La Cour Pénale Internationale n’a plus la côte en Afrique.

Le Parlement Kenyan vient de voter le retrait du pays, du protocole de Rome, à l’origine de la Cour Pénale internationale (CPI). Bien que ne prenant effet que dans 12 mois, ce retrait est une mauvaise publicité pour la CPI. Les raisons de son fiasco résident dans l’impression qu’elle donne de n’être qu’une émanation des puissances occidentales dominatrices, quand elle s’en prend la plupart du temps, qu’aux vaincus de ses grandes. En effet, elle est incapable de lancer la moindre enquête sur les centaines de morts survenues en Égypte, en Lybie ou en Côte d’Ivoire. Certains criminels de guerre ou contre l’humanité avérés, sont ressortis blancs comme neige, malgré les preuves accablantes des dossiers d’instructions. Quand ces derniers n’ont pas disparus tout bonnement. Ce précédent historique pourrait servir d’exemple, pour de nombreux autres États africains. Les récentes déclarations du président somalien de l’O.U.A, lors du dernier congrès à Alger, illustraient le malaise de ces pays africains, qui après plus d’un demi-siècle d’indépendance, ont le sentiment de s’être faits dépossédés, par les puissances colonisatrices de naguère, de leurs libertés ou de l’organisation des conditions de justice de leurs propres concitoyens.

Avec l’invasion et l’occupation de l’Irak et de l’Afghanistan par les Etats-Unis des Bush père et fils, qui se sont soldées respectivement par près de 2 millions et un million de morts, à quoi avons-nous eu droit de la part de la CPI ? A aucune poursuite, car Washington qui encourage la CPI à traquer les criminels de guerre à travers le monde, quitte à les lui livrer, protège ses propres ressortissants. Comment l’expliquer ? Très simplement. La Cour Pénale Internationale est une juridiction permanente, chargée de juger les personnes accusées de génocide, de crime contre l’humanité, de crime d’agression et de crime de guerre. En 1998, 121 États sur les 193 États membres de l’ONU, ont ratifié le Statut de Rome et accepté l’autorité de la CPI. Trente-deux États supplémentaires, dont la Russie et les États-Unis d’Amérique, Israël, l’Irak, la Libye, le Qatar et le Yémen, ont signé le Statut de Rome mais ne l’ont pas ratifié.

Prenons le cas des USA qui ont signé également avec 180 pays, l’ABI : l’Accord Bilatéral d’Immunité. Grâce à ces accords bilatéraux, les États-Unis obtenaient l’exclusion de la compétence de la CPI, à l’égard des ressortissants et des militaires nord américains, interdisant ainsi leur transfert devant le tribunal de la Haye. Les pays signataires de cet accord bénéficient en contrepartie, d’une aide financière et militaire des Etats Unis. C’est la raison pour laquelle la CPI ne peux intervenir en Israël, en Irak, en Libye, au Qatar ou au Yémen pour ne citer que ceux-la. Et l’article 98(2) du statut de Rome le dit clairement.
Ce qui veut dire, que si un citoyen américain est arrêté, dans l’un des pays signataire de l’accord ABI, pour que ce citoyen, auteur de crime contre l’humanité, soit remis a la CPI, il faut que l’Etat concerné  consente dans un premier temps a transférer le criminel et dans un deuxième temps, que cela soit compatible avec les accords bilatéraux internationaux.
En conséquence, on ne peut poursuivre les dirigeants Américains ou les alliés des Etats-Unis pour crime de guerre. Qu’importe le nombre de morts, les voilà absous par avance.

Cette puissance impériale se permet de porter le fer et le feu sur la planète en toute impunité. Voilà pourquoi les responsables des massacres ethniques, consécutifs à la destitution du président ivoirien Laurent Gbagbo, ne seront jamais jugés. Comme ceux de Sago en 2011 lorsque les hommes de la FRCI d’Alassane Ouattara, accusèrent les populations civiles d’avoir contribué à la fuite des dernières troupes loyalistes vers le Libéria mais aussi de cacher des armes en vue de venger le président Laurent Gbagbo. Fuyant dans la forêt, les moins heureux ont été rattrapés, fusillés et/ou égorgés et parfois brulés vifs. Les soldats d’Alassane Ouattara, avec l’aide de populations civiles étrangères au pays, massacrèrent ainsi, tout ceux de l’ethnie Godié qu’ils croisèrent sur leur chemin et cela pendant plusieurs jours. Des journalistes occidentaux, alertés par des cyber-activistes, viendront constater les massacres, mais minimiseront la portée de ceux-ci. Cela ne collant certainement pas avec la version officielle, commandée par leurs rédactions. Il est en effet difficile d’accepter la vérité, lorsque les mensonges sont exactement ce que l’on veut entendre. Comme en Bosnie, au Kossovo, en Lybie ou en Syrie de nos jours, en quelque sorte.

Ni le gouvernement Ouattara, ni la cour pénale internationale n’ont jusqu’à ce jour ouvert d’enquêtes, afin de déterminer qui furent les responsables de ces atrocités. Et les victimes attendent encore que justice leur soit rendue, comme pour tant d’autres crimes, commis sous couvert de la toute puissance occidentale, qui se sert du droit et de la morale pour effacer ses propres assassinats. Mais si la vérité est plus lente que le mensonge, elle finit toujours par arriver.