Les fêtes de Noël unissent les Chrétiens à travers le monde et rappellent le Sol Invictus de nos ancêtres européens

Le 30 novembre, les Catholiques sont entrés dans le temps de l’Avent, la période de quatre semaines qui annonce la venue du Messie. En effet, dans la tradition latine, depuis Grégoire 1er Le Grand, il débute le quatrième dimanche avant la fête de la Nativité. Noël est depuis longtemps une des deux fêtes religieuses majeures dans tous les pays de civilisation chrétienne, en Russie comme dans tout le reste de l’Europe, et même partout où il y a des Chrétiens dans le monde, même si ce n’est pas le même jour. En France, comme dans tous les pays catholiques et protestants, la naissance terrestre du Christ est célébrée le 25 décembre du calendrier grégorien et civil. En Russie, et dans les pays orthodoxes, on la célèbre également le 25 décembre mais du calendrier julien, ce qui correspond au 7 janvier du calendrier grégorien.

Les premiers Chrétiens ne fêtaient pas la naissance terrestre du Christ et ce n’est qu’à partir du IIIe siècle que certaines communautés chrétiennes ont cherché à la situer dans l’année, avant de la placer à la date d’une célébration solaire, le solstice d’hiver. En effet, pendant des siècles, on a fêté en même temps Noël et l’Epiphanie, qui était la grande et unique fête chrétienne de la « manifestation du Christ dans le Monde », exprimée aujourd’hui par la venue des « rois mages. ». L’Epiphanie conclut le cycle de Noël et puise son origine dans les célébrations païennes de la Lumière. Ce cycle prend fin le 6 janvier, au moment où les jours commencent à s’allonger de façon sensible.

La tradition chrétienne s’inscrivant dans une démarche théologique et liturgique, marque un événement plutôt qu’un anniversaire. C’est donc une date symbolique de la naissance du Christ qui aurait été fixée au IVe siècle, pour coïncider avec la fête romaine du Sol Invictus, et qui aurait été imposée par l’empereur saint Constantin. Le choix de cette fête permettait une assimilation de la venue du Christ – « Soleil de justice » – avec la remontée du soleil après le solstice d’hiver. Avant cette époque, la Nativité était fêtée le 6 janvier, comme c’est toujours le cas dans l’Église apostolique arménienne. La fête de la naissance du Christ, le jour de l’Épiphanie, pourrait trouver son origine au sein de certaines communautés chrétiennes d’Égypte. Il semble que les Basilidiens célébraient le baptême de Jésus Christ à cette date. Selon la tradition catholique, c’est le pape Libère qui, en 354, aurait institué la fête de la Nativité à Rome le 25 décembre, date du Natalis Invicti.

Cette grande fête religieuse est accompagnée d’un autre rituel, profane celui-là, mais tout aussi immémorial : celui d’un vieillard barbu apportant des cadeaux aux enfants. La coutume de Saint Nicolas s’est popularisée dès le XIXe siècle dans les pays scandinaves et aux Etats-Unis sous le nom de Santa Claus, qui est une déformation du Sinterklaas néerlandais. En Russie, et dans les pays d’influence russe, ce vieux bonhomme de Noël s’appelle depuis la fin des années 1800, Ded Moroz, Grand-père Gel ou Grand-père Frima, de dedouchka, grand-père et de Morok – devenue Moroz au cours des siècles – dieu de l’hiver et du froid, dont il est inspiré. En fait, ses origines très anciennes sont vraisemblablement un héritage des Varègues, ces ancêtres communs aux Vikings et aux Slaves. Personnage important des rites slaves, il était accueilli, à la veille du solstice d’hiver, et plus tard à la veille de Noël, sur le seuil de la maison, par l’aîné de chaque famille.

Alors que l’Europe occidentale perd son âme, par son matérialisme et son édonisme, alors que les années de la dictature communiste avaient contribué à la disparition des coutumes religieuses, la Russie, avec la Renaissance spirituelle de ces deux dernières décennies, a permis à la fête de Noël de retrouver toute son acuité. L’église orthodoxe célèbre à nouveau Noël dans la nuit du 6 au 7 janvier, selon le calendrier julien, et depuis la présidence de Boris Eltsine, les églises réouvertes accueillent des fidèles de plus en plus nombreux.