Réforme des retraites : le projet de Jean-Marc Hérault, c’est : encaisser vite et payer plus tard

La fin de l’été a vu le Gouvernement Ayrault communiquer modestement sur une énième réformette : la réforme des retraites, le serpent de mer des Français. Et pour cause, son tour de passe-passe, se résume à encaisser plus vite, et payer plus tard… L’association « Sauvegarde retraites » est à peu près la seule en France, qui puisse encore comprendre l’usine à gaz que sont les systèmes de retraite en France… Les injustices flagrantes entre le système des retraites privées et celles de la fonction publiques, les multiples régimes spéciaux qui font la fortune de leurs bénéficiaires sur le dos des autres retraités, la gestion calamiteuse des divers organismes paritaires par les syndicats, les milliards dépensés dans le financement de ces syndicats qui ne représente plus personne… tout cela est connu des pouvoirs publics qui se refusent cependant à prendre les mesures nécessaires.

L’association Sauvegarde Retraites fondée en 1999, à pour objectif de sensibiliser et d’éduquer les Français sur le problème des retraites, et d’encourager les hommes politiques à engager une véritable réforme d’un système, devenu archaïque et exsangue financièrement. Elle rassemble 103 000 membres. Voici son analyse : La vraie réforme des retraites n’a pas lieu… Pour l’instant, le gouvernement préfère sacrifier les retraités pour sauver le système. Les quatre mesures annoncées par le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, se résument en quatre points : un défaut partiel de paiement, une baisse des revenus des retraités, une baisse des salaires et plus de travail pour gagner moins…

Premier point, un défaut partiel de paiement, concrétisé par le report de la revalorisation des pensions du 1er avril au 1er octobre. Ce type d’ajournement des dépenses est caractéristique des entreprises en faillite ! Pour mémoire, le régime de base des salariés du privé (CNAV) avait déjà eu recours au même expédient, en reportant la revalorisation des pensions du 1er janvier au 1er avril. Cette fois, le décalage concerne aussi bien les retraites de base que les retraites complémentaires. Le gouvernement en escompte une “économie” de 1,4 milliard d’euros, qui sera réalisée sur le dos des retraités…

Deuxième point, une baisse des revenus des retraités qui s’effectuera par le biais de la fiscalisation intégrale de la majoration de pension (10 %) dont bénéficient les retraités qui ont élevé trois enfants ou plus, et qui sera désormais soumise à l’impôt sur le revenu. La mesure est d’autant plus injuste que les familles nombreuses contribuent plus que les autres, au fonctionnement du sacro-saint système de retraite par répartition…

Troisième point, une baisse des salaires, qui se réalisera sous l’effet d’une nouvelle augmentation des cotisations. La nouvelle hausse, de 0,6%, vient en effet s’ajouter à la précédente, décidée en 2012 et qui s’étale jusqu’en 2017. Comme dans un système “Madoff”, les actifs sont de plus en plus pressurés pour financer les retraites, avec la promesse de profiter eux aussi du système, quand viendra leur tour… mais sans aucune garantie. Les bernés, comptez-vous !

Enfin, quatrième point, plus de travail pour gagner moins : la durée de cotisation est allongée de 41 ans aujourd’hui jusqu’à 43 ans en 2035… Ce qui n’a rien à voir, paraît-il, avec un allongement de la durée du travail ! Décote oblige, les Français devront pourtant travailler plus longtemps s’ils veulent partir avec une pension non diminuée.

En dépit de ces mesures, le compte n’y est pas. Les rentrées escomptées (7 milliards d’euros) ne couvriront que le tiers des 20 milliards de déficit en 2020, annoncés par le Conseil d’Orientation des retraites (encore ce chiffre a-t-il été sous-estimé par le COR pour répondre aux vœux des politiques). Nous aurons donc droit à une nouvelle réforme des retraites d’ici peu de temps… ou bien le système fera faillite en entraînant dans son naufrage la masse des retraités.La non-réforme ne fait en somme que des perdants… ou presque : les fonctionnaires, eux, conservent intouchés leurs privilèges, ce dont se félicitent leurs syndicats. Nous l’avons déjà dit, ces syndicats touchent 4 milliards de subventions publiques par an. Qu’ils renoncent à 5 années de subvention, et voilà les caisses de retraites pleines dès 2017, bien avant l’échéance de 2020.