France-Russie: investissements sans réciprocité

Quels sont les principaux freins pour le flux des investissements russes en France? En quoi consistent les priorités dans les orientations actuelles de la collaboration dans le domaine économique entre la France et la Russie? Jerome Clausen, directeur exécutif de l’Agence française pour les investissements étrangers ( AFII) à Moscou répond aux questions de Françoise Compoint et Anna Karpova.

Аnna Karpova:Quelles sont les priorités actuelles de la coopération économique entre la France et la Russie ?
Jérôme Clausen : C’est effectivement d’augmenter des échanges bilatéraux. Pour la partie qui concerne les investissements français en Russie on a aujourd’hui presque 12 milliards d’euros d’investissements français en Russie. Et pour l’inverse la croissance est très positive: nous avons il y a trois ans près de 130 millions d’euros d’investissements russes, nous passons la barre d’un milliard au mois de mai de 2013. Donc en trois ans les capitaux russes sont été multipliés par sept en France. Et les perspectives sont très bonnes avec les projets que nous suivons cette année et qui seront transformés en 2013, 2014,2015.

Françoise Compoint :Quelles sont les armes dont la France dispose pour attirer les investissements étrangers, russes en particulier ?
Jérôme Clausen : L’Union européenne représente un marché de 500 millions de consommateurs. L’Union européenne est le premier pays PIB mondial et dans ce PIB la France représente le deuxième PIB. .. Ça donne l’accès pour les entreprises russes au marché européen, notamment la France, l’Europe du Sud et l’Afrique. C’est la vocation de notre pays. C’est la manière dont nous nous positionnons par rapport à d’autres pays d’accueil d’investissements étrangers comme le Benelux, l’Allemagne ou l’Angleterre.

Françoise Compoint : Quel impact a eu la crise de la zone euro sur le succès de votre entreprise ?
Jérôme Clausen : Plutôt positif. Avec la crise et la baisse de la valeur des actifs des entreprises un grand nombre de sociétés ont ouvert leur capital à des sociétés étrangères. Aujourd’hui 35% des exportations françaises sont liées aux groupes étrangers. Cette part augmente chaque année. Et les Russes prennent part à ces exportations. La bonne nouvelle c’est que la Russie et la France partagent deux passions qui sont la passion pour l’innovation et pour l’industrie. Nous l’avons vu dans le domaine ferroviaire, aéronautique, agroalimentaire…