Néo colonialisme en république centre africaine, la France refuse aux africains le droit de se prendre en mains.

Nonobstant les récentes déclarations indiquant une amélioration de la situation, la République Centre Africaine est de nouveau le théâtre de scènes de violences et de pillages. Et ce, malgré la présence des militaires français et des forces africaines de la Misca. Un député du Conseil national de transition a même été assassiné dans la capitale alors qu’il venait de condamner fermement les violences commises à l’encontre des populations musulmanes. Bien que rien ne prouve l’origine des meurtriers, la présidente centrafricaine de transition, Catherine Samba Panza (la Madame Bricolage mise en place par Paris car plus présentable que son prédécesseur Djodjota) a affirmé vouloir entrer en guerre contre les milices « anti-balaka ». Le commandant des forces françaises, le général Soriano lui a emboité le pas et n’a d’ailleurs  jamais cessé d’accuser ces milices de n’être qu’« une nébuleuse de bandits et de hors-la-loi déniés de la moindre légitimité ». Un message visiblement reçu seulement un sur cinq par les forces armées centre africaines, qui moins de 10 minutes après un discours de leur chère présidente, ont lynché, devant les caméras, un homme présenté par la foule comme un ex membre de la Séléka. De quoi perdre toute légitimité aux yeux du général Soriano ?

Accuser l’ensemble d’un mouvement populaire d’auto-défense, dans une guerre sans front et un pays sans état, en dit long sur la volonté de criminaliser un camp par rapport à l’autre. Et cela avec la complicité active des médias et des ONG qui se focalisent sur certaines atrocités commises sur les populations musulmanes, notamment lors de lynchages spectaculaires, ou la destruction de mosquées, tout en occultant sciemment les crimes et les exactions de masse commis par l’autre camp à l’origine de ce ressentiment. Car les « anti-Balaka » sont en réalité des milices villageoises d’auto-défense. Comme leur nom l’indique, elles se sont d’abord constituées pour répondre à l’absence de protection de l’Etat face aux coupeurs de route, puis aux exactions des Séléka qui continuent de régler leurs comptes et de tracer un sillage de sang et de flammes pendant leur remontée vers le Nord.

La partialité du traitement de l’information, donc de la désinformation, dépendra de la population choisie pour remplir les objectifs des puissances intervenantes, et ainsi justifier la présence de troupes dans un pays déchiré par la guerre. Alors que l’on instrumentalise puis victimise les populations musulmanes en RDC, comme on le fit naguère en Côte d’Ivoire, rappelons que ce sont les populations chrétiennes et animistes du Sud Soudan (les tortionnaires d’aujourd’hui en quelque sorte) qui ont servi de caution à la partition du pays et à la criminalisation du pouvoir inféodé de Khartoum. Que les principaux champs de pétrole fassent partie de ce territoire artificiel soumis à la protection intéressée des puissances occidentales, Etats-Unis en tête, n’était bien évidemment qu’une coïncidence fortuite.

Tout en déclarant s’y opposer l’idée d’une partition de la RCA fait d’ailleurs son chemin et a été évoquée autant par les autorités françaises que par celles de l’ONU. Le scénario bien huilé a déjà fait ses preuves : des ONG célèbres, en lien avec la fondation Soros, expliquent que les soldats de la paix ne parviennent pas à empêcher le nettoyage ethnique des civils musulmans dans l’ouest de la République centrafricaine et appellent la communauté internationale à « faire barrage au contrôle des milices anti-balaka et déployer des troupes en nombre suffisant dans les villes où les musulmans sont menacés ». Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki moon parle même de génocide, comme au Kossovo. Notons au passage que les populations chrétiennes d’Irak ou de Syrie n’ont jamais bénéficié de telles déclarations ou de telles attentions.

Tout comme le président Obama, la secrétaire d’Etat adjointe pour l’Afrique, Linda Thomas-Greenfield, n’a pas manqué de saluer le rôle de la France au Mali et de remercier le gouvernement français pour les troupes qu’il a décidé de déployer en République centrafricaine, ainsi que les pays de l’Union africaine. Mme Thomas-Greenfield a estimé que le volume des troupes actuellement engagées en RCA a « besoin d’être augmenté pour répondre à une situation très complexe ». Elle a estimé également que « des forces de sécurité supplémentaires sont nécessaires, y compris des unités de polices étrangères qui aideront à sécuriser Bangui en particulier ». Ben voyons ! Comme ces choses là sont joliment dites. En d’autres termes Washington a donc autorisé l’un de ses meilleurs élèves à envoyer des renforts en RCA, et même encouragé le reste de la classe, autrement dit l’Union Européenne, sous le biais de l’ONU, à finir le boulot. Vu les résultats obtenus en Irak ou en Afghanistan, on peut craindre le pire pour l’avenir de la RCA. La population devra donc s’habituer à accueillir durablement une force d’invasion sensée la protéger d’elle-même, mais ne nous trompons pas qui sera surtout là pour sécuriser l’accès de ses ressources nationales aux multinationales occidentales. A défaut d’en être l’architecte, Paris est devenu le maître d’œuvre d’une recolonisation du continent africain dans cette immense guerre économique que se livrent les grandes puissances. Mais il est vrai que tant que l’on fait semblant de lutter contre un terrorisme inexistant en RCA, ou de pourchasser des groupes terroristes au Mali, on évite ainsi de réfléchir à la situation réelle de la France.