L’Hôtel d’Estrée, la résidence des ambassadeurs de la Fédération de Russie, fête ses 300 ans.

Ce jeudi 12 décembre 2013, Son excellence Monsieur Alexandre Orlov, ambassadeur de la Fédération de Russie en France, a organisé dans sa résidence, une soirée culturelle dédiée au 300anniversaire de l’Hôtel d’Estrées et au 150anniversaire de son acquisition par le gouvernement impérial de Russie. Monsieur Orlov a accueilli ses invités dans les salons du premier étage, en retraçant à grands pas l’histoire de l’ambassade. Son allocution fut suivie, dans le salon rouge, d’un concert de musiques françaises, russes et italiennes interprétées par de jeunes artistes venus tout exprès de Moscou. Ce lieu magnifique alterne souvent concerts, conférences et expositions. A l’issue du concert, la réception s’est poursuivie dans le salon d’or et le salon vert où les invités ont reçu un album abondamment illustré, retraçant l’histoire du monument, des origines à nos jours.

Située au 79 rue de Grenelle, dans le septième arrondissement de Paris, la Résidence de l’ambassadeur est installée dans un splendide hôtel particulier construit, sur les plans de Robert de Cotte, premier architecte du roi Louis XIV, pour la duchesse d’Estrées. L’histoire veut que dans son hôtel, qui a été achevé en 1713, la duchesse ait reçu quatre ans plus tard, le tsar Pierre le Grand en visite officielle à Paris. Frappé par la beauté du monument, il invita l’adjoint de l’architecte à venir à Saint-Pétersbourg achever la décoration intérieure de son palais d’Hiver.

De vente en héritage, l’hôtel a changé huit fois de propriétaire. A la Révolution, il est confisqué au duc d’Harcourt par le gouvernement républicain et vendu à l’Irlandais Clarke. Ancien secrétaire du Duc d’Orléans, Clarke a servi la Révolution, avant que Napoléon ne fasse de lui un général puis son ministre de la guerre et enfin le duc de Feltre et c’est à Louis XVIII qu’il devra son titre de Maréchal de France. En 1823,
L’hôtel est acheté par la marquise de Tourzel, belle-fille de la gouvernante des enfants de France au moment de la révolution, et il est revendu en 1863 par ses héritiers au gouvernement impérial de la Russie qui souhaitait en faire son ambassade.

La décoration intérieure est alors rénovée dans le style de l’époque et les travaux s’achèveront en 1867, pour la visite d’Alexandre II, venu à Paris pour l’inauguration de l’exposition universelle. Il y recevra l’empereur Napoléon III et le roi de Prusse à l’occasion d’un grand bal. Cette première visite impériale fut suivie en octobre 1896 par celle de Nicolas II et d’Alexandra Fedorovna, accompagnés de leur fille, Olga Nicolaevna, dans le cadre de l’alliance Franco-russe. Rien ne sera changé dans la décoration jusqu’à l’occupation des lieux par les Soviétiques, qui feront rénover le monument par des restaurateurs venus de Saint-Pétersbourg.

En 1971, les locaux étant devenus trop petits pour l’ambassade d’un pays mesurant un sixième des terres immergées, on décide de faire construire l’actuelle ambassade du boulevard Lannes qui sera inaugurée par les présidents Brejnev et Giscard d’Estaing, six ans plus tard. L’hôtel de la rue de Grenelle deviendra alors la résidence officielle des ambassadeurs de Russie. Depuis Boris Eltsine, les présidents de la Fédération de Russie sont tous venus à l’Hôtel d’Estrée pour y loger, comme autrefois les tsars, et y signer des documents importants. D’ailleurs, il reçoit régulièrement depuis le Grand duc Vladimir, des membres de la famille impériale, du clergé et des familles de l’ancienne Russie. Des portraits et des bustes des tsars rappellent également l’histoire de cette famille qui régna pendant trois siècles sur le plus grand pays du monde, comme l’a illustré récemment l’exposition organisée, sur les Romanov.

• Pour en savoir plus sur l’Hôtel d’Estrées

Hôtel d’EstréesÉditions du Mécène.  Directeur de la rédaction : SE Alexandre Orlov. Textes d’Anna Zvereva et Kirill Makarov. Traductions d’Élise de Moncan, Chantal Pulé et Alexandre Makogonov. Photographies de Vincent Fillon et Natalia Ivanova. Création & maquette : Atelier Réel. Assistante d’édition : Delphine Lacelle.