La Grèce, saignée à mort, redevient “bankable” pour les prédateurs des salles de change

Grèce : saborder un pays pour toucher le pactole !
La Grèce est actuellement en train de subir une enquête sur l’efficacité des réformes d’austérité menées depuis la crise. Celle-ci déterminera sans doute l’avenir économique du pays. En plein boom économique avant la crise, la Grèce connaît à partir de 2008 une situation extrêmement difficile sur les plans politiques, économiques et financiers.
En effet, depuis 1981, date de son adhésion à l’Union Européenne, elle avait largement profité de la politique régionale de l’UE, qui visait à lisser les différences économiques entre les pays membres. En 2001, afin d’adhérer plus facilement à la zone euro, le gouvernement grec maquille ses comptes, avec l’aide de la banque d’affaire Goldman Sachs. Puis L’Euro, les subventions européennes, et l’essor du tourisme lui permettent d’augmenter son PIB de 13%, entre 2005 et 2008. Mais la crise financière qui débute en 2007 va mettre un terme à cette belle histoire.
C’est en 2010 que commence la descente aux enfers. Dans l’impossibilité de rembourser ses dettes, la Grèce réclame l’aide de la Banque Centrale Européenne et du Fonds Monétaire International. Des prêts lui sont accordés, mais à une condition : réduire de manière drastique les dépenses publiques, tout en augmentant les impôts. Afin de s’assurer de la mise en place de cette politique d’austérité, la Grèce est mise sous tutelle de la Troïka. Autrement dit, elle se retrouve gouvernée par le FMI et la BCE. Et ces deux organismes, qui n’ont pas été démocratiquement élus, vont imposer le libéralisme et l’austérité au peuple grec.
Parallèlement à cette prise de pouvoir du monde de la finance, la Grèce reçoit un total de 230 milliards venant de la BCE et du FMI et répartis en deux plans d’aide. Cependant, les résultats escomptés ne sont pas au rendez-vous. Le taux de chômage s’élève en 2012, à 28%, le pouvoir d’achat a diminué de 40% par rapport à 2007, et depuis la crise, l’économie grecque a connu une récession de 22%. Malgré ces résultats désastreux, les dirigeants de la troïka essaient, pour justifier l’échec de leurs solutions, de mettre en avant la grande part de l’économie souterraine dans le PIB, ainsi que la corruption des fonctionnaires. On voit bien là, l’incapacité des pseudo-élites à reconnaître leurs incompétences.

Aujourd’hui, à l’heure où un troisième plan d’aide à la Grèce paraît inéluctable, et que les créanciers de l’UE et du FMI s’apprêtent à imposer une énième cure d’austérité à la population grecque, des désaccords semblent émerger entre la Grèce et la troïka. Les institutions supranationales prévoient un déficit budgétaire de 2 milliards pour 2013 et veulent donc serrer encore un peu plus la vis de l’économie grecque. Le gouvernement grec compte, lui, sur un déficit de 500 millions et s’oppose à une augmentation de l’austérité. Le président grec l’a réaffirmé cette semaine, je cite : «Aujourd’hui, les Grecs ont donné leur sang et tout ce qu’ils avaient pour surmonter la crise, et cela doit être respecté par l’Europe. Le peuple grec ne peut rien donner de plus». Fin de citation.

Le plus choquant, c’est que l’on demande aux Grecs de poursuivre leurs sacrifices, alors que pendant ce temps, la Grèce recommence à attirer les investisseurs. En effet, les titres de la dette grecque ont permis en 2013, un retour sur investissement supérieur à 100% pour certains fonds de gestion d’actifs. Dans un capitalisme à outrance, marchant sur la tête, quoi de plus normal que de recommencer à réaliser des bénéfices et à spéculer sur de l’argent qui n’existe pas encore, tout en ne produisant aucune richesse. Le journal « Les Echos » du milliardaire Arnault, titrait même « La Grèce fait figure de nouvel Eldorado ».  C’est un peu comme si le criminel revenait serrer la main de sa victime… Car après avoir coulé la Grèce, les créanciers internationaux comptent bien récupérer tout l’argent qui leur est dû, et bien plus encore !
C’est donc le peuple grec qui va payer les pots-cassés de ses pseudo-élites, pendant que petit à petit se rebâtît le même système financier d’avant la crise. L’avidité des marchés financiers semble sans limite. Sourds aux cris du peuple grec, le système refuse aveuglément de tirer le moindre enseignement de ses échecs les plus retentissants.