Crise syrienne : le scénario russe suivi à la lettre, pendant que l’ASL et les Occidentaux perdent pieds face aux islamistes.

Tandis que l’Armée Nationale syrienne poursuit sa reconquête méthodique du territoire, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont déclaré suspendre, jusqu’à nouvel ordre, l’aide militaire qu’ils accordaient jusqu’à présent à l’ASL, l’organisation armée qui leur permettait d’équiper les forces rebelles opposées au gouvernement de Bachar El Assad. Comme cela était prévisible, la fragile ASL constituée de cadres et soldats déserteurs, passés avec armes et bagages sous le giron de l’OTAN, apportait un vernis démocratique aux opérations de déstabilisation en Syrie, mais n’a jamais eu les troupes ou le soutien populaire qu’elle revendiquait. S’arrogeant même le prétendu contrôle de groupes avec lesquels elles n’avaient aucun lien. Ses groupes constitués le plus souvent de civils payés, équipés et formés par les instructeurs occidentaux, n’ont donc pas résisté bien longtemps aux coups de boutoirs et à la montée en puissance, des groupes de mercenaires islamistes de toutes origines, mais certainement pas syrienne, soutenus par l’Arabie saoudite.

L’ASL avait accueilli dans ses bases, les combattants du Front islamique pour les aider à repousser une attaque hypothétique. En fait, le Front en a profité pour s’emparer d’une enclave le long de la frontière turque et pour exterminer les cadres de l’ASL, provoquant la fuite précipitée d’un de ses responsables, le général Salim Idris contraint à l’exil. Dans l’opération, les terroristes ont fait main basse sur des chars d’assaut, des véhicules tout-terrains, du matériel de communication et des armes, fournis par les puissances occidentales. De quoi prolonger de plusieurs mois le martyr du peuple syrien, alors que doit se tenir le 20 décembre prochain à Genève, une réunion de préparation de la conférence visant à réunir autour de la table de négociations tous les acteurs du conflit syrien pour trouver une solution pacifique et faire cesser la guerre civile qui dure depuis près de trois ans.

Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a précisé que la Russie veillerait au respect de la résolution 2118 du Conseil de Sécurité de l’ONU, qui a approuvé le désarmement chimique qui se poursuivait à la cadence prévue et qu’aucun contretemps n’était à craindre. Le même texte approuve la convocation de Genève 2 en spécifiant que le dialogue doit être mené par toutes les couches de la société syrienne. Par conséquent, il faudra faire en sorte que l’opposition syrienne soit représentée, au lieu de voir à la place une seule organisation dont la validité peut être légitimement mise en doute.
La débâcle de l’ASL intervient à un moment crucial pour le gouvernement Obama. En effet, le pays et ses élites politiques et militaires, sont fortement divisés sur la politique que devrait adopter l’OTAN en Syrie. Il est difficile en tout cas de cautionner les atrocités commises par les alliés d’hier qui ne font que discréditer encore plus la rébellion ou de mentir encore sur l’utilisation de gaz sarin, en essayant à chaque fois d’en faire endosser la responsabilité à Damas, alors que les preuves s’accumulent sur ces mêmes groupes extrémistes.

Tout en se révélant incapable de faire tomber Assad, malgré le soutien militaire, financier et médiatique des puissances intervenantes, la rébellion a ruiné le pays, causant plus de cent mille victimes. Elle a poussé sept millions de réfugiés à fuir leur foyer, ravivé les tensions entre sunnites et chiites dans tout le Moyen-Orient et permis à Al Qaïda et ses alliés, de se tailler une enclave de taille respectable, au Nord et à l’Est de la Syrie. Les occidentaux en sont réduits à affirmer publiquement qu’ils ne considèrent plus le régime de Bachar al-Assad comme la menace principale, mais au contraire comme un rempart devant la menace de conquête de la Syrie et d’autres grandes régions au Nord de l’Afrique et au Moyen-Orient, par l’internationale terroriste.

Sergueï Lavrov rappelle que la Russie mettait constamment ce problème à la première place, en parlant avec ses interlocuteurs de tout ce qu’il faut faire pour mettre en place un gouvernement d’alliance entre le gouvernement et l’opposition patriotique, contre les terroristes, qui ont afflué en Syrie, du monde entiers. Une direction dans laquelle se maintient la Russie, qui tranche avec les déclarations du Ministre des Affaires Etrangères français, qui s’est montré très pessimiste, quant à la réussite de Genève 2, la conférence internationale sur la Syrie prévue en janvier, ainsi qu’à propos de l’avenir de la Syrie en général. Il faut dire que l’homme n’est pas à une contradiction près, et il ne semble plus savoir ce qu’est venue faire la France dans cette chébèque. D’ailleurs, N’avait-il pas en son temps présenté la victoire de François Hollande comme une tâche de salut public ? Pour le plus grand bien de son pays, la diplomatie française devrait pouvoir se sacrifier d’un si grand visionnaire.