Découvrez la Russie en Île de France à travers ses églises orthodoxes

Si cette année vous n’avez pas la chance de pouvoir vous rendre en Russie en vacances, tranquillisez-vous, la Russie est à portée de main, sans avoir à prendre l’avion ou à subir les affres des demandes de visa et des fouilles aéroportuaires. Depuis que les « cosaques » sont venus pour la première fois à Paris, avec Alexandre 1er en 1814, devançant de deux ans la mode des Montagnes russes, et les premiers emprunts de 1867, la Russie est entrée dans la vie des Français. La visite du tsar Nicolas II en 1896, pendant l’alliance franco-russe, fut une apothéose et la croisade pour l’Art russes de Diaghilev, une conquête artistique irréversible qui influença jusqu’à la mode vestimentaire, et cela bien au delà des vingt ans d’existence officielle des célèbres Saisons de Diaghilev, attendues chaque année avec le printemps. Seule la terreur communiste semblait avoir mis un terme à cette fraternité franco-russe. Maintenant il est clair que russes et français, surtout depuis l’année croisée franco-russe de 2010, on montré qu’ils avaient à cœur de se retrouver l’un chez l’autre.

Consécutivement à la première guerre mondiale qui les avait rapprochés, et après que leur pays ait basculé dans la tyrannie d’une révolution sanguinaire en 1917, de nombreux russes ont trouvé refuge en France pour se protéger du crime et de l’arbitraire léninistes. Leur installation en France à travers des vagues successives, a laissé de nombreux témoignages dans l’architecture de Paris et de l’Ile de France. Tout le monde a entendu parler du cimetière de Sainte-Geneviève-des-Bois où depuis 1926, reposent pour l’éternité de nombreuses personnalités russes qui ont défrayées l’actualité artistique ou mondaines. 10 000 sépultures font de cet enclos sacré, un des premiers hauts-lieu de la Russie dans notre pays devenu le leur.

L’église de la Dormition, dans ce cimetière, a été construite en 1938 par Albert Benois, dans le style des églises de Novgorod du XVe siècle. Il en a également peint les fresques intérieures avec sa femme, lui donnant ainsi le droit de reposer avec lui dans la crypte, aux côtés des dignitaires de l’église orthodoxe de France. L’autre phare monumental de la présence russe à Paris, est bien entendu la cathédrale Saint Alexandre Nevsky, située au 12 de la rue Daru et bien connue de la Communauté orthodoxe dès sa construction en 1861. Dans un style « byzantino-moscovite », ses cinq tours pyramidales, surmontées de bulbes dorés, symbolisant le Christ et les quatre évangélistes, s’élèvent vers le ciel avec la flamme des cierges.

Dans un autre quartier de Paris, au 93 rue de Crimée exactement, l’église Saint-Serge de Radonège s’élève derrière un rideau d’arbres, au fond d’une cour. Pas de bulbe cette fois, mais un superbe escalier en bois à double révolution, décoré, par le peintre Dimitri Steletsky, de fresques dans le style du XVIe siècle, représentant les Saints Pères de la foi orthodoxe. Les portes royales de l’iconostase sont elles, d’authentiques œuvres du XVIe siècle moscovite.

L’église en bois Saint-Séraphin de Sarov, au 91 de  la rue Lecourbe dans le 16ème arrondissement, se dresse au milieu d’un bosquet de bouleaux, cet arbre cher aux Russes, et assure elle aussi, avec ses deux bulbes bleus, un dépaysement garanti. D’autres églises russes fleurissent également dans les 15e et 16e arrondissement de Paris, où s’étaient implantés à l’origine les exilés russes.

Autour de Paris, on pourra également signaler l’église Saint-Séraphin de Sarov à Chelles en Seine et Marne, l’ermitage du Saint-Esprit au Mesnil Saint-Denis dans les Yvelines, qui abrite un vaste ensemble comprenant un portique à trois bulbes, ouvrant sur une parcelle de forêt où s’élève une église à 6 bulbes, un baptistère et des cabanes en bois où vivent des ermites. N’oublions pas également l’église Saint-Nicolas de Boulogne Billancourt, l’église Notre-Dame souveraine à Chaville, l’église  Saint-Constantin et Hélène à Clamart, l’église de la Résurrection du Christ à Meudon et la Chapelle Saint-Georges, également à Meudon, même si elle n’ont pas l’intérêt architectural des premières.

L’architecture civile russe n’est pas oubliée non plus, vous pouvez voir quatre « isbas » à la villa Beauséjour, dans le 16e  arrondissement, construites pour l’exposition universelle de 1967, ou encore la « datcha » d’Yvan Tourgueniev, construite à Bougival en souvenir de la maison qu’il possédait à Spaskoïé, située à une soixante de kilomètres d’Orel, sa ville natale.
Bonne découverte de la Russie en Île de France.