L’aéroport de Nantes ne sert à rien, sauf à flatter l’égo de l’endormi de Matignon

En Ukraine, ce sont des démocrates qui livrent un combat contre la répression. A Nantes, ce sont des casseurs de l’ultra-gauche… Tout dépend, bien évidemment, de qui tient le manche de la matraque.
Mais il le veut son aéroport, l’endormi de Matignon. Ce sera peut-être le seul moyen pour lui de laisser son nom dans l’histoire. Ce n’est pas son action, ou plutôt son inaction à la tête du Gouvernement, qui va rayer le marbre des tablettes de l’histoire, alors de là à y laisser un nom…il faut le comprendre. Il ne compte pour rien, ses ministres le méprisent et ils sont plus médiatiques que lui. Il n’a prise sur rien, les ordres viennent du FMI,  de Bruxelles, de Washington et de toute façon, c’est M. Bricolage qui les reçoit et les transmets. Certains jours, les observateurs de la politique française se demandent même s’il n’a pas accepté ce poste de Premier Ministre que pour mieux imposer son aéroport, là-bas, à Notre-Dame des Landes.

Un aéroport qui, rappelons-le, fait l’unanimité contre lui. Parce qu’il y a déjà un aéroport à Nantes, l’aéroport Nantes Atlantique, sur les communes de Saint-Aignan-Grandieu, un aéroport qu’il suffirait de rénover. S’il est vrai que ses parkings sont insuffisants, tout le reste est opérationnel et fonctionne très bien. Mais comme depuis 1963, il est question de construire un autre aéroport, tous les travaux de rénovations et d’évolution ont été bloqués. Cela ne l’a pas empêché cependant, de recevoir en 2011, le trophée ERA Award 2011-2012 du meilleur aéroport européen. De plus, toute une économie locale s’est construite autour de lui depuis 60 ans. Alors faut-il tout jeter aux orties, avec les clients, les commerçants et les salariés ?

L’aéroport d’Ayrault est donc inutile. Mais il est aussi nuisible. Les premiers à s’en plaindre ne sont autres que les pilotes. Les pistes du nouvel aéroport seront plus courtes que celle de l’actuel. Or, en raison de la présence régulière de brouillard dans la région, le risque d’une sortie de piste s’en trouvera accrue. Selon un collectif de 200 pilotes, basés à Nantes-Atlantique et opposés au transfert, il n’y aurait pas actuellement de saturation de l’aéroport de Nantes-Atlantique. Une modernisation de l’aérogare et de ses parkings suffirait pour élever sa capacité à 4 millions de passagers. D’autres aéroports européens, de taille similaire, comme l’aéroport de Stuttgart, qui ne comporte qu’une seule piste, accueillent 10 millions de passagers par an et pourraient en accueillir 15 millions avec un terminal supplémentaire. Sans compter l’acheminement vers d’autres aéroports via les lignes TGV. Au-delà d’un certain seuil d’activité, une seconde piste est-ouest pourrait être construite sur l’emprise actuelle de Nantes-Atlantique.
Beaucoup d’autres arguments sont avancés, contre l’aéroport d’Ayrault. Ils sont environnementaux, avec un bon nombre d’espèces locales menacées par le chantier du nouvel aéroport. Ils sont micro-économiques, on parle d’une cinquantaine d’exploitations agricoles détruites avec près de 600 emplois agricoles. Ils sont aussi macro-économiques, puisque rien ne confirme la hausse dantesque du trafic aérien, motivant la création du nouvel aéroport. En effet, les nouvelles liaisons TGV du sud-ouest offrent des alternatives sérieuses à un projet aéroportuaire, en mettant les villes de la région à moins de deux heures de Paris.

Mais surtout, une fois encore en Hollandie, c’est le sentiment que la volonté du peuple n’est pas prise en compte par les pouvoirs, pire qu’elle est sciemment bafouée. Il est d’ailleurs réconfortant de voir le nombre de hauts fonctionnaires impliqués, de par leur fonction, dans ce dossier, qui ont retrouvé une place confortable… chez Vinci, promoteur du projet.
Le magazine en ligne Bastamag ainsi que le journaliste Hervé Kempf relèvent au moins deux cas :
Celui  de Bernard Hagelsteen qui a été préfet du département et a supervisé le projet d’aéroport. Il a quitté son poste en juillet 2009. Suite à un appel d’offre, pour lesquels sont retenus, en mars 2009, quatre groupements dont Vinci, le projet est attribué au groupe Vinci en juillet 2010. En 2011, Bernard Hagelsteen est recruté par Autoroutes du Sud de la France, puis par Vinci Autoroutes, qui appartiennent au groupe Vinci… Quelle chance !
Il y a également le cas Nicolas Notebaert. Lui, a été conseiller technique au ministère des Transports sous le gouvernement Jospin, où il était spécialisé dans les autoroutes d’Île-de-France jusqu’en 2002. Immédiatement après, il a rejoint le groupe Cofiroute, filiale du groupe Vinci, avant d’être nommé président de Vinci Airports. Et c’est à cette époque que le projet a été relancé…

Comme quoi, la fonction publique n’est pas ce mouroir des ambitions que l’on décrit habituellement… Autre leçon de la manifestation de ce samedi, comme pour les Bonnets Rouges, comme pour la Manif pour tous, partis et syndicats sont dépassés. Ce sont les Français de base, « de souche » diront les médias aux ordres pour discréditer ces mouvements, qui manifestent, qui en dehors de tout contrôle, et désormais sans limite de mode d’action rejettent tout autant les pseudos-structures contestataires, qui sont en fait les contre-feux stérilisants d’un système bloqué, que les tenants du système lui-même. Pour l’instant, les confrontations violentes, encore inorganisées, se déroulent dans les villes de province, loin du pouvoir. Quand elles se dérouleront dans la capitale, quand les Invalides deviendront la place Maidan de Paris, on verra combien de temps Manuel Valls attendra, avant de faire tirer sur la foule.