Réunion des Brics : l’alternative pour un monde multipolaire

Réunion des Brics : l’alternative pour un monde multipolaire

Lors du sommet de Durban, les dirigeants des BRICS, le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, ont posé les fondements d’un système alternatif au fonctionnement international actuel. Par l’intermédiaire de Vladimir Poutine, la Russie s’était d’ores-et-déjà engagée à modifier de l’intérieur, les organismes internationaux afin d’offrir plus de représentation aux nations. Mais la mauvaise volonté alliée au verrouillage des institutions, et surtout la trop grande interdépendance des économies révélée après la crise de 2009, ont incité les dirigeants de ces cinq nations à en tirer leurs propres conclusions. A savoir, la création de nouvelles entités basées sur le respect du droit et des relations internationales entre les nations souveraines. Sur ce point, les dirigeants ont insisté pour confirmer leur unanimité sur certains dossiers comme la Syrie ou l’Iran.

Les Brics renouent ainsi avec l’esprit de « la Charte de la Havane », dont le principal objectif était déjà de lutter contre le libre échange, prôné par les anglo-saxons et d’organiser une coopération pacifique entre les Etats. Vladimir Poutine a rappelé que les cinq pays de ce groupe représentaient 40 % de la population du globe. Les Etats du BRICS possèdent des ressources naturelles immenses, une base industrielle développée et produisent près de 30 % du PIB mondial. Les cinq dirigeants envisagent de créer une Banque de développement en charge des besoins de financements des pays émergents pour enfin contrer la Banque Mondiale qu’ils accusent de partialité et toujours en faveur de l’Occident.

Les monnaies comme le Yuan ou le Rouble sont déjà des monnaies de références et de refuge face aux dollars, à l’Euro ou au Yen. Mais le projet de mise en commun d’une participation de 10 milliards chacun, afin de créer un premier fond commun d’investissement, peut en partie expliquer le rapatriement ou l’acquisition massive d’or. Fini dans ce cas l’omnipuissance du FMI, système tyrannique orientant unilatéralement les économies en fonction d’une vision prétendument commune, mais en réalité sous leadership anglo-saxon. Vision à laquelle semble malheureusement s’être soumise la France ayant comme d’autres pays abandonné toute souveraineté, transférant par les Traités européens ses droits régaliens à Bruxelles, à la BCE, et jusqu’au FMI au travers de leurs dettes. Comme Chypre l’a démontré, il existe peu de choix face aux directives de la Troïka. A moins de sortir de l’UE, afin de récupérer son indépendance et ses droits régaliens, pour pouvoir décider de son avenir, et signer des accords de coopération avec d’autres pays. Chaque nation retrouvant alors sa Banque Centrale, sa monnaie, qu’elle peut dévaluer pour l’adapter à son économie. Chacun gère son budget, fait ses Lois et gère ses frontières. Bref décide du destin de son peuple.

La Russie présente aussi l’énorme avantage d’accumuler bien malgré elle les expériences post-crises. Les décennies de communismes comme le chaos des années 90 qui s’ensuivit, n’ont pas empêché le pays de se redresser puis de relancer une économie parmi les plus compétitives en Europe. Il en fut de même pour la crise de 2008 et là encore Moscou aurait bien des conseils à apporter tant à Washington qu’à Bruxelles. Comme Dimitri Medvedev l’a révélé au G20 de Mexico, les solutions mises en place à l’époque, dont l’augmentation des salaires, étaient tout l’inverse de ce que préconisent justement le FMI. C’est à dire la dérégulation, les privatisations, l’austérité, l’émission sans fin de monnaie ou la réduction des investissements.

Comme on le voit, la solution unique n’existe pas. Il suffit surtout de se défaire de son dogmatisme et de renouer avec le bon sens. C’est peut-être pour cela que l’on nous apprend à tant détester la Russie.
La « stratégie du Chaos » si chère aux adeptes du choc des civilisations, permettant selon eux l’avènement d’un Nouvel Ordre Mondial, est en soi suicidaire. Le projet d’un monde unipolaire, mercantile et sans frontières a ceci de maffieux que l’argent y est roi et qu’il n’a pas de patrie. Déjà à l’œuvre, il est à l’origine de tant de conflits meurtriers et de crises économiques qu’il ne peut mener qu’à la ruine et à la désolation une Humanité qui n’existe que par sa diversité. C’est au contraire le choix d’un monde multipolaire qui régulera les relations et veillera à plus d’équité sur le plan économique. Et les BRICS font blocs pour être les fondations de cette union des civilisations face à la machine à broyer les peuples et les cultures. L’alternative, c’est maintenant et toujours !