Une semaine de manifestations en France, comme le joli mois de mai sait si bien en faire. À tout seigneur, tout honneur, c’est Jeanne d’Arc ou tout du moins le parti qui l’honore encore en France, le Front National, qui a ouvert le cortège du 1ermai. Petite affluence rue de Rivoli, c’est vrai, mais qu’importe puisque le FN n’à qu’à surfer sur les causes endémiques de la crise, causes qu’il dénonce depuis 40 ans : immigration incontrôlée, abandon de souveraineté, corruption des élites, fiscalisme outrancier… Les sondages de popularité et d’intention de vote placent Marine Le Pen à des scores qui peuvent lui faire espérer une excellente année 2014, années d’élections locales et européennes. À condition que les électeurs lui pardonnent son absence incompréhensible de laManif pour tous,perçue comme un enjeu de civilisation, notamment depuis la Russie. Une législative partielle en juin, dans le Lot-et-Garonne, dans la circonscription abandonnée de Jérôme Cahuzac, devrait permettre de savoir si le FN s’impose ou si l’UMP réussi une fois de plus son OPA sur 80% de Français qui ne veulent plus de la Hollandie. À moins que ceux-ci forcent les états-majors parisiens à s’entendre localement, malgré eux, et au besoin contre eux.
En échos aux propos patriotiques tenus place de l’Opéra à Paris, les syndicats de travailleurs – on devrait plutôt dire des syndicats d’une partie des fonctionnaires vue leur représentativité – ont eux défilés en ordre dispersé, avec des leaders tout neuf, mais un discours éculé qui ne convainc plus que des permanents assis sur 4 milliards de subventions publiques. Les solutions sont d’un autre âge, les boucs-émissaires ont disparus depuis longtemps et la lutte des classes sonne faux quand on sait que les patrons du CAC40 et les leaders syndicaux déjeunent ensemble au Crillon, lors des diners du Siècle.
Jean-Luc Mélenchon, leader charismatique du Front de Gauche, a choisit le dimanche 5 mai, pour arpenter les rues parisiennes et clouer au pilori M. Bricolage qu’il a pourtant contribué à placer à l’Élysée. « François Hollande est l’une des causes de la crise ». Rien de moins ! Rêvant d’une nouvelle prise de la Bastille, et — c’est quand même moins dangereux — du poste de premier ministre, Jean-Luc Mélenchon n’a pourtant pas rassemblé sur le pavé, la foule des grands soirs : il n’y avait pas les 100 000 personnes espérées, malgré les billets de train à prix très réduit offert par la SNCF. Les organisateurs revendiquent quant à eux, 180 000 participants, mais à ce compte, ils étaient 6 millions à la Manif pour tous du 24 mars. Il y a comme cela des chiffres auxquels personne ne veut croire. Si le tribun des plateaux amuse quand il étrille les journalistes du système, il ne rassure pas tout le monde avec un projet qui ferait de la France « la Corée du Nord d’Europe », selon Jacques Attali. Cela étant dit, ce dernier ayant déjà professé tellement d’absurdités, vous n’êtes pas obligé de le croire sur parole.
Non finalement, ce sont encore et toujours les anonymes de la Manif pour tous qui tiennent le haut du pavé. Après des semaines de mobilisation continue, chaque jour, dans des dizaines de villes de France, et du monde, accueillant chaque déplacement de ministres, veillant tous les soirs, ils ont encore réussi leur pari de réunir dimanche des centaines de milliers de personnes un peu partout en France. Ils ne lâchent rien. Qui veut se rendre compte de l’ampleur et de la permanence de la mobilisation, peut consulter le blog Le Salon beige, qui recense la totalité des actions menées au nom du collectif de la Manif pour tous et du Printemps français
Hors des partis politiques, hors des joutes électorales, leur combat pour la défense de la civilisation européenne ne faiblit pas, et tout le monde a désormais le regard porté vers la manifestation parisienne du 26 mai prochain. Au vu du taux de mobilisation enregistré en Province et du nombre de cars, de TGV ou de train déjà réservés, à plein tarif eux, cette mobilisation devrait être d’une ampleur encore inégalée et bien plus importante que les précédentes. Il se murmure que les murs de l’Élysée en tremblent déjà…
Nos équipes seront bien évidemment là pour une émission spéciale.