Moyen-Orient : la diplomatie russe est présente sur tous les fronts

L’évolution positive des échanges entre l’Iran et les Etats-Unis, à la tribune de l’ONU, n’aurait certainement pas pu avoir eu lieu, sans la victoire diplomatique majeure obtenue par la Russie concernant le démantèlement de l’arsenal chimique syrien. Conformément aux souhaits et aux objectifs de Moscou, la paix et la concertation semblent être redevenus une priorité et le moyen le plus sur, d’aboutir à une meilleure compréhension mutuelle. Véritable signe de détente, le président Obama, après avoir accepté dans son discours, le principe pour l’Iran d’accéder à l’énergie nucléaire civil, a accepté de prendre son homologue le président Rohani au téléphone, ce qui ne s’était pas vu depuis 1979. Ce dernier lui a confirmé la volonté de l’Iran de ne pas développer d’armement nucléaire, tout en l’enjoignant de soutenir sa demande formulée aux pays concernés de détruire leurs stocks respectifs. En particulier Israël qui détient le plus grand nombre d’armes de destructions massives de la région.

Alors quelle mouche a piqué l’Amérique pour qu’elle soit revenue à de meilleurs sentiments et qu’elle abandonne, pour le moment du moins, ses humeurs belliqueuses, quitte à provoquer l’ire de Tel-Aviv ? L’évolution de la situation syrienne et des relations entretenues par Moscou, masquent difficilement la lutte acharnée que se livrent les « Faucons » et les « Colombes » dans les couloirs de la Maison-Blanche et du Pentagone. Les premiers sont directement liés à de grands groupes financiers qui ont financés d’importants projets dans le Golfe et font pression pour qu’une frappe militaire facilite la rentabilisation de leurs investissements. Contre eux – la majorité de l’establishment américain.

Mais les questions de morale, ou l’opinion mondiale, ne pèseront pas lourds dans la balance des intérêts en jeu. Pour l’instant, malgré les mouvements de leurs flottes, et surtout en raison de la présence de navires russes et chinois, les Etats-Unis et l’OTAN n’étaient pas prêts. Bien que des préparatifs aient lieu sur différentes bases aériennes de l’OTAN, les experts russes évoquent un sursis fragile de trois mois. Durant ce laps de temps de nouvelles négociations chercheront à imposer à Damas, la présence de l’opposition et la tenue d’élections. Un objectif difficile, aux vues de la recrudescence des luttes intestines de pouvoirs entre les différents groupes et la mise en minorité de la frange soumise aux intérêts occidentaux qui ne représenterait pas plus de 30%. Le reste étant constitué de fondamentalistes opposés à tout accords. Ils ont d’ailleurs, adressé un message clair aux autorités américaines en décapitant 40 terroristes de la soi-disant «Armée Syrienne Libre» (FSA) dans le nord de la Syrie. Des victimes qui seront certainement mises au compte de l’Etat syrien, comme d’habitude. On comprend mieux le rejet systématique de toute trêve ou discussion proposées par Damas. Les occidentaux, qui ne contrôlent visiblement plus la situation qu’ils ont contribué à créer, entendent cependant exiger du Conseil de Sécurité une résolution contraignante pouvant servir de prétexte à une intervention armée. Fidèle à ses principes de négociations, la Russie s’y oppose avec le soutien de la Chine et la majorité des membres de l’Assemblée des Nations Unies.

La réussite diplomatique de la Russie au Moyen-Orient suscite déjà des mesures de rétorsions à son encontre. A défaut d’avoir porté le fer et le feu en Syrie, les « Faucons » de Washington en appellent à une véritable guerre économique. Damas subit déjà depuis 2010, des embargos de la part des Etats-Unis et de l’Union Européenne. Mais une initiative de sénateurs américains veut imposer des sanctions contre les banques d’Etat russes, qui selon eux, contriburaient à financer les activités de répression des autorités syriennes. Les sénateurs démocrates Jacob Lew, Richard Blumenthal, Jeanne Shahhen, et les républicains John Cornyn et Kelly Ayott, sont connus pour leurs liens étroits avec le lobby israélien de l’AIPAC (l’équivalent du CRIF en France). Tout comme la précédente « Liste Magnitsky », les mesures visent à refuser aux banques russes, l’accès au système financier américain, à geler leurs avoirs aux Etats-Unis et à leur refuser toute activité. Pas une ligne cependant sur les banques occidentales par lesquelles transitent les fonds qataris ou saoudiens, destinés aux terroristes d’Al-Quaïda qui commettent leurs massacres de par le Monde.

L’économie américaine, en grande difficulté, ne subsiste que grâce à l’impression en quantité industrielle d’un dollar moribond n’ayant plus aucune valeur. Les guerres menées par l’Amérique dissimulent à peine, une politique de prédation des ressources et des richesses naturelles dans les pays les plus faibles. Les intérêts privés prennent le pas sur les intérêts nationaux et les récentes positions de la politique de Washington apparaissent bien soumises à des intérêts bien différents de ceux du seul peuple américain.
On attend toujours les preuves qui incriminent Damas dans l’utilisation des gaz de combat. En revanche, on découvre tous les jours la preuve de la trahison des gouvernants qui engagent leur pays contre l’avis de leur population qu’ils sont pourtant sensés représenter. Une étrange conception de la démocratie, de plus en plus difficile à exporter.