Au Luxembourg comme partout en Europe, les services secrets travaillent d’abord pour la CIA

On parle peu de ce petit pays situé entre la France et la Belgique, le Luxembourg qui se distingue par le nombre de banques et de sièges sociaux de grandes entreprises, qu’il accueille sur son sol. La récente démission de son premier ministre, l’inamovible Jean-Claude Junker, remet sur le devant de la scène, un pays qui a basé sa réputation sur sa stabilité et sa discrétion. Car au Luxembourg, l’Argent est roi et le gouvernement est son prophète. Véritable Qatar européen, ce minuscule pays de seulement 500 000 habitants, a su attirer d’immenses fortunes, grâce à des conditions fiscales que beaucoup lui envient et un secret bancaire à toute épreuve. Cela même, quand la Suisse est attaquée tant par Washington que par Bruxelles. Le Luxembourg est le deuxième centre de fonds d’investissement du monde, après les Etats-Unis, et le plus grand centre de banque privée dans la zone euro.
M. Juncker qui est membre du gouvernement, depuis plus de 30 ans, et Premier ministre depuis 1995, est également l’ancien gouverneur de la Banque mondiale. Il occupe encore cette fonction pour le FMI et pour la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement.
Cet européiste convaincu fut le premier président de l’Eurogroupe qui rassemble les ministres des finances européens. Il est une pièce maîtresse de l’architecture du traité de Maastricht et de l’Union économique et monétaire. Il est aussi le successeur de Jacques Santer, ancien Premier ministre du Grand-duché du Luxembourg, puis président de la Commission européenne de 1995 à 1999, dont il dut démissionner après un retentissant scandale de népotisme et de corruption.

Alors, Jean-Claude Juncker serait-il une victime collatérale des révélations de John Snowden ? La coalition au pouvoir a exigé la dissolution du parlement et la tenue de nouvelles élections anticipées, après que des « mouchard » électroniques aient été découverts, dans les cabinets des ministres et des députés. Le scandale n’est pas qu’une simple crise politique, une question d’évasion fiscale ou de gros sous. C’est celui de la surveillance globale, exercée par les services secrets américains, agissant en tandem avec leurs homologues luxembourgeois du SREL en accumulant des informations sur les concitoyens, sans cadre juridique défini, menant des écoutes sans autorisation, faisant de l’espionnage politique interne, créant des archives secrètes, inventant des rumeurs et des dossiers de toutes pièces, afin de décrédibiliser d’éventuels empêcheurs d’espionner en rond, comme le procureur général de l’Etat, à l’origine de cette révélation, et accusé de pédophilie.

Mais ce nouveau scandale n’est en fait que la partie émergée de l’iceberg. L’opiniâtreté d’un juge, a fait ressortir un à un les cadavres d’une armoire que l’on croyait close à tout jamais. Comme cette affaire vieille de trente ans qui avait plongé le pays dans la terreur après une campagne d’attentats meurtriers entre 1984 et 1986.
Comme dans bon nombre de pays européens, à différentes époque, on retrouve la trace d’anciens policiers ou militaires, paramilitaires ou simples citoyens, ayant agis avec l’aval du SREL et bien sûrs d’hommes politiques en place à l’époque, parmi lesquels on retrouve un certain Jean-Claude Juncker et le Grand Duc lui-même.
Les journalistes mirent en cause le directeur général de la Police et établirent des liens avec des affaires du Gladio (le glaive en italien), dans les autres États européens, comme l’attentat de la gare de Bologne en Italie. Selon les aveux même de M. Santer, auquel succéda M. Juncker et qui s’opposait à tout projet de contrôle, le Gladio décrit une organisation mise au point par l’OTAN sur le concept de Forces Spéciales dont les membres étaient formés pour des opérations de sabotage, de guérilla et de collecte de renseignements sous occupation ennemie. Officiellement l’organisation a été dissoute en 1990. Pourtant des preuves s’accumulent, qui établissent la responsabilité des combattants « stay-behind », dans des attentats et d’autres actes de terrorisme, visant, à influer sur le climat politique ou à la mise en place d’une politique de tension. On est loin d’une organisation secrète de résistance patriotique prévue dans l’hypothèse d’une occupation ennemie du territoire. A l’époque il convenait de sauver l’Europe du communisme. Malheureusement aujourd’hui ce sont les soviets-libéraux qui sont aux manettes. Cette armée secrète sévit encore mais à d’autres fins.

N’oublions pas que l’Otan a pour symbole une rose des vent ; un repère que l’on place sous l’aiguille du compas, qui indique le cap et en fonction duquel on effectue les corrections nécessaires, si le navire menace de dévier de sa trajectoire. L’OTAN est ainsi devenu un instrument de puissance, chargé de garantir l’alignement de la politique intérieure européenne, sur celle du bloc de l’Ouest. Et cela par tous les moyens nécessaires, même si la population devait manifester une inclination divergente. La France, à l’instar du Luxembourg et des pays de l’UE ne jouissent donc, que d’une souveraineté limitée. La position de la Maison-Blanche et de Bruxelles, s’oppose de plus en plus à la volonté exprimée démocratiquement par les peuples. Si par malheur un mouvement populaire avait des velléités d’indépendance ou de souveraineté, voir des chances d’arriver au pouvoir, il suffirait de créer une situation politique instaurant des mesures d’exceptions. Quelle que soit son orientation, l’adversaire sera d’abord voué aux gémonies, comme la résurgence d’un fantasmatique fascisme, et désigné de fait, comme responsable d’une guerre civile où chacun est l’ennemi de chacun. Et si cela ne suffit pas, les forces otanesques vitrifieront ce qui restera d’opposition, à la Pax americana.

Le philosophe Normand, Emile-Auguste Chartier, dit Alain, a déclaré que l’espionnage c’était l’abus de confiance mis au service de la patrie. Certes, cependant à l’époque, la Patrie signifiait encore quelque chose. Aujourd’hui il faudrait s‘interroger sur qui espionne qui, et surtout à quelles fins. On peut légitimement se poser la question, sur le rôle joué par les services secrets, dans les démocraties modernes et l’origine réelle de l’Union Européenne. Tous les banquiers ne sont certes pas des barbus, mais certains paraissent si proches des barbouzes, qu’ils sembleraient en faire partie. Le fameux ennemi de l’intérieur n’est certainement pas le simple citoyen, mais bien ceux qui tirent les ficelles dans l’ombre et utilisent les services de renseignement, pour les transformer en agences de surveillance et de contrôle des populations.