Hommage à Mikhaïl Lermontov au Centre de Russie pour la Culture et la Science de Paris, à l’occasion du bicentenaire de sa naissance.

A la veille de la journée de la poésie, ce vendredi 21 mars, Ina Merkoulova, du Centre de Russie pour la Science et la culture, en coopération avec le Musée littéraire d’Etat de Moscou, a présenté à l’espace Russophonie du Salon du livre, une petite  exposition pour lancer le bicentenaire de la naissance du grand poète, dramaturge, romancier et peintre, Mikhaïl Iourievitch Lermontov, né à Moscou le 15 octobre 1814.

Si en France, il est beaucoup moins connu que certains de ses compatriotes, Lermontov n’en est pas moins considéré comme le plus grand poète russe de son temps, juste après Pouchkine, et la figure dominante du romantisme russe. Par son œuvre poétique et littéraire, il passe d’ailleurs pour avoir fondé la tradition du roman psychologique russe avec son livre « Un héros de notre temps ». Celui-ci représente d’ailleurs, une étape importante dans la formation du roman russe : l’intrigue et le cadre romantiques de l’histoire, passent au second plan pour faire place au souci de l’analyse psychologique des personnages. Pour Gogol, Tolstoï ou encore Tchekhov, la prose de Lermontov est un modèle de perfection stylistique. Curieusement, il n’existe aucune édition biographique française de cette personnalité, qui parlait parfaitement le français, comme l’allemand et l’anglais.

En 1827, il est élève de la Pension noble de Moscou. Il s’enthousiasme, avec ses condisciples, pour la poésie de Pouchkine et de Byron. Fortement inspiré par eux, il écrit ses premiers poèmes vers 1828, « les Tcherkesses » et « le Prisonnier du Caucase ». Exclu de l’Université de Moscou en 1831 pour indiscipline, il entre à l’école des Cadets de Saint-Pétersbourg, puis est incorporé dans les hussards de la garde, à Tsarskoïe Selo. Lors de ses temps libres, il participe à la vie mondaine de la Capitale qui lui inspire en 1835, sa pièce de théâtre « Un bal masqué » et un roman commencé en 1836, « la Princesse Ligovskaïa », qui restera inachevé. En 1837, en réaction à la mort de Pouchkine, tué dans un duel qu’il avait provoqué, il compose son poème « La Mort du poète », où il s’en prend au milieu de la cour qu’il rend responsable du drame. Cela lui vaut d’être envoyé au Caucase comme simple soldat, mais aussi d’acquérir la célébrité. Il est alors introduit à la direction du « Contemporain », le journal fondé par Pouchkine, où il publie son plus beau poème, « Borodino »

De retour à Saint-Pétersbourg, il renoue avec les milieux littéraires et les salons de la capitale, mais reste un esprit frondeur. A la suite d’un duel, avec le fils de l’ambassadeur de France, il est à nouveau envoyé au Caucase où il participe à une campagne dangereuse qu’il décrit dans ses poèmes, dont un petit nombre d’entre eux sont publiés en 1840 dans un recueil. L’année suivante, le 27 juillet 1841, un duel provoqué par une querelle avec son camarade Martynov dans des conditions assez obscures, met fin brutalement à sa vie.
Il a laissé une œuvre romantique importante, aussi bien dans le domaine littéraire et poétique, que dans le dessin et la peinture. Comme poète, il se sentait exilé dans le monde des gens ordinaires, incapable de réaliser son idéal. Il est volontairement coupé du monde ordinaire et n’a pas sa place dans je cite, ce « pays de maîtres et d’esclaves »

Il a écrit cinq pièces en vers dans sa jeunesse et plus tard, « Le Bal masqué » qui est largement autobiographique. Le héros désenchanté, cher à Lermontov, c’est Petchorine, déjà présent dans « le Héros de notre temps », et dans « la Princesse Lougovskaïa ». Personnage central d’un roman composé en fait de cinq nouvelles : Bella, Maxime Maksimytch, Taman, la Princesse Mary et le Fataliste. Elles sont rassemblées sans ordre chronologique et donnent du héros une image d’abord extérieur, par le récit d’un vieil officier, puis plus intérieure, par le récit de Petchorine lui-même. Ce livre est à la fois un roman d’aventures et une étude de mœurs. L’action se déroule de 1827 à 1833 et retrace l’histoire d’un jeune officier exilé au Caucase après le complot décabriste. Chacun des chapitres revient sur un épisode de la vie du héros. Dans Maxime Maksimytch, celui-ci retrouve en Perse son ancien chef, auquel il raconte une partie de sa vie ; c’est ce dernier qui, à sa mort, rassemble les récits pour raconter l’histoire de cette âme tourmentée et perdue dans la solitude où l’a plongé son orgueil.