La Russie donnera à la Syrie les moyens de se défendre, y compris contre Israël

A l’occasion du traditionnel défilé du 09 mai, commémorant la victoire en 1945 sur le nazisme, le président Vladimir Poutine a déclaré que la Russie, tenant compte des leçons du passé, ferait tout son possible pour préserver la paix et renforcer la sécurité mondiale. Cette volonté d’empêcher toute velléité de nouvelles guerres est la réponse de Moscou à la crise syrienne. Le Président Poutine a demandé au Président Assad d’éviter toute riposte à la dernière agression israélienne, avant d’avoir pris contact avec leur homologue américain et le Premier Ministre israélien Benjamin Netanyahu.

L’avertissement a été clair : la Russie ne tolèrera plus d’attaque en Syrie, tout comme elle ne permettra aucune action militaire de la part des nations occidentales ou des pétromonarchies, qu’elle accuse d’aggraver le conflit. L’opération israélienne s’inscrit dans un contexte tactique défavorable de la rébellion face à l’Armée Syrienne, et est concomitante à l’échec d’imputer à l’Etat syrien l’utilisation de gaz chimiques, prétexte à l’invasion militaire du pays. Les révélations de Carla del Ponte à l’ONU ont au contraire démontré l’implication directe du Qatar, dans la fourniture de gaz sarin à des groupes armés par ses soins, leur ordonnant son utilisation sur des civils. Doha allant jusqu’à créer de toute pièce de faux ordres syriens antidatés, avalisant l’utilisation d’armes chimiques sur la population. La dernière agression israélienne pourrait avoir été commanditée par Washington avant le voyage de John Kerry, chef de la diplomatie américaine, à Moscou pour délivrer un message en lettres de sang par l’intermédiaire de la Russie aux pays soutenant la Syrie. Celui de leur non-ingérence dans les conflits actuels comme futurs. Coup de semonce ou coup de bluff ?
Devant l’échec de la stratégie d’écroulement du régime syrien, et face au véto réitéré de l’ONU interdisant toute intervention armée, les Etats-Unis n’entendent pas abandonner leur véritable objectif : faire passer la Syrie sous leur giron afin d’affaiblir l’Iran, le dernier obstacle régional aux appétits communs des démocraties occidentales et des dictatures pétromonarchiques.

Israël et la Syrie s’opposent depuis 63 ans sur la question Palestinienne, mais Damas et Tel-Aviv étaient parvenus à un certain statu quo, notamment sur le contesté plateau du Golan. L’Etat Hébreu n’a aucun intérêt à ce que la Syrie sombre dans le chaos, comme la Libye ou l’Irak, et il préfèrerait un changement de régime qui renoncerait à soutenir les mouvements de résistance antisionistes. D’où la demande insistante d’écarter Bachar Al Assad, car le président syrien incarne aux yeux de sa population, la résistance du pays face à l’agression étrangère et remporterait sûrement des élections qui l’opposerait au pâle candidat américain d’origine kurde, Ghassan Shitto, sensé représenté l’opposition, bien qu’il est quitté la Syrie depuis ses 17 ans pour échapper au service national.
L’attaque israélienne, réalisée avec le soutien implicite des Etats-Unis, vise donc, l’emballement régional du conflit par le truchement des traités d’assistance militaire mutuelle. En effet, si Téhéran, conformément à ses obligations, déclarait la guerre à l’état sioniste, l’Amérique interviendrait aux côtés d’Israël, comme le stipule la résolution 65 votée le 17 avril dernier à Washington, relative au soutien financier et militaire entre les deux états.

Pour Moscou, l’agression de la Syrie ne peut au contraire que convaincre l’Iran d’envisager de se doter de l’arme nucléaire pour assurer sa défense. Ainsi, au lieu de privilégier les solutions politiques, afin d’apaiser la situation sensible du Moyen-Orient, les États-Unis et Israël paradoxalement, contribuent au chaos régional, au développement des mouvements de résistance antisionistes et à l’armement de l’Iran. Or, même en cas de dotation de l’arme atomique, Téhéran n’aura jamais une capacité de destruction comparable aux deux puissances nucléaires que sont les USA et Israël. Sa possession en revanche, justifierait sa mise à l’index, un probable embargo et une intervention militaire. Préventive, bien entendu ! Il ne sera même plus nécessaire d’inventer une hypothétique arme de destruction massive pour justifier de son invasion. Comme ce fut le cas de l’Irak, accusé d’avoir organisé les attentats douteux du 11 septembre 2001 alors que le pays subissait un embargo meurtrier depuis plusieurs années provoquant en revanche la mort de centaines de milliers d’enfants. Un sacrifice nécessaire selon Madeleine Albright.
Force est de constater que les pays occidentaux, et en particulier les Etats-Unis, sont loin de chercher des solutions concertées et passent leur temps, en jouant aux apprentis sorciers, à soutenir d’abord les dictateurs au plus grand mépris des peuples et à déstabiliser le Monde, entretenant, ainsi un profond sentiment d’injustice dans les pays musulmans.

Leur récent revirement visant à trouver enfin une issue politique au conflit syrien, démontre cependant une certaine fébrilité. Le retard pris par rapport aux plans initiaux, peut mettre en péril l’objectif final. Il convient donc de revoir la méthode, car le temps joue contre eux.
Comme on le voit les véritables raisons ne sont pas celles données par les gouvernements et relayées par les principaux médias de propagandes. Comme en 1939, mensonges et tromperies ouvrent la route à une nouvelle guerre mondiale de par le jeu des traités. Il est singulier qu’en ces temps de commémoration de la chute du nazisme et de la fin de la Seconde Guerre Mondiale, Israël puisse être à l’origine  d’un embrasement menant à un nouveau conflit meurtrier pour l’Humanité. L’impunité dont semblent jouir les Etats-Unis et Israël n’existe que par le chantage moral permanent qu’ils entretiennent au nom de l’histoire. L’un en tant que vainqueur, l’autre en tant que victime. Rappelons cependant que la Russie à la fois victime et vainqueur durant le second conflit mondial, avec ses vingt millions de morts, et malgré la souffrance endurée, prédomine les solutions politiques. Elle s’adresse au Monde comme un allié fidèle de la paix et de la stabilité des états sans esquiver ses responsabilités, ni se dérober à ses obligations. C’est justement ce que l’on lui reproche : s’opposer à la guerre en refusant d’abandonner la Syrie et, conformément à ses engagements passés, de la doter de moyens de défense de dernière génération. Dans son discours lors du défilé du 09 mai Vladimir Poutine a ajouté en faisant référence au nazisme : « Nous n’avons pas le droit d’oublier comment cette force est née, comment elle s’est renforcée, comment elle est devenue insolente sous les yeux du monde entier et comment elle projetait d’anéantir les peuples entiers et de devenir maître des Etats et des continents » fin de citation. Le devoir de mémoire s’impose à tous mais il semble que certains aient une mémoire sélective.