Un officier de gendarmerie met les élus face à la ruine du système judiciaire français

C’est un homme d’honneur, un officier, qui s’est exprimé le 18 décembre devant la commission parlementaire de « lutte contre l’insécurité ». Il aura fallu un mois, pour que les propos du Général Soubelet, propos qu’il savait enregistrés, arrivent aux oreilles du public. Et les Français ont pu découvrir que le n°3 de la gendarmerie, n’avait ni sa langue dans sa poche, ni des œillères, fut-ce au prix de sa carrière. Pendant les 90 minutes qui lui furent accordées, ce général 4 étoiles s’est à la fois fait l’avocat de l’excellence de ses hommes et le procureur d’un système judicaire à bout de souffle, qui ne fonctionne qu’à l’idéologie et au dogmatisme. Ses propos posés, ceux d’un grand professionnel, en charge des opérations et de l’emploi, à la Direction générale de la gendarmerie nationale, ont dérangé beaucoup de monde.

Évoquant en préambule de son intervention, la lourdeur des procédures «sur le plan juridique», qui complique le travail des gendarmes, le général Bertrand Soubelet lâche je cite, que « les délinquants le savent et profitent du système (…) et il assène : Les gendarmes sont inquiets car on prend plus soin des auteurs que des victimes ». Il précise qu’en 2013, le travail de la gendarmerie a permis une hausse de 4% de personnes mises en cause, alors que le nombre de placements sous écrou « a diminué de 33% ». Et ça, c’est de la responsabilité de la justice.

Sans fard, loin du politiquement correct, il affirme que « les auteurs d’atteintes aux biens (cambriolages, vols…), les plus importantes numériquement, bénéficient d’un traitement pénal qui leur permet de continuer à exercer leurs activités ». Chiffres à l’appui, il illustre ses propos devant les députés : 65% des cambrioleurs interpellés dans les Bouches-du-Rhône, en novembre 2013 sont déjà dans la nature… Et le phénomène touche l’ensemble du territoire, puisque, je le cite à nouveau : « La notion de sanctuaire rural et périurbain n’existe plus (…) la délinquance et l’insécurité frappent au cœur de nos territoires, dans la ruralité profonde ».  Un phénomène lié à : une « migration importante de la population française en dehors des 25 agglomérations les plus importantes, vers la zone gendarmerie ».

Le général Soubelet s’interroge également : « Quand vous lâchez 65% de ceux qui se sont rendus coupables d’un certain nombre d’exactions, comment voulez-vous que les chiffres baissent ? ». Et il conclut : « c’est tout à fait impossible. Vous pouvez multiplier par deux, les effectifs de gendarmes dans les Bouches-du-Rhône, cela ne changerait rien. La réalité, c’est celle-là, je pense que c’est mon devoir de vous le dire, de manière peut-être un peu crue ». Pour bien faire comprendre que le problème de l’insécurité et celui du sentiment d’insécurité bien réel qui préoccupe les Français, ne sont pas générés par une défaillance des forces de l’ordre, il cite en exemple un autre département qu’il ne nome pas, où affirme-t-il encore : «le parquet recommande de mettre dehors les présumés délinquants mineurs étrangers, faute de moyens pour trouver un interprète ». Même laxisme de la justice, lorsque le « critère de valeur » pour une garde à vue, est qu’à « moins de 300 euros » de préjudice, « on remet tout le monde dehors ».

Rien de très neuf, en réalité.
Il est évident que le laxisme des juges, ne posant plus de barrières et de distinction claire, entre le bien et le mal, encourage la récidive, puisqu’elle s’apparente à une quasi-totale impunité. Et plus tôt intervient le rappel à la loi, plus tôt le délinquant peut avoir une seconde chance. Ce n’est pas le laxisme qui est humainement et socialement acceptable, mais bel et bien l’exemplarité de la sanction qui confère à la victime, comme au criminel, sa place dans la société. Ce qui est nouveau, en revanche, c’est qu’un officier parle publiquement, au nom de ses hommes. Il semblerait que ce corps d’élite en ait assez, de voir ses rapports confidentiels, finir au fond des corbeilles d’élus inconscients de la réalité du terrain, et tente de leur rappeler que la devise de la gendarmerie est : « Pour la patrie, l’honneur et le droit », trois notions que la Hollandie bafoue sans doute, un peu trop à leur goût.