Le chômage toujours à la hausse en Hollandie, ça sent le sapin

Aux vues des derniers chiffres du chômage, force est de constater qu’il n’y a pas qu’aux Jeux Olympiques de Sotchi que la France bat des records. Malheureusement pour elle ce type de résultats ne lui rapporte rien. Dans cette discipline, on s’entraîne au contraire à rejeter la responsabilité et à fuir les projecteurs. Même si la presse en fait l’écho, personne ne viendra retirer sa médaille d’or de l’incompétence, sa médaille d’argent des fausses promesses ou celle de bronze des prévisions erronées. Même le capitaine de l’équipe n’y croit plus ! François Hollande qui a bâti sa stratégie vis-à-vis des Français sur le principe d’une croissance retrouvée et d’une courbe du chômage inversée, est bien obligé de se rendre à l’évidence. Les seules courbes qui se soient inversées sont celles de la pauvreté et de la précarité. Le chômage augmente proportionnellement à la chute de sa popularité et surtout de cette confiance que lui refuse les Français. On peut avoir les meilleures intentions et ne produire que du vent, ce qui n’est pas très utile, vous en conviendrez, pour un capitaine de pédalo.

Les derniers chiffres du chômage sont donc tombés, comme le couperet sur le cou du condamné. Ils ne sont pas bons. Vraiment pas bons. Malgré l’annonce de la frêle reprise de 0,3 % de croissance ou la mise en place des divers dispositifs, tous plus compliqués les uns que les autres, le ministre du Travail, Michel Sapin, vient d’annoncer le nouveau record de 3.316.000 demandeurs d’emplois. Un chiffre qui ne tient pas compte des personnes avec une activité réduite, et des départements d’Outre-mer, avec lesquels on arrive à un total de 5.229.000 demandeurs d’emploi. Un résultat qui peut être encore majoré si l’on comptabilise les radiations coutumières de Pôle Emploi.

Alors que fait le gouvernement ? Comme à son habitude il babille, il pérore et il jase pour tenter de se dédouaner. Un mal bien français qui veut que la victoire soit personnelle mais la défaite collective. Le ministre du Travail a donc pris acte de l’échec du gouvernement en déclarant, je cite : « Tant que ça ne recule pas, c’est que ça ne va pas », et dans la même veine, il ajoute : « On ne peut pas accepter de vivre avec un pays où il y a plus de trois millions de chômeurs. Donc, il faut faire reculer». Cependant, comme nous vous le disions précédemment, c’est en vérité plus de cinq millions de chômeurs qui doivent être pris en compte. Ce déni permanent de cette réalité du chômage sur l’ensemble du territoire français, ne leur permet pas d’envisager des mesures adaptées. Quant au Premier ministre, Jean‑Marc Ayrault, il a estimé, je cite : « Qu’il faut encore persévérer sans faiblir pour faire reculer durablement le chômage dans notre pays ». Belle enfilade de lieux communs, pour l’endormi de Matignon, qui est retourné à sa sieste dans laquelle il persévère sans faiblir.

Avec des coachs comme ceux-là, l’équipe France ne peut pas espérer d’autres résultats. Les emplois dits d’avenir ne font qu’en boucher l’horizon et ledit « pacte de responsabilité » ne cible aucune des priorités du pays en matière d’emploi et semble avoir été fait pour les grosses entreprises du CAC 40 et non pour les 97 % d’entreprises réellement productrices d’emploi, à savoir les PME‑PMI. Tout au plus a-t-on fait un léger effort pour ne pas trop grever le statut d’auto-entrepreneur qui permet à des chômeurs d’avoir l’idée saugrenue de remettre le pied à l’étrier en créant une activité, permettant ainsi à l’Etat de récolter pour près de 4 milliards de cotisations sociales. Constatant aussi, que la situation des 50 ans et plus continue de se dégrader sérieusement, Michel Sapin prévoit qu’un « contrat de génération » fera son entrée dans le « pacte de responsabilité ».  Les seniors et les jeunes sont les plus touchés avec un taux qui augmente pour les seniors et un taux qui ne diminue plus à près de 25 % pour les jeunes.

De quoi être pessimiste pour cette jeunesse qui se considère méprisée et se déclare prête à la révolte. A Paris comme en province, des Bonnets rouges aux opposants de la Manif Pour, en passant par ceux de l’aéroport de Notre Dame des Landes, les syndicalistes de mai 68 ont laissé leur place dans la rue à une génération en colère bien plus légitime que celle de leurs géniteurs. Car ils sont persuadés qu’ils ne connaîtront jamais autre chose que la crise. Près de la moitié d’entre eux pense même qu’ils auront une vie pire que celle de leurs parents, qui n’est déjà pas folichonne, et que la vie de leurs propres enfants sera encore pire que la leur. Voilà ce qui motive leur engagement : refuser ce dramatique constat qui leur interdit d’avoir un avenir. Ils en veulent à ceux qui les empêchent de prendre les commandes de leur vie. Et à qui en veulent-ils justement ? Près de la moitié d’entre eux déclare ne pas faire confiance aux hommes politiques en général, qui sont jugés corrompus, lâches, utilisant mal leur pouvoir et vivant sur le dos des autres. Cependant un espoir demeure dans cette jeunesse qui subit les derniers soubresauts d’un pouvoir capté par la génération de mai 68 dont ils sont les rejetons. Malgré le matraquage des valeurs individualistes et mortifères, ils sont 85% à considérer la famille comme un refuge et à affirmer qu’ils ne pourraient pas être heureux s’ils n’en fondaient pas. L’espoir fait vivre dit un proverbe bien français et la lutte c’est encore de l’espoir. Cette jeunesse, elle, n’a pas envie de perdre.