre résoudre des crises diplomatiques en interdisant aux diplomates de se déplacer, c’est faire preuve d’une hypocrisie sans borne et oublier que l’Union européenne et les USA ne représentent pas le monde : il reste tout le continent sud-américain, l’Afrique, l’Asie, l’Océanie… Soit 65% du commerce mondial.

Et l’on en revient à la question primordiale. Qui a le plus besoin de l’autre ? On mettra de côté les USA, qui n’ont aucun partenaire, juste des valets et l’on se concentrera sur l’Europe, l’Union européenne. La Russie fournie à l’Europe un tiers du gaz, du pétrole et du charbon qu’elle consomme. La Russie, peut, du jour au lendemain, vendre la totalité de sa production à la Chine, gros consommateur énergétique. L’Europe, elle, n’a que très peu d’option, surtout en ce qui concerne le gaz. Elle devra soit acheter le gaz de schiste américain, soit exploiter le gisement israëlo-chypriote… et donc résoudre la crise gréco-turque qui traine depuis 1970, baril de poudre capable de faire sauter l’OTAN auxquels ces deux pays appartiennent tout en étant toujours potentiellement en guerre… Au passage, GazProm, la grande compagnie russe, est associée à ce projet. Le serpent se mord la queue.

Le chiffre d’affaires entre les Russes et l’Europe occidentale accuse nettement un solde positif et ce, en faveur de l’Europe Occidentale. Les grandes transnationales européennes se sont taillées des parts léonines sur le marché russe : à ne citer parmi elles que le géant logistique germano-français, Kuehne-Nagel, ou encore Airbus recevant jusqu’à 40% de son aluminium des entreprises russes. Sans citer la grande compagnie spécialisée en avionique militaire et civile Thales, ou le très connu fabricant des propulseurs Sagem, ou encore Peugeot, Renault et Citroën qui auraient du mal à joindre les deux bouts sans le marché russe. La disparition de ces débouchés juteux générerait également des licenciements en chaîne dans l’Hexagone. Je pourrais également évoquer les supermarchés russes remplis à craquer du cognac Otard ou Bordeaux millésimés à raison de centaines de bouteilles par rayon. Que dire du groupe Mullier, présent en Russie depuis les années 80 au travers des marques comme Auchan, Leroy Merlin ou Décathlon. Car le plus va-t-en-guerre des pays européens, la Hollandie, est aussi celui qui a le plus à perdre en matière d’emplois, de ressources, et de débouchés industriels. Tout ça parce qu’un fou comme BHL est allé draguer les néo-nazis de la place Maidan. Y’a-t-il encore un homme censé dans ce gouvernement d’irresponsables ? Même sur la question du Mistral, la France adopte une position suicidaire.

Qu’est-ce qui intéressait les Russes dans l’achat du porte-hélicoptère Mistral ? La carène ? Les matériaux composites ? Non. D’ailleurs la plupart des ressources nécessaires viennent de Russie, même pour les deux unités construites à Saint-Nazaire. Non, ce que voulait la marine russe, c’est le système électronique permettant de marier les centres de commande et de prise de décision des différentes unités de combat en haute mer. Ce progiciel de combat faisait cruellement défaut aux navires russes : la période de corruption et de gaspillage de l’ère Eltsine a fait prendre du retard sur la question aux ingénieurs russes, alors que les excellents chercheurs français travaillaient d’arrache-pied pour affûter leur concept informatique. Conformément aux accords conclus pour la production des Mistral, ce système a été transféré quasiment dès le début, à la marine russe pour l’adapter à ses navires, ses hélicoptères et ses avions… Moralité, si l’accord venait à être suspendu unilatéralement par la France, les Russes construiraient quand même leurs navires… pendant que les ouvriers de Saint-Nazaire seraient licenciés, les chantiers se retrouvant avec une ardoise d’un milliard et demi d’euros.

Pour l’instant, la Russie de Vladimir Poutine a répondu avec tact à la tentative d’isolement, orchestré par l’Occident. Désormais, les conditions d’obtention des visas pour aller en Russie, seront simplifiées, la durée de séjour autorisée augmentée à 6 mois, avec plusieurs entrées possibles. Mais il viendra peut-être un temps où la Russie sera fatiguée de tendre la main à une Europe, esclave docile de Washington. Le partenaire privilégié dont rêve la Russie est une Europe indépendante, fière de son histoire et de sa culture, gardienne de ses civilisations, consciente de ses intérêts et maître de son destin. Mais si elle n’est qu’un paillasson pour la pornographie américaine et l’immigration de peuplement, autant fermer tout de suite ses portes.